France: la mère d’un bébé caché pendant deux ans jugée en appel
L’affaire « Serena », ce bébé dissimulé deux ans par sa mère, en partie dans un coffre de voiture, revient en appel lundi devant la justice à Limoges, dans le centre de la France.
Rosa Maria Da Cruz, 51 ans, avait été condamnée en novembre en première instance à deux ans ferme et déchue de l’autorité parentale.
Serena avait passé deux ans environ dans un couffin cosy, le plus souvent dans le coffre du break maternel, ou dans une pièce en travaux au rez-de-chaussée de la maison familiale, à l’insu de toute la maisonnée, du mari, et des trois autres enfants du couple.
Cette dissimulation hors normes défie toujours l’entendement et reste imparfaitement comprise, six ans après les faits, dans une zone grise entre déni de grossesse, dénégation de l’enfant né, soins a minima mais suffisants pour la survie, mais relevant de la maltraitance.
Le parquet général, qui avait requis huit ans de prison, a fait appel de la première condamnation à deux ans ferme, la défense interjetant pour sa part appel sur la déchéance d’autorité parentale.
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A bientôt 8 ans, Serena a le développement mental « d’une enfant de 2-3 ans. Elle ne sait pas lire ni écrire, et on ne pense pas qu’elle pourra un jour », explique Marie-Pierre Peis-Hitier, de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) de Corrèze, partie civile.
« Son avenir au-delà de 18 ans, c’est une institution », et peut-être une « régression », faute de l’attention rapprochée d’une famille d’accueil, estime l’avocate.
C’est ce caractère permanent, « vraisemblablement irréversible » des séquelles, du syndrome autistique, conséquence de 23 premiers mois de carences, qui ont valu à l’affaire les assises, et non le tribunal correctionnel. Mme Da Cruz encourt 20 ans de réclusion.
Le premier procès avait tenté de chercher une explication dans le passé de Rosa, qui a eu au moins un déni de grossesse antérieur, une femme d’une intelligence de « bonne moyenne » malgré une grande « immaturité affective », mais « bonne mère » de trois enfants.
En appel, les parties civiles redoutent encore une dérive vers un « tribunal de la psyché ». « Un discours déresponsabilisant, servi sur un plateau », estime Rodolphe Costantino, avocat d’Enfance et Partage.
« Il faut qu’on soit plus ouvert au déni de grossesse, c’est un fait. On ne naît pas mère, on le devient », convient Isabelle Faure-Roche, autre avocate de l’ASE.
L’avocate de Mme Da Cruz, qui avait plaidé l’acquittement, avait en première instance mis en garde: « Il n’y a pas chez Rosa de capacité à s’expliquer, à élaborer une version (…) la vérité, on ne la saura peut-être jamais ».
Le procès doit durer jusqu’au 16 octobre.
Avec AFP