Espagne : la corruption secoue le joug du parti au pouvoir
Le Parti Populaire (PP) au pouvoir en Espagne a été condamné pour enrichissement illégal dans un vaste procès pour corruption où 29 accusés, dont d’anciens cadres du PP, ont été condamnés à un total de 351 années de prison, a annoncé jeudi le tribunal.
Le PP du chef du gouvernement Mariano Rajoy a immédiatement annoncé dans un communiqué qu’il ferait appel de la décision de l’Audience nationale, qui le condamne à rembourser 245.492 euros pour « participation à titre lucratif » à un système tentaculaire de pots-de-vins en échange de contrats publics.
Les deux principaux responsables du réseau, l’ancien trésorier du Parti Populaire Luis Barcenas et l’entrepreneur Francisco Correa, ont été condamnés respectivement à 33 ans et quatre mois de prison et 51 ans et 11 mois.
Sur les 37 accusés, 29 ont été condamnés à un total de 351 ans de prison notamment pour corruption, malversation et blanchiment d’argent.
Au terme d’un méga-procès qui a duré d’octobre 2016 à novembre 2017, l’Audience nationale a jugé établie l’existence d’un réseau qui attribuait des contrats publics en échange de commissions dans des municipalités des régions de Madrid et de Castille-Léon entre 1999 et 2005.
Ces faits « ont rapporté des bénéfices quantifiables au Parti Populaire, consistant en un financement illégal d’activités de plusieurs meetings politiques« , a jugé le tribunal.
Dans son arrêt de 1.700 pages, l’Audience nationale conclut également à l’existence d’une « caisse noire » au PP, « une structure financière et comptable parallèle à la comptabilité officielle au moins depuis 1989« .
Luis Barcenas, le responsable de cette « caisse noire« , soupçonné d’avoir détourné et dissimulé une fortune, a été condamné à payer 44 millions d’euros.
L’affaire Gürtel, nom de code que lui avaient donné les enquêteurs, est un des plus gros scandales de corruption qui ternissent depuis des années l’image du parti de Mariano Rajoy et qui, avec sa politique d’austérité budgétaire pour sortir de la crise, lui ont fait perdre la majorité absolue fin 2015.
En juillet 2017, Rajoy a été convoqué comme témoin dans ce procès. C’était la première fois qu’un chef de gouvernement en exercice était entendu par un tribunal en Espagne.
Le dirigeant conservateur a affirmé dans sa déposition ne rien savoir de la gestion financière du parti dont il était le numéro deux depuis 1990, et ne s’être « jamais » occupé « d’aucune question de comptabilité« .
AFP