Entrée de Brahim Ghali en Espagne : le consentement de Pedro Sanchez pointé du doigt
Bachir Abdallah
La crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne, déclenchée par l’affaire du chef du Polisario Brahim Ghali, continue son lot de rebondissement après que la justice espagnole a offert plusieurs attitudes relatives à l’implication de certaines autorités du pays très haut placées. La dernière révélation est l’implication directe du premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, sur l’accueil de Brahim Ghali sur le sol espagnol.
Mi-avril 2021, l’Espagne a fait entrer le chef du Polisario sous une autre identité sans en informer, au préalable, le Maroc. Le problème est que l’hôte encombrant des Espagnols est poursuivi de plusieurs procédures en Espagne. D’ailleurs, après l’éclatement de l’affaire, la justice espagnole s’est saisie du dossier qui est toujours en examen pour voir les circonstances de l’entrée de Ghali.
La colère de Rabat est suivie du rappel de l’ambassadeur de Madrid en « consultation » en plus de la fermeture des frontières, qui est toujours de rigueur depuis le déclenchement de la pandémie du Covid-19.
Malgré toutes les tentatives de l’Espagne, les relations entre les deux pays ne sont pas revenues à la normale bien que des signes positifs soient signalés de part et d’autre, depuis des mois. Le chef du gouvernement espagnol a également tenté d’apaiser la colère de Rabat en sacrifiant sa ministre des Affaires étrangères, qui selon les médias ibériques, est concernée en premier lieu de la venue de Brahim Ghali en Espagne. Malgré la volonté expresse du Roi Mohammed VI pour améliorer les relations, les deux pays ne travaillent ensemble que de manière objective et professionnelle.
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Cependant, le Maroc reste clair et intransigeant. Tout soutien au Front Polisario équivaut à une atteinte à l’intégrité territoriale et est donc grave. Par conséquent, le Maroc attend un geste de l’Espagne pour -peut-être- rouvrir davantage les portes de la réconciliation.
A côté des préoccupations politiques et diplomatiques, la justice espagnole a continué ses investigations pour déterminer les auteurs de la venue de Ghali, qui a littéralement violé la loi espagnole pour entrer dans le pays. Selon les rapports d’enquête actuels de la justice espagnole, l’affaire pourrait prendre une autre dimension car l’implication du Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez serait manifeste dans cette affaire.
Pedro Sanchez a donné son consentement
La « décision ultime » d’autoriser le chef du Polisario, Brahim Ghali, à entrer en Espagne a été prise par Pedro Sanchez, juge Rafael Lasal du tribunal d’instruction n°7 de Saragosse, dans une décision de 13 pages datée du 10 mars 2022 du cabinet, à laquelle se réfèrent plusieurs médias et quotidiens espagnols.
Du point de vue du juge d’instruction, plusieurs hauts fonctionnaires étaient impliqués dans l’action, mais la décision finale ne pouvait être prise que par le chef du gouvernement lui-même. Mais bien que ces allégations contre le Premier ministre espagnol aient été prouvées, elles ne sont pas pénalement pertinentes, poursuit la décision. Il est peu probable que le juge trouve des preuves pour justifier une plainte contre le Premier ministre car la plupart des informations ont été classées « secrètes » et ne sont donc pas accessibles.
Même si, du point de vue du tribunal, la personne responsable du processus décisionnel politique semble avoir été identifiée, les poursuites contre la ministre des Affaires étrangères de l’époque, Arancha González Laya, et son directeur de cabinet Camilo Villarino se poursuivent. Le juge d’instruction a refusé d’arrêter les poursuites car il aurait pu y avoir des fautes dans les démarches policières. En effet, le chef d’Etat-major Villarino a déjà admis que c’est lui qui a instruit le sous-chef d’Etat-major de l’armée de l’air espagnole, le lieutenant-général Fernandez Sanchez, qu’« il n’était pas nécessaire » de soumettre Brahim Ghali au contrôle des passeports. Toutefois, les évolutions du dossier de Brahim Ghali risquent de créer un tsunami politique en Espagne car depuis le début de cette affaire des députés de l’opposition réclament la démission du premier ministre espagnol.