Et si la troisième guerre mondiale était cybernétique ?

CE QUE JE PENSE

Dans ce monde où les frontières physiques se dissolvent au profit des pixels et des algorithmes, une inquiétude sourde émerge : Et si la prochaine guerre mondiale n’était pas menée sur les champs de bataille traditionnels mais se jouait dans les méandres insondables du cyberespace ?

Certes les nations, depuis des lustres, ont affûté leurs armes et blindé leurs frontières pour défendre leur souveraineté. Mais voici qu’un nouveau champ de bataille, plus sournois, plus insidieux et potentiellement plus destructeur que tous les arsenaux nucléaires combinés, s’impose à nous : le cyberespace. Point de tranchées, point de bases aériennes, mais des pare-feux et des protocoles de sécurité qui dessinent les nouvelles lignes de front.

Oui, nous devrions nous préoccuper autant des cyberattaques que des guerres physiques, car elles peuvent devenir incontrôlables en un clin d’œil. Même sans qu’une seule balle ne soit tirée ou qu’une goutte de sang ne coule, les cyberguerres tuent. Elles tuent dans des salles d’urgence plongées dans le noir, privées d’électricité, et dans les émeutes causées par la panique de réseaux de communication médicale en panne.

Imaginons un instant que le prochain grand conflit mondial ne soit pas déclenché par l’avancée de chars de combat, mais par une cyberattaque dévastatrice. Une attaque capable de paralyser le réseau électrique mondial, de mettre hors service des géants d’Internet comme Google, Facebook et Microsoft, ou d’interrompre brutalement les services cellulaires 4G et 5G. Nous sommes bien conscients que les logiciels malveillants n’ont pas de frontières, et leur capacité de destruction est effrayante. Devrions-nous trembler en attendant le pire, sachant que ces programmes sont conçus pour anéantir sans pitié nos ordinateurs et nos appareils ?

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Premiers frémissements d’une guerre cybernétique ?

D’ailleurs des précédents existent déjà. La Russie, pour ne citer qu’elle, a orchestré des cyberattaques contre l’Ukraine, plongeant Kiev dans l’obscurité, en 2016, par une simple manipulation comparable à celle de débrancher une prise. Ainsi dans ce monde où le piratage répond au piratage, l’Internet, tel que nous le connaissons et l’utilisons quotidiennement, semble condamné. Et ce ne sont pas seulement les Ukrainiens qui en ont souffert ; les États-Unis ont également été la cible de ces assauts numériques russes.

C’est dire que les cyberattaques ne sont plus l’apanage des thrillers de science-fiction. Elles sont bien réelles et ont déjà démontré leur capacité à paralyser des infrastructures critiques. Souvenez-vous de l’Estonie en 2007, ce petit pays ultra-connecté paralysé par des attaques en série qui ont mis hors fonctionnement des services gouvernementaux, des banques et des médias. Ou du fameux Stuxnet en 2010, ce ver informatique attribué à une alliance américano-israélienne qui a saboté les centrifugeuses iraniennes utilisées pour enrichir l’uranium.

Aujourd’hui, notre monde interconnecté tremble sous les assauts d’une nouvelle menace. Une situation inédite révèle la vulnérabilité de notre monde moderne aux cybermenaces. Une panne informatique mondiale a mis à terre les avions de multiples compagnies aériennes, laissant des passagers hagards et des services perturbés aux quatre coins du globe. Microsoft, dans une déclaration sibylline, évoque des « mesures d’atténuation« . Un cache-misère pour masquer l’ampleur du désastre ? Les banques, les supermarchés, les avions… Des pannes informatiques ont paralysé des services partout dans le monde. Mais force est de souligner que cette panne nous donne à réfléchir sur ce qui pourrait arriver quand cela aura lieu.

Aux États-Unis, en Inde, des avions cloués au sol, des chaînes d’information réduites au silence, des banques en berne. Les perturbations s’enchaînent, la chaîne britannique Sky News n’a pas pu faire fonctionner son antenne, et le nom de Microsoft revient, sans pour autant pouvoir expliquer l’écheveau de ces pannes. En Europe, l’aéroport de Berlin annonce des retards en cascade, imputant cela à des « problèmes techniques ». Sur Twitter, Microsoft a précisé travailler à la résolution de pannes liées à sa suite logicielle Office 365. Le chaos numérique règne, et les réponses tardent à venir.

L’Australie et la Nouvelle-Zélande, quant à elles, se réveillent sous le signe de la défaillance informatique. La panne a été constatée très tôt ce matin (du fait du décalage horaire). Les bornes d’embarquement à Édimbourg hors service, les vols suspendus à Berlin, l’aéroport de Schiphol à Amsterdam en rade. Une brèche chez Crowdstrike, géant de la cybersécurité, serait à l’origine de cette pagaille.

Préparer la défense

La réponse des nations doit être à la hauteur de la menace et doivent redéfinir leurs stratégies de défense. Cybersécurité doit rimer avec priorité nationale. Les technologies de détection et de contre-mesure, la formation d’experts aguerris, et la coopération internationale deviennent incontournables. Les entreprises privées, souvent premières cibles, doivent également renforcer leurs défenses et s’allier aux pouvoirs publics pour bâtir une résilience à toute épreuve, capable de résister aux assauts les plus sophistiqués.

Par ailleurs, les conflits cybernétiques posent des dilemmes éthiques inédits. Les attaques peuvent cibler des infrastructures civiles, affectant des millions de personnes innocentes. Les règles de la guerre, établies pour protéger les civils et limiter les destructions, doivent être révisées à l’aune du cyberespace. Il est donc impératif que la communauté internationale établisse des normes et des accords pour réguler les comportements dans ce nouveau domaine de conflit.

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Face à cette réalité, la possibilité d’une troisième guerre mondiale cybernétique est à la fois effrayante et palpable. Elle nous rappelle cruellement que dans notre quête effrénée de progrès technologique, nous devons aussi appréhender les risques et les responsabilités qui en découlent. En anticipant et en se préparant à ces nouvelles formes de menaces, nous pouvons espérer prévenir le pire et bâtir un monde où la technologie est utilisée pour le bien-être de l’humanité, plutôt que pour sa destruction. Et alors que nous avançons dans cette ère numérique, restons sur nos gardes et déterminés à sécuriser notre cyberespace. La paix du monde réel en dépend de plus en plus, car protéger nos réseaux virtuels est devenu la nouvelle bataille pour la survie de l’humanité.

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