Ferry entre le Maroc et le Royaume-Uni, Glenn Dudley dévoile les détails

Dans une interview exclusive accordée à Maroc diplomatique, Glenn Dudley, Directeur commercial de Mercator, acteur du transport maritime international, il a été question de se pencher sur le futur projet de ferry entre le Maroc et le Royaume-Uni porté par Mercator.

Au-delà des perspectives sur les opportunités et les défis du marché maritime, M. Dudley soutient que « le projet de ferry entre le Maroc et le Royaume-Uni représente non seulement une opportunité commerciale prometteuse, mais contribue également à la réduction de l’empreinte carbone. Opter pour une route maritime permet de réduire les émissions de CO2 d’environ 80%, offrant ainsi une solution plus durable et respectueuse de l’environnement. »

Maroc diplomatique : Pouvez-vous nous parler de Mercator ?

 

Glenn Dudley : Mercator a été fondée il y a 10 ans par Ben Sharp, CEO qui s’occupe de la partie maritime et moi tous qui est trafics et portuaires. J’ai rejoint l’entreprise il y a quatre ans pour travailler sur un projet entre le Royaume-Uni et la France, visant spécifiquement le transport par ferry. Ce projet a été couronné de succès, et il y a trois ans, nous avons commencé à travailler sur un nouveau projet impliquant des services de ferry entre Tanger et le Royaume-Uni. Dans le cadre de ce projet, une nouvelle entreprise appelée Tangier Line a été créée pour faciliter le service de ferry entre le Royaume-Uni et Portsmouth.

A droite, Ben Sharp, Directeur général et à gauche, Glenn Dudley, Directeur commercial de Mercator.

Maintenant, discutons des opportunités que nous voyons au Maroc et si le Brexit présente une opportunité d’étendre notre projet en Afrique. Le Maroc est un pays en plein essor, avec d’importants investissements réalisés dans divers projets. Ces investissements visent à transformer le Maroc en une nation plus européenne, en phase avec le nouveau siècle. Mercator se spécialise dans la mise en place de nouvelles lignes de ferry et le transport de marchandises et de passagers par voie maritime. Une telle opportunité découle de l’accord commercial entre le Royaume-Uni et le Maroc.

Quels sont les avantages qui vous ont poussés à vous engager dans ce marché ?

Actuellement, il existe un volume considérable de trafic entre le Maroc et le Royaume-Uni, principalement routé par voie terrestre via Tanger Med dans le sud de l’Espagne, à travers la France et atteignant finalement le Royaume-Uni. Cependant, opter pour une route maritime réduit l’empreinte carbone d’environ 80%. De plus, cette approche permet de retirer les véhicules de la route, ce qui est plus économique pour les vacances en raison de la réduction des coûts d’entretien des véhicules. Le délai de livraison est également amélioré, permettant aux produits frais de rester sur les étagères des supermarchés pendant une journée supplémentaire. Outre les produits frais, une large gamme d’articles tels que des pièces automobiles, des textiles aéronautiques, etc., peuvent être transportés via ce service de ferry. On estime qu’il y a environ 800 véhicules par semaine se rendant au Royaume-Uni via la France et l’Espagne, et notre objectif est de capter un quart de ce trafic.

Lire aussi : Cooptation de trois nouveaux Associés chez Mazars au Maroc

Comment appréciez-vous la mise en place du projet Mercator au Maroc ? Avez-vous des difficultés administratives ?

En ce qui concerne la facilité de mise en place d’un projet au Maroc, cela a été relativement simple pour nous. Bien que nous opérions sous le nom de Tangier Line, notre entreprise mère est Mercator. Nous avons pu accéder facilement aux responsables et aux personnes clés au Maroc, bénéficiant du soutien des investisseurs, des banquiers et d’autres représentants. Avoir un partenaire marocain, qui est également investisseur dans notre entreprise, a été bénéfique. Nous n’avons rencontré aucune difficulté pour accéder aux bonnes personnes, obtenir des informations et recevoir l’assistance nécessaire. Les Marocains ont été extrêmement serviables tout au long du processus.

Investir en Afrique est-il un risque ou une opportunité pour les entreprises britanniques ?

En ce qui concerne les appréhensions liées à l’investissement et au travail en Afrique, il est important de noter que chaque pays africain est unique et qu’il convient d’éviter les généralisations. Le Maroc, en particulier, se distingue comme un pays qui ressemble davantage à un État européen qu’à une nation africaine typique. Avec son attitude tournée vers l’avenir et son esprit d’entraide, le Maroc attire d’importants investissements de divers pays européens.

En ce qui concerne les finances, le projet Mercator nous a coûté près de deux millions d’euros au cours des trois dernières années. Pour mettre en service le premier navire, nous estimons avoir besoin de six millions d’euros supplémentaires, qui couvriront les frais de location, les combustibles, les systèmes informatiques et autres dépenses nécessaires. Nous sommes actuellement proches d’atteindre cette étape d’investissement. Nous prévoyons de commencer le service en février 2024 avec le premier navire. Ensuite, nous prévoyons de nous développer en achetant des navires supplémentaires. Notre objectif est d’avoir au moins deux, voire trois navires, opérant sur cette ligne.

Dans la phase initiale, nous envisageons de louer un ferry car trouver un navire adapté a été un défi. Bien que de nombreux ferries répondent à nos spécifications en termes de vitesse et de capacité, ils sont généralement très demandés. Heureusement, à mesure que la saison actuelle touche à sa fin, davantage d’options de location deviennent disponibles. Nous explorons actuellement deux navires adaptés, et l’un d’entre eux pourrait commencer les opérations.

Quels sont les perspectives d’investissement pour Mercator ?

En ce qui concerne les projets futurs, notre projet mondial prévoit d’avoir jusqu’à 10 navires desservant la côte ouest de l’Afrique, s’étendant jusqu’au Sénégal. Ce service serait complété par une liaison depuis Tanger Med jusqu’au Sénégal et au Royaume-Uni, incluant éventuellement une escale en Espagne.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page