France : Le port du hijab sur les terrains de football divise

En France, l’autorisation éventuelle pour les joueuses de football de porter le hijab sur les terrains suscite une vive polémique. Cette dernière est alimentée par des partis de droite, d’extrême droite et certains ministres, qui appellent à légiférer contre ce qu’ils considèrent comme un « coup porté à la République ».

Ce débat sur l’islam aurait été déclenché par une action en justice engagée par un collectif appelé “Les Hijabeuses”, qui conteste la légalité du règlement de la Fédération française de Football (FFF) interdisant « le port de signes ou de vêtements manifestant ostensiblement une affiliation politique, philosophique, religieuse ou syndicale ».

Lundi 26 juin, lors de l’audience devant le Conseil d’État, considéré comme la plus haute instance administrative en France, le rapporteur public, chargé d’interpréter la loi et dont l’opinion est généralement suivie, a soutenu les revendications du collectif Les Hijabeuses. Il a affirmé que la Fédération française de Football (FFF) devrait modifier son règlement, bien qu’il ait émis des réserves concernant l’équipe nationale.

La décision finale du Conseil d’État ne sera rendue que jeudi 29. Cependant, cette prise de position a provoqué une vive réaction au sein de la classe politique française. Rappelons qu’en France, les signes religieux qualifiés d’ostentatoires sont interdits à l’école et sont également proscrits pour les fonctionnaires.

Pour Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, “on n’a pas à porter des vêtements religieux quand on fait du sport”. Ajoutant qu’il est « très opposé à l’action menée par des associations communautaristes, qui veulent donner un coup de boutoir contre la République ». Selon lui, le Conseil d’Etat devrait “garder la neutralité sur les terrains de sport ».

La Première ministre, Élisabeth Borne, a quant à elle fait savoir que “le gouvernement est pleinement mobilisé pour assurer le respect strict de nos principes républicains dans le domaine du sport”. De son côté, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, n’a pas écarté la possibilité de légiférer afin de répondre à un « besoin de clarification ».

Au cours de la matinée de mardi, les représentants politiques de la droite ont rapidement exprimé leur volonté de voir évoluer la législation en vigueur.

« Le hijab dans le sport, c’est non ! Et nous ferons une loi pour faire respecter ça », a tweeté la présidente des députés Rassemblement national (RN, extrême droite), Marine Le Pen. Idem pour Olivier Marleix, le patron des députés Les Républicains (LR, droite), qui estime “qu’il faut la naïveté d’un rapporteur au Conseil d’État pour écrire qu’il n’y a +pas de prosélytisme, qu’il n’y a pas de provocation+ dans le port du voile pour jouer au foot”.

Il estime que l’affaire du hijab rappelle un précédent célèbre en France, lorsque des collégiennes voilées avaient été exclues de leur établissement à Creil (dans le nord) en 1989. À l’époque, le Conseil d’État avait jugé que le port de ce symbole religieux était compatible avec les principes républicains, ce qui avait incité le législateur à intervenir et à adopter une loi interdisant son port dans les établissements scolaires.

Une référence est faite à un précédent notable en France, remontant à 1989, lorsque des collégiennes voilées avaient été exclues de leur établissement à Creil, dans le nord du pays. À cette époque, le Conseil d’État avait statué que le port de ce symbole religieux était compatible avec les principes républicains, ce qui avait incité le législateur à intervenir en adoptant une loi interdisant le port de signes religieux dans les établissements scolaires. Cette comparaison met en lumière le contexte et invite à réfléchir à la question du hijab dans le sport actuel. « Autoriser le port du hijab dans le sport serait une véritable régression pour le droit des femmes et une soumission honteuse à l’islamisme », a ajouté le président de LR, Éric Ciotti.

 

De l’autre côté du débat, Founé Diawara, présidente des Hijabeuses, a exprimé son regret envers “les femmes qui, chaque week-end, sont exclues des terrains parce qu’elles portent un voile ». « Tout ce qu’on veut, c’est jouer au football”, s’est-elle indignée.

Dans les rangs de la gauche, plusieurs responsables politiques ont vivement critiqué cette polémique, la qualifiant de stigmatisation visant une fois de plus la communauté musulmane. Ils font référence à des controverses précédentes, telles que celle entourant le port du burkini dans les piscines municipales, pour souligner une tendance récurrente à cibler les musulmans. Selon ces voix, de telles polémiques contribuent à une atmosphère d’exclusion et vont à l’encontre des valeurs d’égalité et de tolérance.

« Tout va être bon pour essayer de déclencher une polémique estivale », a estimé le coordinateur de La France Insoumise (LFI, gauche radicale). « Il y a des gens qui en ont assez d’être en permanence stigmatisés parce qu’ils veulent pouvoir pratiquer leur religion dans le respect de la loi ».

 

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