La fermeture des camps de Tindouf s’impose comme un impératif sécuritaire inévitable
Le démantèlement par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) d’un réseau de trafic international de drogue ayant des liens avec des personnes originaires de Tindouf, vient rappeler que les camps de séquestration sont devenus une plaque tournante des trafics illicites de tout genre, de kidnappings et de collusion avérée avec les groupes terroristes qui promettent feu et sang à la région.
Conscients du danger que constitue cette situation pour la sécurité régionale et internationale, plusieurs prescripteurs d’opinion américains mettent en garde que l’existence même des camps de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie, constitue un danger pour la communauté internationale.
« J’avais par le passé, tout comme plusieurs autres experts, tiré la sonnette d’alarme sur le caractère déstabilisateur des camps de Tindouf, où les milices armées du polisario se sont engagées dans des opérations de kidnapping avec demande de rançons, ainsi que dans la contrebande et le trafic de tout genre », tient à rappeler, dans une déclaration à MAP-Washington, Peter Pham, Directeur de l’Africa Center, relevant de l’Atlantic Council.
Cette situation est d’autant plus menaçante pour la sécurité régionale que « le polisario entretient des liens avérés avec les groupes terroristes qui sévissent dans la région sahélo-saharienne », a-t-il dit, en pointant du doigt « la direction corrompue et sans scrupules des séparatistes, avec pour seule motivation la poursuite cupide du lucre pour entretenir ses dépenses somptuaires ».
Dans la même veine, le Directeur du Centre International pour les Etudes contre le Terrorisme (ICTS), relevant du Potomac Institute à Washington, Yonah Alexander, affirme que le polisario s’est mué en « force d’appoint », des groupes terroristes sévissant dans la région.
Cet état de fait, poursuit cet expert US, « constitue la suite somme toute logique d’une radicalisation du polisario et de l’exacerbation des conditions de vie dans les camps de Tindouf, où les populations sont séquestrées contre leur gré ».
Il a, à ce propos, appelé la communauté internationale « à prendre ses responsabilités face aux menaces que constituent le séparatisme et le terrorisme à la stabilité et la sécurité du Maghreb et du Sahel ».
L’ancien diplomate américain et expert de la région, Robert Holley, note, pour sa part, que « les camps de Tindouf sont ainsi devenus des fiefs privés du polisario où sévissent l’arbitraire et le non-droit », en mettant en garde contre « l’explosion de la violence dans ces camps, qui ne surprendra personne ».
Il est, en effet, « regrettable que la communauté internationale tarde à désamorcer cette + bombe à retardement + comme l’avait qualifiée le secrétaire général de l’ONU, Ban ki-Moon, lui-même ».
« La solution existe déjà », a souligné M. Holley, en faisant état de sa « crainte que rien ne sera fait jusqu’à ce que quelque chose de bien plus grave ne pousse la communauté internationale à donner enfin à cette question l’importance qu’elle mérite ».
Edward Gabriel, ancien ambassadeur américain, fait observer, dans ce contexte, que « l’intensification des activités terroristes, le trafic de drogue et la traite des êtres humains attestent que la non-résolution de la question du Sahara est un facteur d’instabilité dans la région sahélo-saharienne ».
Le Maroc a mis sur la table le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine, a-t-il rappelé, en soulignant qu’il est grand temps pour « le conseil de sécurité de l’ONU d’aller de l’avant pour la mise en œuvre de cette initiative ».
Edward Gabriel a, dans un autre registre, insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de jeter un regard scrutateur sur l’aide destinée aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf, sur la base, entre autres, des conclusions sans appels du rapport établi par l’Office européen anti-fraude (OLAF).
Plusieurs experts US estiment que cette situation a pour corollaire l’exacerbation de la situation humanitaire et des droits de l’Homme dans les camps de Tindouf, au mépris des conventions internationales pertinentes « tant est si bien qu’aujourd’hui on peut parler de misère générationnelle au sud-ouest de l’Algérie, sans la moindre opportunité économique ou politique ».