Etat des lieux de l’innovation et de la R&D au Maroc
Par Sara Dialo
L’innovation et la recherche et développement (R&D) sont des facteurs essentiels pour la compétitivité, la croissance et le développement durable d’un pays. Le Maroc, conscient de ces enjeux, a mis en place plusieurs stratégies et programmes pour encourager et soutenir l’innovation et la R&D dans les différents secteurs économiques, sociaux et environnementaux. Quel est donc l’état des lieux de l’innovation et de la R&D au Maroc ?
Selon le rapport 2021 de l’indice mondial de l’innovation, le Maroc se classe au 75e rang sur 132 pays, avec un score de 33,6 sur 100. Il se situe ainsi au 4e rang en Afrique, après l’Afrique du Sud, le Kenya et la Tunisie, et au 9e rang dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Le rapport évalue la performance des pays en matière d’innovation selon 80 indicateurs regroupés en sept piliers : les institutions, le capital humain et la recherche, les infrastructures, la sophistication du marché, la sophistication des affaires, les résultats du savoir et de la technologie, et les résultats créatifs.
Le Maroc se distingue notamment par ses résultats dans les piliers des institutions (52e rang), de la sophistication du marché (58e rang) et des résultats créatifs (60e rang). Il affiche également des points forts dans certains indicateurs, tels que la qualité des universités (35e rang), le nombre de demandes de brevets (37e rang), le nombre de demandes de marques (39e rang), le nombre de publications scientifiques et techniques (40e rang), ou encore le nombre de start-ups (41e rang).
En revanche, le Maroc présente des faiblesses dans les piliers du capital humain et de la recherche (97e rang), des infrastructures (96e rang) et de la sophistication des affaires (93e rang). Il souffre notamment d’un faible niveau d’éducation (117e rang), d’un faible taux de dépenses en R&D (106e rang), d’un faible nombre de chercheurs (105e rang), d’un faible accès au crédit (103e rang), ou encore d’un faible niveau de collaboration entre les universités et l’industrie (101e rang).
Selon les données de l’Institut national de la statistique et de l’économie appliquée (INSEA), le Maroc a consacré 0,8% de son produit intérieur brut (PIB) aux dépenses en R&D en 2019, soit environ 10 milliards de dirhams. Ce taux est inférieur à la moyenne mondiale (2,2%), à la moyenne africaine (1,1%) et à la moyenne de la région MENA (1,3%). L’objectif du Maroc est d’atteindre 1,5% du PIB en 2025, conformément à la stratégie nationale de recherche, de développement et d’innovation (SNRDI) 2017-2025.
Lire aussi : R&D et innovation : 273 MDH pour financer des projets industriels
Les principaux acteurs de la R&D au Maroc sont les universités, les centres de recherche publics, les entreprises et les associations. Selon l’INSEA, les universités représentent 43% des dépenses en R&D, suivies par les entreprises (36%), les centres de recherche publics (16%) et les associations (5%). Les universités comptent également le plus grand nombre de chercheurs, avec 55% du total, suivis par les entreprises (28%), les centres de recherche publics (14%) et les associations (3%). Le Maroc dispose de 63 centres d’études doctorales et de plus de 1.400 structures de recherche (centres, laboratoires, instituts, etc.).
Les domaines prioritaires de la R&D au Maroc sont l’agriculture, l’énergie, l’environnement, la santé, les technologies de l’information et de la communication (TIC), les sciences sociales et humaines, et les sciences fondamentales. Selon l’INSEA, les dépenses en R&D par domaine se répartissent comme suit : 23% pour l’agriculture, 19% pour l’énergie, 15% pour l’environnement, 14% pour la santé, 12% pour les TIC, 10% pour les sciences sociales et humaines, et 7% pour les sciences fondamentales.
Le Maroc se distingue par sa performance en matière d’innovation
Selon le rapport 2023 de l’Indice mondial de l’innovation (GII), publié par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), le Maroc se classe au 70e rang sur 132 économies évaluées selon leur capacité et leur performance en matière d’innovation. Il se positionne ainsi comme le 8e pays le plus innovant parmi les 37 économies à revenu intermédiaire inférieur, et le 11e parmi les 18 économies de l’Afrique du Nord et de l’Asie occidentale.
Le GII mesure l’innovation à travers environ 80 indicateurs, regroupés en entrées et sorties d’innovation, qui visent à capturer les multiples facettes de l’innovation. Les entrées d’innovation comprennent les facteurs qui favorisent l’innovation, tels que les institutions, le capital humain et la recherche, les infrastructures, la sophistication du marché et des affaires. Les sorties d’innovation reflètent les résultats de l’innovation, tels que les produits et services innovants, les connaissances et la technologie, et les impacts économiques et sociaux.
Le rapport 2023 révèle que le Maroc se distingue par sa performance en matière de sorties d’innovation, où il se classe au 55e rang mondial, soit 15 places au-dessus de son rang global. Le Maroc se démarque notamment dans les domaines des produits et services créatifs (55e) et des connaissances et technologies (65e). En revanche, le pays affiche un retard en matière d’entrées d’innovation, où il se classe au 90e rang mondial, soit 20 places en dessous de son rang global. Le Maroc doit notamment améliorer sa performance dans les domaines de la sophistication des affaires (107e), des infrastructures (94e) et du capital humain et de la recherche (86e).
Le rapport 2023 montre également que le Maroc est un pays qui dépasse les attentes en matière d’innovation par rapport à son niveau de développement économique. En effet, le Maroc affiche un score d’innovation supérieur à la moyenne des pays à revenu intermédiaire inférieur, et supérieur à ce qui serait attendu compte tenu de son produit intérieur brut (PIB) par habitant. Il est également un pays qui transforme efficacement ses investissements en innovation en résultats concrets, puisqu’il produit plus de sorties d’innovation que d’entrées d’innovation.
Le rapport 2023 souligne que le Maroc a progressé dans son classement global du GII au cours des quatre dernières années, passant du 75e rang en 2020 au 70e rang en 2023. Toutefois, cette évolution doit être interprétée avec prudence, car elle peut être influencée par la disponibilité des données et les changements dans le cadre du modèle du GII. L’intervalle de confiance statistique pour le classement du Maroc dans le GII 2023 se situe entre les rangs 64 et 76.
Le GII est un outil de référence qui permet aux décideurs, aux chercheurs, aux entrepreneurs et au public de comparer les performances en matière d’innovation des différents pays et régions du monde, et d’identifier les forces et les faiblesses de leurs systèmes d’innovation. Le GII vise également à stimuler le dialogue et la coopération entre les acteurs de l’innovation, et à encourager les politiques et les pratiques favorables à l’innovation.
Encadré :
Le nombre de chercheurs avoisinent 45.000 en 2023
Selon les données de l’Institut national de la statistique et de l’économie appliquée (INSEA), le Maroc comptait 37.000 chercheurs en R&D en 2019, soit 1.508 chercheurs par million d’habitants. Ce nombre est estimé à 40.000 chercheurs en 2020, soit 1.600 chercheurs par million d’habitants. Il n’existe pas encore de données officielles pour 2023, mais on peut extrapoler à partir de la tendance passée et de l’objectif du Maroc d’atteindre 2.000 chercheurs par million d’habitants en 2025. Ainsi, on peut estimer que le nombre de chercheurs en R&D au Maroc en 2023 sera d’environ 45.000, soit 1.800 chercheurs par million d’habitants.
Quant aux données de l’Institut national de la statistique et de l’économie appliquée (INSEA), le Maroc a consacré 0,8% de son produit intérieur brut (PIB) aux dépenses en R&D. Ce taux est inférieur à la moyenne mondiale (2,2%), à la moyenne africaine (1,1%) et à la moyenne de la région MENA (1,3%). Son objectif est d’atteindre 1,5% du PIB en 2025, conformément à la stratégie nationale de recherche, de développement et d’innovation (SNRDI) 2017-2025.