France/Covid: les mesures se durcissent pour résister à une vague inexorable
Dernière respiration avant de se confiner et d’attaquer l’école à la maison: le week-end de Pâques touche à sa fin lundi, avec une nouvelle vague de restrictions pour tenter de freiner l’épidémie de Covid-19.
La France métropolitaine vit depuis samedi 19H00 sous l’empire d’une vigilance renforcée pour quatre semaines. Les commerces jugés non-essentiels ont baissé le rideau. Les déplacements sont limités à 10 km, et ceux entre les régions ne sont autorisés que pour raisons impérieuses, comme déposer un enfant chez un proche.
Cette mesure ne sera cependant appliquée strictement qu’à compter de mardi. Les autorités ont anticipé que des familles mettraient à profit le week-end pascal pour se mettre au vert ou emmener les enfants chez leurs grand-parents.
Car pour la première fois depuis le premier confinement il y a un an, les crèches et établissements scolaires vont fermer.
Le gouvernement a cependant autorisé les assistantes maternelles qui gardent les enfants à domicile à poursuivre leur activité pendant cette période.
L’exécutif, par la voix d’Emmanuel Macron mercredi, puis du Premier ministre Jean Castex jeudi, a justifié ces mesures par la dégradation inexorable de la situation sanitaire.
Dimanche soir, on comptait plus de 29.000 malades du Covid-19 hospitalisés, contre un peu plus de 25.000 il y a un mois.
C’est surtout dans les services de réanimation, qui accueillent les formes les plus graves de la maladie, que cette pression s’exerce. Toujours sur un mois, on est passé d’à peine 3.600 à plus de 5.300 patients en « réa ».
Vendredi, le ministre de la Santé Olivier Véran tablait sur un pic de personnes contaminées d’ici « 7 à 10 jours environ », avant un pic des hospitalisations en réanimation fin avril.
L’épidémie flambe et le nombre de décès l’accompagne. On en était à plus de 96.600 morts dimanche (+8.000 en un mois).
« La réalité, les chiffres le disent, c’est qu’on va avoir 100.000 morts de la Covid d’ici le mois de juin », a affirmé la professeure Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses de l’Hôpital Saint-Antoine à Paris, dimanche soir sur LCI.
Elle a exprimé des doutes sur la durée des mesures prises pour freiner l’épidémie: « Si tant est que les promesses d’arrivées des vaccins sont tenues, je pense qu’on en a encore pour six, huit semaines de mesures telles qu’on les connaît aujourd’hui ».
Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal lui a affirmé dimanche qu’il n’était « pas prévu » que les nouvelles restrictions anti-Covid 19 « aillent au-delà des 4 semaines à ce stade ».
Pour gagner ce pari, les autorités tablent sur une accélération de la campagne de vaccination pour prendre de vitesse le virus, et son variant dit « anglais », plus contagieux.
A ce jour on compte 9,3 millions de personnes ayant reçu une première dose. Le M. Vaccin du gouvernement, le Pr. Alain Fischer, a annoncé à la fin de la semaine un objectif à court terme de 400.000 injections quotidiennes.
Le gouvernement affiche sa confiance sur les approvisionnements espérés des labos pharmaceutiques pour atteindre cet objectif. Et table aussi sur une démultiplication des centres et personnels pour les administrer.
On attend mi-avril l’arrivée du vaccin Johnson & Johnson, qui nécessite une seule injection, avec 600.000 premières doses avant mai. Elles devraient facilement trouver preneur, alors que le vaccin d’AstraZeneca reste plombé par des doutes sur son innocuité, malgré les assurances des autorités sanitaires.
Des doses d’AstraZeneca n’ont pas trouvé preneurs dans des centres de vaccinations du Nord et du Pas-de-Calais, en raison de la peur d’effets secondaires, ont alerté pendant le week-end des élus et médecins de la région.
A quelques jours de l’inauguration d’une première chaîne d’embouteillage française de vaccins de Pfizer/BioNTech, dans l’Eure-et-Loir, le président centriste de la région Normandie Hervé Morin, a déploré lundi sur LCI le choix des dernières décennies de « sacrifier » l’appareil industriel du pays, « payé » cher aujourd’hui.
Du côté des vaccinateurs, les hôpitaux d’instruction des armées français vont augmenter leurs capacités d’accueil pour vacciner jusqu’à 50.000 personnes par semaine, a annoncé samedi soir le ministère des Armées.
Les grands centres de vaccination vont aussi se multiplier sur le territoire. Comme le Stade de France qui accueillera mardi ses premiers volontaires, avec un premier objectif de 10.000 injections par semaine.
Pour mieux tracer l’évolution de l’épidémie, des autotests seront disponibles en pharmacie à partir du 12 avril.
( Avec AFP )