France: les motivations de l’assaillant d’Orly au crible de l’enquête
Les enquêteurs cherchaient dimanche à établir les motivations de Ziyed Ben Belgacem, un Français présumé radicalisé ayant agressé des militaires la veille à l’aéroport de Paris-Orly, provoquant la panique et l’interruption du trafic aérien.
Ce braqueur multirécidiviste de 39 ans, signalé comme radicalisé en prison, s’est dit prêt à « mourir » au nom d’Allah en s’attaquant à une militaire en patrouille samedi matin dans le terminal Sud de l’aéroport, avant d’être abattu par deux autres militaires.
« Posez vos armes! Mains sur la tête! Je suis là pour mourir par Allah. De toute façon, il va y avoir des morts », a-t-il crié pendant l’attaque qui a provoqué une évacuation partielle de l’aéroport et un confinement de passagers.
Après avoir été suspendu samedi pendant plusieurs heures, le trafic aérien était revenu normal dimanche, selon son gestionnaire, Aéroports de Paris.
Dans la matinée, le père de l’agresseur a exprimé son incompréhension, incriminant ses « fréquentations » et « la drogue ». « Mon fils n’a jamais été un terroriste. Jamais il n’a fait la prière et il (buvait). Et sous l’effet de l’alcool et du cannabis, voilà où on arrive », a témoigné cet homme choqué sur la radio Europe 1 qui n’a pas donné son identité.
Était-il samedi sous l’emprise de substances – alcool ou stupéfiants ? Une autopsie devait avoir lieu dimanche afin de le déterminer.
Les enquêteurs analysent également son téléphone et les éléments recueillis lors d’une perquisition à son domicile.
Une enquête a été ouverte notamment pour tentative d’homicide et d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste.
Après l’attaque, le père, un frère et un cousin s’étaient spontanément présentés samedi à la police. Le frère et le cousin étaient toujours entendus dimanche par la police, mais la garde à vue du père avait été levée dès samedi soir.
Pour l’heure, rien n’explique le passage à l’acte de ce Français d’origine tunisienne au casier judiciaire chargé qui a suivi une folle équipée entamée samedi tôt au nord de Paris pour s’achever à l’aéroport d’Orly, au sud de la capitale, moins de deux heures plus tard.
Arrêté à 05H55 GMT à un contrôle routier, il tire au revolver à grenailles sur des policiers, en blessant légèrement un à la tête, et prend la fuite. Il réapparaît à une trentaine de kilomètres de là, dans la banlieue sud, où il vole une voiture, pour gagner ensuite l’aéroport d’Orly-Sud.
Entretemps, il a appelé son père pour lui avouer avoir « fait une connerie », a raconté ce dernier, et lui a demandé son « pardon », que le père lui refuse car « il a touché à un gendarme ».
« On ne sait pas si le contrôle routier a été l’élément déclencheur du passage à l’acte ou s’il a pu y avoir une préméditation », a indiqué à l’AFP une source proche de l’enquête.
L’assaillant se trouvait dans « une sorte de fuite en avant avec un processus de plus en plus destructeur », a commenté samedi soir le procureur de Paris François Molins, qui a décrit « un individu extrêmement violent », avec une intention terroriste.
Pour le magistrat, plusieurs éléments désignent Ziyed Ben Belgacem comme un homme déterminé à « aller au bout de ce processus » mortifère: le choix de la cible, des militaires, « correspond aux mots d’ordre diffusés par les organisations terroristes jihadistes » et le profil de l’assaillant, « repéré comme radicalisé à l’occasion d’un passage en détention au cours des années 2011-2012 ».
Toutefois, une perquisition menée à son domicile en 2015 dans le cadre de l’état d’urgence n’avait « rien donné ».
Cette attaque à Orly est survenue à un mois de la présidentielle dans un pays confronté depuis deux ans à une vague d’attentats jihadistes ayant fait 238 morts et des centaines de blessés, et en plein débat sur le maintien de l’état d’urgence, en vigueur jusqu’au 15 juillet.
Ce statut exceptionnel facilite notamment les perquisitions et les assignations à résidence.