France : Fin de la valse à deux temps ?
POLITIQUEMENT INCORRECT
Par Gabriel BANON
La trahison des Australiens et la négation des alliances par Washington devrait amener la France à revisiter les siennes et la qualité de ses relations, avec des pays dits francophones, comme le Maroc.
Depuis que le général De Gaulle s’est « débarrassé » de l’Algérie, tout en la vidant de toutes les compétences administratives et économiques, Paris n’a cessé de faire la valse entre l’Algérie et le Maroc. Un temps pour voler au secours d’Alger, un temps pour calmer les ambitions légitimes de Rabat sur son Sahara.
Aujourd’hui, la France, cocufiée par les Américains en Australie, risque de l’être à nouveau par un Maroc, nouvelle puissance régionale, qui prend le large. Grâce à l’accord tripartite que Rabat a signé avec Washington et Tel-Aviv en décembre dernier, la consolidation de ses relations avec ces puissances, va lui donner un accès à de nouvelles technologies, militaires, agricoles et sécuritaires. Accès que la France n’a jamais assuré.
Le Maroc, après les accords d’Abraham, est devenu un atout majeur dans la nouvelle stratégie géopolitique de Washington en Afrique. La ligne force de cette politique est de donner un coup d’arrêt à la pénétration de la Chine dans ce continent, voire de la réduire. Ce nouvel ensemble, allié objective de la Russie dans cette croisade, permet au Royaume de renforcer sa position au sein du continent africain. Il est inutile de souligner que la France-Afrique a vécu !
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Paris a raté plusieurs occasions d’ancrer Rabat dans son giron. Pour cela, il aurait fallu que la France cessât sa valse à deux temps entre l’Algérie et le Maroc. Un jour viendra où Paris reconnaîtra la marocanité du Sahara, la province marocaine du Sud, elle sera, vraisemblablement, parmi les derniers à le faire. En tout état de cause, elle ne pourrait le faire qu’après les élections présidentielles, arithmétique électorale oblige. A force de développer une politique ambiguë, digne d’un Richelieu, Paris ne peut, aujourd’hui, que constater le naufrage de ce qu’a été l’Empire français. On aurait envie de plagier la chanson de Michel Sardou : « La France m’a laissé tomber« . Mais le Royaume a eu la lucidité et le courage de se tourner à temps, vers des alliés du futur.
Certes, l’Europe restera un partenaire important pour le Maroc, mais que vaut un partenariat quand la diplomatie ne suit pas ? Il ne peut pas se réduire à une mission de garde-frontière.
Le Maroc et la France, cela aurait été une belle histoire. Hélas, les valses hésitations n’ont jamais permis une politique qui aurait permis de maintenir le charme.