France: amende de 444 millions d’euros contre 3 laboratoires étrangers pour pratiques abusives
L’autorité française de la concurrence a sanctionné, mercredi, à hauteur de 444 millions d’euros trois laboratoires étrangers pour « pratiques abusives ».
Il s’agit des laboratoires suisses Novartis et Roche et américain Genentech, que l’autorité de la concurrence accuse de « pratiques abusives » en vue de « préserver les ventes du médicament Lucentis pour le traitement de la DMLA au détriment d’Avastin (spécialité concurrente 30 fois moins chère) ».
La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), est la principale cause de malvoyance chez les sujets de plus de 50 ans dans les pays industrialisés. Elle entraîne une altération sévère de la vision centrale, qui se présente notamment sous la forme de taches sombres perçues par le patient au milieu de sa vision.
Le laboratoire Genentech a développé un médicament, le Lucentis, traitant la DMLA. Il a aussi développé un autre médicament, un anticancéreux, l’Avastin. Les médecins se sont rendu compte que l’Avastin avait des effets positifs pour les malades atteints de DMLA, ce qui a conduit à un développement de son usage, hors autorisation de mise sur le marché (AMM), pour traiter cette maladie, alors que par ailleurs l’Avastin avait un coût 30 fois moins élevé que le Lucentis, précise l’autorité.
Dans un communiqué, elle explique que « les laboratoires Genentech, Novartis et Roche ont mis en oeuvre un ensemble de comportements (abus de position dominante collective) visant à préserver la position et le prix du Lucentis, en freinant l’utilisation hors autorisation de mise sur le marché (AMM) de l’anticancéreux Avastin ».
Selon l’autorité de la concurrence, Novartis « a cherché à faire échec aux initiatives des médecins ophtalmologistes qui, dans le cadre de leur liberté de prescription, décidaient de prescrire Avastin, hors autorisation de mise sur le marché, en ophtalmologie ».
« Novartis, Roche et Genentech ont par ailleurs été sanctionnés pour avoir mis en oeuvre un ensemble de comportements de blocage et pour avoir diffusé un discours alarmant, et parfois trompeur, auprès des autorités publiques sur les risques liés à l’utilisation d’Avastin pour le traitement de la DMLA », précise-t-on.
L’autorité considère que « les pratiques en cause sont particulièrement graves, car elles sont intervenues dans le secteur de la santé, où la concurrence est limitée, et plus spécifiquement, dans un contexte de débat public sur l’impact sur les finances sociales du prix extrêmement élevé du Lucentis », remboursé à 100%, relève le communiqué.
Il s’agit de la plus forte amende collective jamais prononcée par l’autorité française de la concurrence à l’encontre de laboratoires pharmaceutiques.