Fonctionnaires fantômes au Maroc : un fléau persistant malgré les promesses gouvernementales
Par Soufian Guellaf
Ils sont discrets, mais coûtent cher au contribuable marocain. Les fonctionnaires fantômes, ces employés du secteur public qui touchent un salaire sans travailler, occupent des postes clés au sein de l’administration et profitent des failles des bureaucraties pour s’enrichir. Face à ce phénomène, les ministres concernés ont affiché leur volonté de mettre fin à cette situation lors d’une réunion en mars 2024.
Pourtant, malgré les campagnes et les engagements répétés du gouvernement contre les fonctionnaires fantômes, le problème reste prédominant au Maroc. Les différents ministères ont bien publié des chiffres sur le sujet au cours des dernières années, mais ils sont probablement loin de refléter la réalité.
Ainsi, les ministres concernés ont promis de lancer plusieurs opérations antifraudes, dont 200 suspensions depuis l’arrivée du gouvernement actuel, mais aussi de renforcer les audits pour plus de transparence.
Parmi les 800.000 fonctionnaires de l’administration publique, des centaines seraient des employés fantômes, notamment au sein du ministère de l’Intérieur et des collectivités territoriales. Le ministère en charge de la fonction publique a lui-même licencié 800 travailleurs fantômes du secteur public en 2014. En 2015, la Direction générale de la sécurité nationale (DGSN) du Maroc a révélé qu’elle comptait 300 policiers fantômes. Deux mois plus tard, le ministère de l’Éducation annonçait qu’il avait 600 enseignants et administrateurs fantômes.
Ces cas de fonctionnaires fantômes au Maroc ne précisent pas le type de fraude salariale, mais il est fort probable que la plupart soient liés à des absences injustifiées, à des emplois fictifs ou à des embauches familiales.
Face à cette pratique illicite, la Banque mondiale recommande vivement l’introduction de mécanismes de contrôle pour empêcher l’exploitation des systèmes nationaux. Par exemple, l’adoption de la biométrie pourrait grandement aider à lutter contre les fonctionnaires fantômes, mais aussi contre la corruption et la fraude. L’utilisation des empreintes digitales et des scanners de l’iris sur les lieux de travail fournirait un système fiable de suivi des présences.
Alors que le monde s’achemine vers une récession, le Maroc doit réduire ses dépenses en fonctionnaires fantômes pour servir les segments sociaux qui ont le plus besoin du soutien public. Il est donc temps pour le Royaume d’adopter des mesures d’audit strictes pour limiter la fraude salariale.