Ces femmes qu’on ne doit pas oublier…
PORTRAITS CROISÉS, PARCOURS SINGULIERS
Fadila El Gadi : Le raffinement fait Femme
Artiste dans l’âme, son parcours est une combinaison d’une vie comme les autres et de moments clés, d’opportunités, de hasards et d’inspirations. Issue d’un milieu plutôt populaire, elle est élevée dans un monde de broderies, imprégnée de réalisations sublimes de femmes étant donné que sa mère est issue d’une vieille famille de Salé. Depuis très jeune, elle est passionnée par les beaux vêtements, allant jusqu’à emprunter discrètement ceux, neufs, de sa dizaine de frères et sœurs. À dix-huit ans, elle intègre une école de stylisme à Rabat, avant d’ouvrir une boutique, à place Piétri, dans la même ville. L’année 1999 sera décisive pour elle, puisque sa rencontre avec Yves-Saint Laurent, à Tanger, forcera son destin et tracera son parcours. Une année après, le photographe d’art, Paul Thorel, lancera la carrière de la jeune femme en la poussant à créer et à présenter sa première exposition. Elle commence par vendre ce qui pourrait intéresser une clientèle de femmes, au Maroc, puis en France et en Italie, le succès croissant tous les ans. La logique de vouloir orienter ses propres achats ne peut avoir qu’une issue : celle de dessiner elle-même ce qu’elle veut vendre et elle s’y met. Le saut entre les deux activités est énorme. Heureusement, elle ne s’en rend compte qu’une fois celui-ci fait.
http://Fadila El Gadi: « D’une capitale à l’autre »
La question à laquelle elle répond, sans se la poser consciemment, est celle du choix entre concevoir des lignes pour une fabrication industrielle de prêt-à-porter et des modèles uniques, faits à la main, voie qu’elle emprunte, tant par souci de la perfection que suivant son sens artistique, passant de la mode à la couture à porter. Brocarts, taffetas, soie et tissus nobles s’arrachent les doigts de fée et l’inspiration de cette grande styliste slaouie. Par ailleurs, la diffusion de ses produits est aussi venue naturellement au choix de quelques boutiques et points de vente : après Tanger en 2007, un show-room ouvre à Paris en 2012 puis à Rabat en 2013 et ensuite à Marrakech ainsi que quelques concepts-stores ou boutiques d’hôtels de luxe (Tanger, Marrakech, Bruxelles, notamment) où les belles créations artisanales haut de gamme, adaptées au goût raffiné de «fashionistas» –qui n’ont plus besoin de se déplacer pour aller se procurer les derniers modèles glamour dans les capitales de la mode – et de clientes distinguées des quatre coins du monde, trônent, majestueusement, marquant aux fils d’or un style et une griffe unique et gracieuse. Créatrice hors pair, maniant à la perfection ciseaux et fils, elle enrichit avec ses créations modernes et élégantes, mêlant la mode internationale et l’artisanat marocain, le marché de luxe de la mode. Par amour pour la finesse du travail, elle crée une école de broderie à Salé, afin de transmettre son savoir, sauvegarder et perpétuer un art et un savoir-faire ancestral du fait main. Désormais, Fadila El Gadi est une marque de prestige.