Facebook perd 110 milliards en un jour, la fortune de Zuckerberg fond
Mark Zuckerberg, fondateur et PDG de Facebook, a vu sa fortune amputée de près de 16 milliards de dollars (14 milliards d’euros) en quelques minutes jeudi avec la chute de 20% du cours de Bourse du réseau social, qui a averti la veille sur la baisse à venir de ses marges dans les prochaines années.
Plus de 15 banques d’investissement et courtiers ont abaissé leurs objectifs de cours sur la valeur après que les dirigeants de Facebook ont averti que les coûts liés à la protection des données personnelles et un ralentissement de l’utilisation de ses services dans ses plus importants marchés publicitaires pèseraient sur les marges bénéficiaires pendant les deux prochaines années au moins.
L’action Facebook a dévissé de près de 20% dans les premiers échanges tombant à 174,78 dollars au plus bas, un cours correspondant à une perte de valorisation de l’entreprise d’environ 124 milliards de dollars, soit l’équivalent de la capitalisation totale de Twitter, davantage que celle de L’Oréal et plus que le produit intérieur brut d’un pays comme le Maroc. Le titre chutait encore de plus de 18,5% à 15h43 GMT.
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Les résultats du deuxième trimestre sont les premiers à prendre pleinement en compte les effets de la nouvelle réglementation européenne sur la protection des données personnelles (RGPD) entrée en vigueur en mai et du scandale Cambridge Analytica sur le détournement des données personnelles de dizaines de millions d’utilisateurs.
Facebook a aussi prévenu qu’il ne faudrait pas compter sur la croissance dans les pays émergents ni sur son application Instagram, moins exposée aux inquiétudes sur le respect de la vie privée, pour compenser ses déboires.
LA PERTE DE ZUCKERBERG ÉQUIVAUT À LA 81E FORTUNE MONDIALE
Pour les analystes de Baird qui ont qualifié ces annonces de véritables « bombes », Facebook est en grande partie responsable de ses difficultés en raison de la nécessité de sacrifier la monétisation de son application éponyme pour en maintenir l’usage.
Pour les analystes de MoffettNathanson, les annonces de Facebook correspondent « soit à une nouvelle réalité économique de leur modèle soit à un acte très spectaculaire d’auto-immolation destiné à prévenir toute nouvelle pression réglementaire ».
Les quelques 16 milliards de dollars potentiellement perdus par Mark Zuckerberg sur sa participation dans Facebook représentent l’équivalent de la fortune de l’homme d’affaires japonais Takemitsu Takizaki, 81e fortune mondiale selon le classement du magazine Forbes.
Les actionnaires historiques de Facebook n’ont toutefois guère à se plaindre du parcours boursier du réseau social.
Après des débuts difficiles à Wall Street, l’action, introduite à un prix de 38 dollars le 18 mai 2012, a vu sa valeur multipliée par sept au cours de clôture de mercredi.
Si Facebook n’a pas connu trop d’accident boursier au cours des six dernières années, un premier avertissement était intervenu lors de la correction des Bourses en février-mars.
En l’espace de deux mois, l’action Facebook avait alors perdu 31% de sa valeur avant de reprendre son ascension et de voler vers de nouveaux records.
Si beaucoup d’analystes ne voient pas le réseau social surmonter facilement et rapidement ses difficultés, d’autres estiment que ses efforts sur les contenus soutiendront sa croissance sur le long terme.
« Les baissiers ont gagné une bataille ce trimestre (…) mais ils n’ont pas remporté la guerre », estime ainsi Brent Thill, analyste chez Jefferies.
Avec Reuters