Le Conseil français du culte musulman alerte sur une stigmatisation médiatique
Dans un paysage médiatique où l’objectivité devrait être de mise, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a exprimé son inquiétude face à une tendance alarmante. Selon un communiqué du 15 avril, le CFCM condamne une fixation malsaine de certains médias sur l’islam, qui établissent souvent un lien forcé entre des faits divers et la communauté musulmane, ou choisissent de les ignorer si un tel lien ne peut être établi.
Le CFCM souligne que cette approche biaisée et orientée vise à présenter l’islam et les musulmans comme des sources d’anxiété et de préoccupation pour la société française, semant la peur et parfois même incitant à la haine. Cette stratégie médiatique est jugée dangereuse et doit être combattue avec vigueur.
L’organisation note avec amertume que lorsque l’origine d’un suspect dans un fait divers est perçue comme musulmane, certains médias s’empressent de relier l’événement à l’islam et aux musulmans, même en l’absence de tout lien religieux. Le prénom du suspect devient alors un point focal, éclipsant souvent l’acte répréhensible lui-même.
À l’inverse, lorsque des incidents impliquent des individus dont les prénoms ne suggèrent pas une appartenance à l’islam, ces mêmes médias tendent à préserver l’anonymat et à minimiser la couverture de l’événement, même s’il est d’une gravité extrême.
Le CFCM cite l’exemple d’une attaque au couteau survenue en Australie le 13 avril 2024, qui a fait six victimes et plusieurs blessés, dont un bébé. Initialement, la chaîne CNEWS a largement couvert l’événement, avec des experts suggérant une origine « orientale » du suspect et évoquant des liens avec l’islam radical. Cependant, une fois révélé que l’assaillant se nommait Joël Cauchi, l’intérêt médiatique a brusquement décliné.
Une enquête de Mediapart révèle que cette pratique est parfois institutionnalisée, comme en témoigne un message d’un rédacteur en chef de Cnews, qui aurait ordonné de délaisser une affaire à Cholet, faute de références au Coran.
Le CFCM dénonce cette focalisation sélective sur les actes commis par des musulmans ou supposés tels, qui constitue une forme de manipulation et de propagande toxique. Cette pratique est contraire à l’éthique journalistique, au traitement équitable de l’information, et aux principes démocratiques et juridiques de la France. Elle contribue également à l’augmentation inquiétante du racisme et des actes antimusulmans dans le pays.