Exclusif: Mes observations admiratives sur l’Opération Marhaba au Maroc

(Li Changlin, Ambassadeur de Chine au Maroc)

Le 5 juin, la vingt-quatrième édition de l’Opération Marhaba du Maroc a été lancée au port Tanger Med, au nord du pays, tandis que des campagnes similaires ont eu lieu en France, en Espagne et en Italie, qui sont les principaux pays de la diaspora marocaine.

La Fondation Mohammed V pour la Solidarité dirige le déploiement général des mesures d’accueil, qui sont mises en œuvre par le Centre national de coordination, en collaboration avec les Ministères des Affaires Etrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l’Etranger, du Transport et de la Logistique, de la Santé publique, ainsi que la Direction Générale de la Sûreté Nationale, en mettant l’accent sur le renforcement de la capacité du transport aérien et maritime pour assurer le retour sûr et ordonné des ressortissants au pays. On estime à environ 3 millions le nombre de ressortissants qui rentrent chaque année dans leur pays.

Cette année, la Fondation a mis en place 23 centres d’accueil dans le pays et à l’étranger, notamment dans les ports méditerranéens de Tanger, Al Hoceima et Nador, ainsi que dans les aéroports des villes de Casablanca, Oujda, Agadir, Fès, Marrakech et Rabat. Les points d’accueil à l’étranger sont situés au port de Gênes (Italie), Marseille et Sète (France), et Motril, Almeria et Algeciras (Espagne). La Fondation a déployé 1 400 personnes, dont des travailleurs sociaux, du personnel médical et des bénévoles, et a mis en place une ligne téléphonique ouverte 24 heures sur 24 pour fournir des services de conseil à la diaspora.

Cette vaste Opération Marhaba, lancée pour la première fois en 2001, et durant longtemps chaque année (du début juin à mi-septembre ), a une forte intensité de transport et est d’une grande importance sociale. Sa principale fonction est de fournir une assistance humanitaire rapide et efficace aux Marocains résidant à l’étranger qui rentrent chez eux dans les zones de passage des frontières, de transit et d’entrée dans le pays.

Traitement rapide des accidents de voiture et de bateau, assistance aux procédures médicales, fourniture d’un transport et d’un hébergement temporaires, et assistance à la résolution de toutes sortes de risques sécuritaires inattendus. Dans tous les pays, le retour annuel des ressortissants est un phénomène régulier, mais le Gouvernement marocain a spécifiquement mis en place un organe de coordination multisectoriel, utilisant un grand nombre de ressources pour assurer la sécurité de leur retour, ce qui est rare dans le monde. Ce projet a renforcé la force centripète des Marocains d’outre-mer envers leur pays, a favorisé la cohésion entre les Marocains du Maroc et ceux de l’étranger et a joué un rôle particulier dans la promotion du développement économique et de l’harmonie sociale dans le pays.

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Actuellement, le Maroc compte environ 6 millions de ressortissants à l’étranger, dont la plupart vivent dans des pays européens, 80 % d’entre eux étant concentrés en France, en Espagne, en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. Comme j’ai pu le constater au fil des ans, le Gouvernement marocain accorde une importance particulière à la communauté marocaine et prend soin d’elle, la considérant comme une force politique, économique, scientifique et éducative puissante, tout à fait capable d’apporter une contribution spéciale au développement du pays, ce qui peut être démontré au moins dans les aspects suivants : premièrement, le Roi Mohammed VI a sincèrement invité les ressortissants à participer activement au processus de modernisation du pays. Dans son discours d’août de l’année dernière, le Roi a salué les sentiments patriotiques de la diaspora marocaine, qui a toujours défendu avec force les intérêts suprêmes du pays.

Le Roi a reconnu qu’il existe un grand nombre de personnes talentueuses au sein de la diaspora qui ont accompli des réalisations remarquables dans de nombreux domaines et les a encouragé à tirer pleinement parti des incitations offertes par la nouvelle Charte de l’Investissement pour retourner dans leur pays d’origine et y créer leur propre entreprise. Le Roi a demandé au pouvoir législatif de formuler un système juridique qui réponde pleinement aux besoins spécifiques des ressortissants et a chargé les autorités compétentes d’introduire rapidement des mesures appropriées pour inciter les talents à retourner au Maroc.

Deuxièmement, les transferts provenant des Marocains de l’étranger ont augmenté, devenant la troisième source de devises étrangères, après le commerce extérieur et le tourisme. Selon le journal L’Economiste de décembre de l’année dernière, les envois de fonds des Marocains en 2023 ont dépassé pour la première fois les 12 milliards de dollars américains, soit une augmentation de 8,6 %, ce qui place le Maroc en troisième position de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, après l’Égypte (24,2 milliards de dollars américains) et le Nigéria (20,5 milliards de dollars américains). Troisièmement, le déploiement du personnel diplomatique est orienté vers les opérations consulaires : il y a environ 2 600 diplomates dans le pays, dont 60 % sont engagés dans le travail consulaire ; il y a 56 Consulats généraux à l’étranger, dont 17 en France. Le personnel consulaire se rend régulièrement dans les circonscriptions consulaires pour y mener des activités consulats mobiles, et tient même des permanences durant la nuit pendant le mois de Ramadan, soucieux d’aider les ressortissants à renouveler leurs passeports et leurs actes notariés, entre autres. Quatrièmement, plusieurs mécanismes ont été mis en place pour lancer une série d’initiatives visant à sauvegarder les intérêts des ressortissants.

Le 10 août de chaque année est désigné Journée Nationale du Migrant, et chaque région organise un forum pour écouter les doléances  des Marocains d’outre-mer. Dans chaque région, un « guichet unique » a ete installé pour aider les ressortissants à créer des entreprises dans leur ville d’origine. En outre, le Ministère de l’Education envoie des enseignants du primaire dans des écoles partenaires à l’étranger pour enseigner aux enfants des ressortissants la langue arabe ainsi que l’histoire et la culture du pays. Le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger, la Fondation Hassan II et d’autres institutions conseillent les ressortissants sur des questions juridiques, fiscales, foncières et autres, et organisent régulièrement des programmes de formation pour les enfants des ressortissants qui sont retournés dans leur pays d’origine afin de les informer de la situation dans le pays.

Je voudrais ici mentionner tout particulièrement la situation de la diaspora marocaine en France, qui entretient un partenariat privilégié et un haut degré d’intégration humaine entre les deux pays. Avec près de 700 000 ressortissants en France, soit 80 % du nombre total de ses ressortissants, et des vols fréquents entre les deux pays, le Gouvernement marocain reconnait la double appartenance de ses ressortissants vivant à l’étranger. La France compte un certain nombre de poids lourds ayant des liens historiques profonds avec le Maroc, et ils ont une certaine influence sur l’orientation des relations entre le Maroc et la France. Par exemple, l’ancien Premier Ministre français Dominique de Villepin, l’ancienne Ministre de la Justice Elisabeth Guigou, le patron du Parti de gauche  La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon et l’entraîneur de l’équipe nationale marocaine de football, Walid Regragui, sont nés au Maroc. La Ministre française de la Culture, Rachida Dati, la Directrice Générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, l’ancienne Ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, ainsi que les célèbres humoristes Jamel Debbouze et Gad Elmaleh, ils sont nés au Maroc ou y trouvent leur origine.

Dominique Strauss-Kahn, ancien Directeur Général du Fonds Monétaire International, a passé son enfance au Maroc et vit aujourd’hui à Marrakech. Le Maroc considère la France comme le pays de prédilection des jeunes désireux de poursuivre leurs études et compte actuellement 42 000 étudiants en France, soit le plus grand nombre d’étudiants étrangers. En outre, chaque année, environ 400 à 500 jeunes diplômés en médecine et en ingénierie partent travailler en France, à la recherche de meilleures conditions de travail et de rémunération. Par exemple, la Fédération Royale Marocaine de Football a lancé un programme de recrutement à l’étranger intitulé « Ramener les talents au pays », qui emploie un groupe de recruteurs pour parcourir l’Europe à la recherche de talents d’origine marocaine dans le domaine du football.

L’équipe nationale de football du Maroc a fait sensation lors de la Coupe du monde au Qatar, avec 14 joueurs d’origine européenne. Il convient de noter que de nombreux Marocains installés en France ont un fort sentiment de patriotisme et de nostalgie, sont généralement mieux éduqués et ont pris l’initiative de servir de pont entre la France et le Maroc. Je connais les professeurs retraités installés à Bordeaux, Mohamed Najim et Brahim Elouadie, qui voyagent souvent entre le Maroc et la France pour effectuer des échanges scientifiques et technologiques, et s’efforcent de promouvoir la coopération entre le Maroc, la France et la Chine, ils prévoient conjointement avec la partie chinoise d’organiser, à la fin du mois de juillet, la Conférence internationale sur les nouvelles énergies au Maroc.

La communauté marocaine d’outre-mer étant devenue une force indispensable dans le développement du pays, diverses agences gouvernementales ont activement mis en œuvre les instructions éclairees du Roi, et les principaux partis politiques ont des commissaires chargés de contacter la communauté marocaine d’outre-mer et de s’efforcer de fournir toutes sortes de facilités pour la participation des Marocains résidant à l’étranger au développement de leur pays d’origine. En outre, J’ai constaté que la partie marocaine est très intéressée par la politique de la Chine à l’égard de sa diaspora et entend en faire un thème important des échanges bilatéraux.

Après mon arrivée au Maroc, j’ai rencontré Madame Nezha El Ouafi, alors Ministre déléguée chargée des Marocains Résidant à l’Etranger, qui m’a dit que la Chine disposait d’une importante communauté à l’étanger et avait accumulé beaucoup d’expériences dans la gestion de ses ressortissants, et que la partie marocaine était disposée à échanger des points de vue avec la Chine sur la manière de tirer pleinement parti des atouts de sa communauté et de mieux transformer ses ressources en une force motrice au service du développement du pays.

Ces derniers temps, lorsque j’ai accompagné des délégations chinoises pour s’entretenir avec la partie marocaine, cette dernière posait souvent des questions sur les politiques et mesures chinoises en faveur des ressortissants chinois, estimant qu’il existe une convergence entre les initiatives du Maroc et de la Chine en matière de retour de talents, de capitaux et de technologies d’outre-mer, et d’approfondissement des liens d’amitié et de parenté, etc. L’objectif est de tirer parti des expériences et pratiques pertinentes de chacun et de promouvoir le rôle unique joué par leur communauté d’outre-mer dans le processus de modernisation du pays.

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