Exclusif: Chine-Maroc: la construction de la « Ceinture et la Route » entre dans une dynamique ascendante
TRIBUNE
Par S.E.M Li Changlin, Ambassadeur de Chine au Maroc
Le 25 juillet dernier, à l’invitation du Ministre marocain de l’Industrie et du Commerce Monsieur Ryad Mezzour, j’ai assisté à la signature de la convention cadre sur le projet de la cité Mohamed VI Tanger Tech entre China Communications Construction, China Road and Bridge et ses partenaires marocains. Les deux parties chinoise et marocaine ont souligné, dans leurs allocutions, une avancée significative dans la mise en oeuvre du projet Tanger Tech, et une nouvelle réalisation majeure dans la construction conjointe de « la ceinture et la route ».
Tanger Tech est un projet phare porté par les Chefs d’Etat chinois et marocain, il jouera un rôle exemplaire dans la coopération de capacité de production entre les deux pays. D’une superficie totale de 2 167 hectares, le projet Tanger Tech sera realisé par plusieurs étapes. Il comprend des parcs industriels, des parcs de services logistiques et des zones résidentielles. Les secteurs industriels concernés sont l’automobile, l’aéronautique, l’électronique et l’électroménager.
La construction conjointe de « la ceinture et la route » Chine-Maroc a suscité un grand enthousiasme au Maroc. Tous les milieux s’accordent à dire que l’adhésion marocaine à l’initiative « la ceinture et la route » favorisera la facilitation des échanges et des investissements entre la Chine et le Maroc, en particulier dans la construction des infrastructures aéroportuaires, des trains à grande vitesse, des parcs industriels au Maroc. Le Ministre des Affaires étrangères Monsieur Nasser Bourita a indiqué que la « ceinture et la route » répond aux objectifs prioritaires de développement du Maroc, et que c’est une contribution importante à l’accélération de la connectivité des pays africains et à l’établissement des ponts économiques entre l’Afrique et l’Asie, l’Afrique et l’Europe. Dans son livre « La Chine, le monde arabe et le monde africain sous l’initiative de la ceinture et de la route », l’ancien Ministre marocain des Finances Monsieur Fatallah Oualalou a souligné que « la ceinture et la route » démontre le concept base sur la poursuite de l’ouverture du pays et la coopération de bénéfice mutuel, ce qui permettra à la Chine d’élargir son espace de coopération avec les pays africains et arabes, le Maroc doit en profiter pour devenir une porte d’entrée de la coopération économique et commerciale entre l’Afrique du Nord et la Chine. Monsieur Nasser Bouchiba, un sinologue marocain, estime que « la ceinture et la route » met en avant les principes de large concertation, de contribution conjointe et de bénéfices mutuels, et que c’est une nouvelle approche de la mondialisation économique et un nouveau mode de la gouvernance mondiale.
« La ceinture et la route », trait d’union entre le Maroc et la Chine
L’initiative « la ceinture et la route » a un profond héritage historique. Situés aux deux extrémités de l’ancienne « Route maritime de la soie », la Chine comme point de départ, et le Maroc comme extrémité occidentale. Au 14ème siècle après JC, les grands voyageurs Ibn Battuta du Maroc et Wang Dayuan de Chine se sont rendus dans les pays de l’autre le long de l’ancienne Route de la Soie et ont écrit des notes de voyage. Le président Xi Jinping a qualifié Ibn Battuta de premier diplomate marocain à venir en Chine. L’initiative chinoise « la ceinture et la route » est parfaitement alignée sur la stratégie de développement du Maroc. Ces dernières années, le « Plan de décollage économique », la « Stratégie de développement industriel » et le « Nouveau modèle de développement » du Maroc ont choisi la Chine comme l’un des principaux partenaires, en lui proposant des principaux domaines de coopération tels que l’automobile, l’aéronautique, l’électroménager et l’énergie renouvelable. En mai 2016, la Chine et le Maroc ont établi un partenariat stratégique, ouvrant ainsi un nouveau chapitre dans les relations bilatérales. Le Maroc est le premier pays d’Afrique du Nord ayant signé avec la Chine des documents de coopération liés à « la ceinture et la route », le mémorandum d’entente sur la construction conjointe de « la ceinture et la route » en novembre 2017, et le Plan sur la mise en oeuvre conjointe de l’initiative « la ceinture et la route » en janvier 2022.
En matière de la mise en oeuvre de l’initiative « la ceinture et la route », le Maroc bénéficie des avantages exceptionnels: une stabilité politique et sociale des décennies, une situation géographique de carrefour de l’Afrique et de l’Europe; un haut degré d’ouverture économique, des accords de libre-échange avec 56 pays et régions; un grand contingent des travailleurs qualifiés, avec les coûts salariaux compétitifs. En outre, le Maroc dispose du plus grand port de Tanger Med à conteneurs en Afrique, de la première ligne à grande vitesse Tanger-Casablanca en Afrique, des zones franches industrielles à Tanger, Kénitra, Casablanca et la ligne à grande vitesse Marrakech-Agadir est en planification. Sur le plan extérieur, le Maroc met en pratique une stratégie de diversification des partenaires au développement. A part des partenaires traditionnels comme les États-Unis et l’Europe, le Maroc développe vigoureusement son partenariat avec des pays émergents, et considère la Chine comme son partenaire prioritaire. L’exemption de visa au profit des Chinois a multiplié les échanges humains entre les deux parties, et a permis aux opérateurs économiques chinois de prospecter le marché marocain.
Ces dernières années, des succès remarquables ont été enregistrés dans le cadre de la construction conjointe de l’initiative « la ceinture et la route », ici je me contente de citer 4 grandes réalisations.
Premièment, le volume des échanges bilatéraux a atteint 6,51 milliards de dollars en 2021, soit une augmentation de 36,6% en glissement annuel, la Chine maintient le statut de troisième partenaire commercial du Maroc pendant trois années consécutives. Selon les statistiques de l’Office marocain des Changes, en 2021, les importations du Maroc en provenance de Chine ont augmenté de 19,9%, soit plus de 11,7% des importations mondiales du Maroc, et la Chine est devenue la deuxième source d’importations du Maroc.
Les relations séculaires confirmées par les nouvelles dynamiques diplomatiques
Deuxièmement, des percées ont été faites dans la coopération industrielle moderne. Située dans la zone franche atlantique de Kénitra, la société CITIC Dicastal a investi, dans un premier temps, 350 millions d’euros pour la fabrication de jantes en alluminium, avec la création de 1 200 emplois. La production annuelle est de 6 millions de pièces, elle est principalement exportée vers l’Europe et les États-Unis, tout en approvisionnant l’usine Peugeot et Renault au Maroc. En février de cette année, CITIC Dicastal a investi 1,8 milliard de dirhams pour construire une usine de moulage, avec la création de 760 emplois supplémentaires. Il s’agit des plus importants projets d’investissement chinois au Maroc jusqu’à ce jour, la Chine a apporté sa part de contribution au développement de l’industrie automobile marocaine.
Troisièmement, une coopération anti-épidémique fructueuse, une bonne partie des vaccins adminstrés au Maroc proviennent de Sinopharm Group-China Biotechnology, et son efficacité est reconnue par la population marocaine. En présence de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, China Biotechnology, Sinopharm International et le Ministère marocain de la Santé ont signé un protocole de coopération sur la mise en seringue des vaccins anti Covid-19. A l’heure actuelle, une grande usine de vaccin est en construction à Benslimane, il s’agit du plus grand projet d’usine de vaccins exporté par la Chine vers l’Afrique. L’équipement de l’usine modulaire de vaccins est arrivé au Maroc, et les techniciens chinois sont à l’oeuvre pour l’installation de l’usine.
Quatrièmement, la participation de China Shandong Sanjian à la plus grande centrale solaire thermique de Noor au monde, en jetant ainsi une base de l’industrie chinoise de l’énergie solaire en Afrique du Nord. Les centrales CSP de Noor Phase II et Phase III dans le sud-est du Maroc ont été financées par le Maroc et l’Arabie saoudite, et construites conjointement par les sociétés chinoises Shandong Sanjian et le Groupe Sener espagnol, et Shandong Sanjian se charge de l’exploitation commerciale des centrales. Ce projet a permis à l’entreprise chinoise de démontrer les performances des équipements électriques de Chine, et de promouvoir une coopération tripartite centrée sur les avantages de toutes les parties.
Au regard des atouts du pays, le Maroc a le potentiel de devenir le centre logistique et la plateforme de production de la région, aidant les produits chinois à entrer dans les marchés européens et africains. De son côté, le Maroc porte un grand intérêt aux investissements chinois et à la délocalisation de ses industries, dans l’espoir de réaliser le développement durable du pays, et de jouer un grand rôle dans la coopération Sud-Sud. L’Ambassade de Chine au Maroc suit de près l’évolution des projets liés à l’initiative « la ceinture et la route », et voudrait bien travailler main dans la main avec les autorités compétentes du Maroc, afin que ces projets apportent des bénéfices réels à la population marocaine.