France : un camion trop lourd pourrait avoir causé l’effondrement meurtrier d’un pont
L’effondrement spectaculaire d’un pont lundi dans le sud-ouest de la France, dans lequel deux personnes ont été tuées, pourrait avoir été causé par le passage d’un camion qui, selon le maire du village du drame, pesait plus du double du poids maximal autorisé.
« On estime (le poids du camion) à plus de 40 tonnes, largement. C’était un camion de gabarit hors norme, le pont a craqué », a déclaré mardi à l’AFP Eric Oget, maire de Mirepoix-sur-Tarn, une petite commune d’un millier d’habitants.
L’ouvrage, une structure métallique datant de 1931 surplombant la rivière Tarn, pouvait supporter une charge maximale de 19 tonnes, et un panneau à ses entrées interdisait l’accès aux véhicules excédant ce tonnage.
« Une des hypothèses, c’est que le camion qui s’est engagé ait un poids supérieur au poids limité », a déclaré mardi la secrétaire d’Etat à la Transition écologique Emmanuelle Wargon. Mais « c’est le procureur de la République qui va établir les faits », a-t-elle ajouté sur la chaîne LCI.
L’effondrement, survenu lundi peu après 8H00, a été spectaculaire: le tablier du pont s’est quasiment entièrement affaissé et sa chaussée a été presque coupée en deux, plongeant dans la rivière, profonde de plus de 20 mètres et large de 100 m à cet endroit.
Deux personnes ont trouvé la mort dans l’accident: une adolescente de 15 ans et le conducteur du camion.
Ce camion, un « porte-char de transport de grue », appartenait à une entreprise locale de forage, qui a été perquisitionnée.
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« Si c’était le chauffeur d’une entreprise d’ailleurs, j’aurais compris, mais le chauffeur du camion était d’ici. Ca m’étonne qu’il se soit engagé avec un tonnage de 40 tonnes ou plus », a ajouté le maire de Mirepoix-sur-Tarn.
Les enquêteurs poursuivaient mardi leurs investigations, en exploitant notamment les images prises par les plongeurs lundi, des constatations techniques précieuses pour la suite de l’enquête. La carcasse du camion devrait être remontée à la surface mais cette opération complexe pourrait prendre du temps.
Des deux côtés du pont, des gendarmes étaient mardi en train de « geler » la scène avec des lasers et des drones en vue d’un modélisation en 3D, a constaté un journaliste de l’AFP.
« On veut savoir ce qui s’est passé, on veut comprendre », insistait mardi matin Thomas Ferrandis, un habitant du village.
Le pont de structure métallique avait été contrôlé à plusieurs reprises et « n’avait pas été identifié comme posant des problèmes particuliers », avait assuré lundi Mme Wargon, venue sur place.
L’ouvrage, qui mesurait 155 mètres de long et 6,50 mètres de large, ne présentait « aucun problème de structure » lors de sa dernière inspection détaillée en 2017, selon les autorités locales, et le dernier contrôle a eu lieu en décembre 2018.
L’ouvrage, rénové en 2003, « n’était pas classé à surveillance renforcée ou en état critique », selon Georges Tempez, responsable de l’organisme public qui en avait réalisé l’inspection.
Le Bureau des enquêtes sur les accidents de transport terrestre a également été chargé d’une enquête.
Mais pour le président de la communauté de communes, Jean-Marc Dumoulin, le passage de camions en surpoids n’y était pas exceptionnel, ce qui aurait pu le fragiliser.
L’accident a relancé la question de la fiabilité des ponts en France. Selon une mission sénatoriale mise en place après l’effondrement meurtrier du viaduc italien de Gênes en août 2018 (43 morts), « au moins 25.000 ponts » français « sont en mauvais état structurel », sur les 200.000 à 250.000 ouvrages que compte le pays – le nombre exact de ponts routiers en France n’est pas connu.
Avec AFP