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France-Algérie : l’escalade diplomatique franchit un nouveau seuil

Les relations entre la France et l’Algérie s’enlisent dans une crise de plus en plus profonde. Après des mois de tensions marquées par des contentieux mémoriels, économiques et stratégiques, un nouveau front s’ouvre : Alger menace de rouvrir le dossier des biens immobiliers mis à la disposition de la France. Cette décision, qui s’inscrit dans un contexte déjà explosif, accentue un peu plus la dégradation des rapports entre les deux pays.

L’annonce faite par le ministère algérien des Affaires étrangères marque un tournant dans la confrontation diplomatique avec Paris. Les autorités algériennes entendent rouvrir le dossier des biens immobiliers détenus par la France sur leur territoire, une décision aux implications potentiellement lourdes.

Selon les chiffres officiels algériens, plus de 61 biens immobiliers sont actuellement occupés par des institutions françaises en Algérie, souvent à des « conditions locatives dérisoires ». Parmi ces propriétés figurent des bâtiments administratifs, des résidences diplomatiques et des terrains stratégiquement situés dans les quartiers les plus prisés d’Alger. L’ambassade de France, à elle seule, s’étend sur plus de 14 hectares dans les hauteurs de la capitale, un espace équivalent à 140 000 mètres carrés, mis à disposition à un loyer symbolique, selon Alger.

Ce déséquilibre historique est d’autant plus frappant que les autorités algériennes accusent : « la France n’a jamais consenti à accorder des facilités similaires à l’Algérie sur son propre territoire ». Un déséquilibre que les autorités algériennes comptent désormais rectifier.

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Cette décision intervient dans un climat déjà particulièrement tendu. Alger digère mal la récente évolution de la position française sur le Sahara marocain, qu’elle considère comme un affront diplomatique. La crispation s’est également accentuée après une vague d’expulsions de ressortissants algériens en situation irrégulière en France, perçue comme une provocation par les autorités algériennes.

Par ailleurs, le différend mémoriel reste une plaie béante. L’Algérie continue d’exiger des excuses officielles pour les crimes commis durant la colonisation, tandis que l’Élysée adopte une posture plus diplomatique que belliqueuse que le régime militaire.

Sur le plan économique, Alger a multiplié les restrictions visant les entreprises françaises, réduisant leur accès aux contrats publics et favorisant de nouveaux partenaires, notamment chinois, turcs et russes. L’ouverture du dossier des biens immobiliers s’inscrit donc dans une logique plus large de remise en cause de la présence française en Algérie.

Face à cette offensive algérienne, Paris ne reste pas les bras croisés. Le gouvernement français considère cette remise en cause des accords immobiliers comme une attaque frontale contre ses intérêts et menace de représailles économiques et diplomatiques.

L’Élysée pourrait, en représailles, réviser certaines coopérations stratégiques et imposer des mesures restrictives ciblées contre les intérêts algériens en France. Des sanctions pourraient toucher les transferts financiers, les visas ou encore les accords commerciaux entre les deux pays.

Le contentieux immobilier apparaît comme l’arme de dissuasion ultime d’Alger face à Paris. La question qui se pose désormais est de savoir si cette menace restera un simple levier de pression ou si elle se concrétisera par des actes juridico-administratifs, voire des expropriations.

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