Fouzi Lekjaa passe à la loupe l’évolution des finances publiques
Le Royaume est confronté à un défi majeur : celui de rééquilibrer la balance des finances publiques. En effet, dans un contexte géopolitique difficile, marqué notamment par la guerre entre la Russie et l’Ukraine et les conflits au Moyen-Orient, s’ajoutent d’autres facteurs imprévisibles tels que le séisme d’Al Haouz, l’inflation résultant de la crise énergétique, ainsi que la réforme de secteurs clés comme l’éducation et la santé. Le Maroc réalise un exercice d’équilibriste pour assainir ses finances publiques.
Le gouvernement a maintenu une gestion rigoureuse et équilibrée de ces dernières. Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès de la ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget, révèle que la situation économique du Royaume en 2023 était caractérisée par un déficit budgétaire, mais que l’endettement total du Trésor fait partie des indicateurs macroéconomiques ayant connu une évolution positive.
Cette tendance se poursuit en 2024, avec une amélioration de la situation des finances publiques durant les quatre premiers mois, comparativement à la même période de l’année précédente. Le Fonds Monétaire International (FMI), dans son rapport sur le Maroc, confirme cette observation en mettant en avant une gestion rigoureuse des finances publiques et en projetant une baisse progressive du déficit budgétaire, qui devrait atteindre 3 % du PIB en 2029. De nombreux défis attendent les finances publiques, notamment la réhabilitation des zones touchées par le séisme d’Al Haouz, le chantier de la protection sociale, le dialogue social et les réformes de secteurs essentiels tels que l’éducation et la santé.
L’optimisation fiscale, grâce à l’introduction de la retenue à la source (RAS), la réforme de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et de l’impôt sur les sociétés (IS), a conduit à une hausse significative des recettes ordinaires. La performance exceptionnelle des recettes fiscales, deux années consécutives, explique cette amélioration des indicateurs malgré une forte augmentation des dépenses.
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Le gouvernement prévoit de collecter 100 milliards de dirhams supplémentaires au cours des trois prochaines années. En conséquence, les principales agences de notation évaluent la situation financière et économique du Maroc comme évoluant de stable à positive.
Des projets ambitieux et une gestion budgétaire efficace
Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès de la ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget, a présenté un exposé visant à clarifier la situation et à mettre fin aux débats autour des finances publiques, surtout dans un contexte économique difficile et face à des engagements majeurs tels que la protection sociale, la réforme de l’éducation et de la santé, et le dialogue social.
Dans un contexte géopolitique complexe ayant un impact économique défavorable sur le Royaume, marqué par des augmentations spectaculaires des prix des matières premières, le gouvernement a mobilisé d’importantes ressources pour préserver le pouvoir d’achat.
Environ 3,9 millions de ménages vulnérables et pauvres bénéficient de l’AMO Tadamon, représentant 8 millions de personnes en comptant les ayants droit. De plus, les aides sociales directes profitent à 3,7 millions de ménages, incluant près de 5,2 millions d’enfants. Ces deux initiatives coûteront 35 milliards de dirhams en 2024 et 40 milliards de dirhams en 2025.
Concernant les réformes de l’éducation et de la santé, depuis 2020, le budget alloué à l’éducation est passé de 55,64 milliards de dirhams à 73,9 milliards de dirhams dans la loi de finances de 2024, soit une hausse de 33 %.
La hausse des salaires, dans le cadre du dialogue social, bénéficiera à 4,2 millions de ménages et représentera un coût d’environ 45 milliards de dirhams en 2026. La mise en œuvre du programme d’aide directe au logement, qui compte actuellement 12 000 bénéficiaires, nécessitera 9 milliards de dirhams d’ici 2026.
Pour soutenir le pouvoir d’achat et lutter contre la hausse des prix, le gouvernement a engagé plus de 64 milliards de dirhams pour la compensation en 2022 et 2023, 7,8 milliards de dirhams de subventions aux professionnels du secteur des transports, et 9 milliards de dirhams de subventions à l’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE).
Le ministre a également clarifié un point important concernant le nombre de bénéficiaires du régime de l’assistance médicale (RAMED) : il n’a jamais été de 18 millions, ce chiffre représentant le total cumulé des adhérents jusqu’en 2022. En réalité, le nombre de bénéficiaires était de 10 846 122 en 2019 et de 10 695 969 en 2022, selon les données de l’Agence Nationale de l’Assurance Maladie (ANAM).