Finances publiques : le Maroc maintient le cap et poursuit le rééquilibrage macroéconomique
Par Mohammed Taleb
L’année 2016 a été celle des choix difficiles au niveau des finances publiques. La politique de réduction des déséquilibres macro-économiques mise en place par le Maroc, depuis des années, s’est heurtée à d’importantes difficultés. Or, cela n’a pas empêché le Royaume de poursuivre son chemin. C’est ce qui découle de l’intervention du ministre de l’Economie et des Finances, Mohammed Boussaid, lors de sa présentation des résultats macroéconomiques, ce vendredi à Rabat.
Contrairement aux prévisions initiales, la croissance économique a été de l’ordre de 1,6% contre 3% prévue initialement. Le déficit budgétaire est sorti plus élevé que prévu à 3,9% contre 3,5% selon l’hypothèse de base de la loi de finances de 2016. Coup de hasard, le déficit commercial a, lui aussi, atteint 3,9%. « On parlait de déficits jumeaux, cette année, on parlera de déficits égaux de 3,9% de déficit budgétaire et 3,9 de déficit commercial. C’est juste un hasard », a relevé M. Boussaid avant de revenir aux contraintes qui ont marqué l’exécution du budget durant l’exercice écoulé.
D’abord en termes de dépenses, le ministre s’est félicité du record jamais réalisé auparavant en termes de dépenses d’investissement. « Nous avons réalisé un record en termes du taux d’émissions à titre des investissements qui ont atteint le niveau exceptionnel de 75% », a-t-il affirmé. « Ce taux n’a jamais été atteint par le passé. Même en 2009, lorsqu’il y avait crise et qu’on avait fait le choix d’adopter une politique contracyclique pour contrecarrer les effets de la crise », a soutenu le ministre en ajoutant : « Nous avons poussé à ce qu’il y ait plus de dépenses d’investissement, mais nous n’avions atteint que 74% ». Il ne s’agit pas pour autant de la seule performance record de cet exercice malgré les énormes difficultés. Le deuxième record, selon la même source, a été réalisé en termes de remboursement de la TVA. Alors que les remboursements du crédit TVA étaient prévus à 6,5 Milliards de dirhams (Mrds Dhs), les réalisations en ces termes ont été de l’ordre de 10,5 Mrds Dhs, soit 10,1 Mrds Dhs de plus. « C’est un record absolu », a indiqué M. Boussaid en précisant que « si l’on rajoute le butoir de l’ONEE et de l’ONCF, nous serions à plus de 11 Mrds Dhs ».
Sur le même registre, le ministre a tenu à préciser que les hypothèses de bases du budget 2016 prévoyaient des dons des pays du Conseil de coopération du golf (CCG) de l’ordre de 13 Mrds Dhs et qu’on n’a réalisé, finalement, que 7,2 Mrds Dhs, soit un impact de 5,8 Mrds Dhs.
Tout en revenant sur les chiffres concernant les remboursements du crédit TVA qui ont eu un impact supplémentaire de 4,2 Mrds Dhs, le ministre a précisé que la tutelle a fait le choix judicieux de soutenir l’économie au lieu de freiner la roue de la croissance. « Nous aurions pu freiner les dépenses au mois de décembre, nous ne l’avons pas fait parce que, encore une fois dans un contexte de faible croissance, nous n’avons pas voulu gêner les entreprises et gêner les autorités économiques », a-t-il dit.
A propos des émissions sur investissements, les réalisations ont atteint 63,2 Mrds Dhs contre 53,1 Mrds Dhs prévus, engendrant ainsi un impact de 10,1 Milliards supplémentaires.
« Si l’on cumule tous ces retards sur le budget, nous sommes à 21 milliards de dirhams c’est-à-dire deux points du taux de PIB », a indiqué le financier du Royaume.
« Malgré toutes ces contraintes, nous avons fait le choix de garder le cap et de maintenir la trajectoire que nous avons commencée depuis quelques années pour un retour à l’équilibre du cadre macroéconomique », a conclu Mohammed Boussaid.