Festival d’Essaouira: Rumba/Gnaoua, plus qu’une fusion, une communion
La soirée d’ouverture de la 22è édition du Festival Gnaoua et musiques du monde (20-23 juin) a tenu toutes ses promesses, jeudi soir sur la scène de la place Moulay El Hassan à Essaouira, avec un concert de fusion unissant le Cubain Osain del Monte et le Marocain Mâallam Hassan Boussou.
Fruit d’une résidence artistique réunissant ces deux ambassadeurs des musiques authentiques, à savoir la Rumba cubaine et l’art de Gnaoua, ce spectacle de près d’une heure a tenu en haleine un public grâce à la maîtrise et à la force entraînante des musiciens et des danseurs.
Harmonie, union, concorde.. Autant de mots qui décrivent la parfaite harmonie qui s’est établie entre les deux artistes. Tout aussi performeurs l’un que l’autre, ils ont, durant tout le spectacle, livré une performance pour le moins énergétique.
Les rythmes et les mélodies parfaitement métissés des deux musiques ont résonné dans toute la Cité, entraînant l’assistance dans des danses effrénées tout le long du spectacle. En effet, la percussion étant le cœur battant de ces deux arts ancestraux, les tambours gnaouis se sont associés aux congas havanaises, les crotales s’entrechoquaient d’un côté et les « claves » de l’autre, produisant des rythmes plus que saisissants.
Qui dit rythmes, dit danse! Celle-ci a été au rendez-vous avec des chorégraphies spectaculaires, où les danseurs des deux formations se sont associés à plusieurs reprises recevant les ovations de la place Moulay El Hassan, pleine à craquer. Leur performance en parfaite symbiose a fait oublié au public qu’il s’agit de deux groupes différents venus de deux continents différents.
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Avant de partager cette scène, ces deux courants de musique partagent depuis des siècles déjà un indéniable lien ancestral, tout en gardant jalousement leur authenticité.
En effet, puisant dans les racines de l’héritage africain, Osain Del Monte invente et défend chaque jour l’identité cubaine d’hier et de demain. Quant à Hassan Boussou, qui a été éduqué dès son jeune âge selon les préceptes de la tradition gnaouie, il a très tôt compris le rôle de la fusion dans la promotion et la pérennisation de la musique gnaouie. En 1996, il avait déjà formé son groupe Gnaoua Fusion avec des musiciens belges.
Après ce concert inaugural, la soirée s’est poursuivie avec des spectacles non moins sensationnels offerts respectivement par Mâallem Omar Hayat et le Guinéen Moh! Kouyaté, qui à leur tour, ont partagé la scène pour vivre une magnifique expérience musicale. Il s’agit cette fois-ci d’une fusion 100% africaine, avec des sonorités rythmées de deux différents courants musicaux parfaitement mixés qui ont fait vibrer toute l’esplanade.
La soirée a été clôturée en beauté avec la montée sur scène des Mâallems Abdelkbir et Hicham Merchane, respectivement père et fils. Abdelkbir, pour qui la tagnaouite n’a plus de secrets, compte contribuer à pérenniser cet art ancestral en lançant son fils Hicham dans cette aventure, non sans l’initier aux règles et aux préceptes strictes de la tradition Tagnaouite.
Ainsi, les milliers de festivaliers qui ont pérégriné vers la cité des alizés n’ont pas été déçus. Avec cette soirée inoubliable, ils ont eu la preuve qu’ils vont vivre un week-end qui restera gravé dans leur mémoire pour fort longtemps.
À rappeler que ce concert d’ouverture a été précédé par la parade inaugurale habituelle, qui a sillonné les ruelles de la vielle ville d’Essaouira, offrant une série de danses, de couleurs et de sonorités aux milliers de festivaliers venus des quatre coins du monde pour un voyage de 4 jours riche en découverte.
Offrant chaque année des moments de voyages musicaux inédits, le Festival Gnaoua ne cesse depuis sa création de faire la promotion des musiques du monde traditionnelles et de mettre en avant la richesse du patrimoine musical mondial.
Les plus grands maâlems gnaouis et des artistes de grand talent viendront prouver une fois de plus l’universalité de la musique. Ils partageront avec générosité, sincérité et énergie des moments d’exploration musicale originaux et audacieux.
Créé en 1998, le Festival Gnaoua et musiques du monde d’Essaouira, qui attire environ 300.000 spectateurs par an, vise à préserver, valoriser et assurer la continuité du patrimoine de tagnaouite, du statut de Maâlem et des musiciens qui s’adonnent à plein cœur à cet art ancestral oral.