Frappées par la pandémie, les universités américaines à la recherche de leur gloire d’antan
Désertés depuis l’an dernier en raison de la pandémie de coronavirus, les campus des universités américaines cherchent à attirer davantage d’étudiants étrangers. Ces derniers sont de moins en moins enthousiastes à l’idée de payer les prix faramineux d’études aux Etats-Unis.
Selon un récent rapport de l’agence de contrôle de l’immigration américaine (ICE), les inscriptions d’étudiants étrangers ont chuté de 20 % en 2020, engendrant une perte d’environ 10 milliards de dollars à l’économie américaine. Malgré le retour de certains étudiants étrangers cette année, une reprise complète serait, selon les experts, compliquée, compte tenu du fait que les étudiants étrangers boudaient les Etats-Unis bien avant la crise sanitaire.
En effet, au cours de l’année universitaire 2018-2019, les inscriptions internationales avaient culminé à 1,1 million d’étudiants et sont en baisse depuis, selon les données de l’Institut d’Education Internationale (IIE), tandis que des pays comme l’Australie, le Canada et le Royaume-Uni accueillent de plus en plus d’étudiants étrangers dans leurs campus. Ce qui semble être un défi pour les universités américaines, pourrait aussi porter un coup à la compétitivité du pays en général. Souvent les étudiants étrangers continuent ensuite à vivre aux Etats-Unis, et à contribuer à la dynamique de la recherche académique et scientifique et à la vitalité de l’économie en général.
Selon la radio publique NPR, un entrepreneur sur cinq ayant fondé une start-up américaine est un immigrant et les trois quarts de cette catégorie sont d’abord arrivés aux Etats-Unis comme étudiants. Par ailleurs, et contrairement aux Américains, les étudiants internationaux ont tendance à payer leurs frais de scolarité plein tarif. Dans les universités publiques, ces fonds étrangers contribuent à compenser une baisse du financement de l’Etat, particulièrement après la Grande récession. Les universités ont besoin des frais de scolarité. Elles ont particulièrement besoin des frais de scolarité d’étudiants étrangers, a déclaré à NPR le dirigeant de l’Institut Kissinger sur la Chine et les Etats-Unis au Wilson Center, Robert Daly.
Ce besoin s’est transformé en dépendance. Les campus américains sont même devenus trop dépendants des étudiants d’un seul pays, la Chine, a souligné M. Daly. L’enseignement supérieur étant l’une des plus grandes exportations de services du pays, lorsque la pandémie a réduit un grand nombre d’étudiants étrangers, la nouvelle administration américaine en a pris note. L’administration Biden a récemment qualifié d' »impératif de politique étrangère » que les Etats-Unis restent la première destination académique pour les étudiants internationaux, mettant ces derniers en première ligne pour les entretiens et le traitement des visas dans les consulats américains à travers le monde. Mais pour de nombreux étudiants étrangers, les Etats-Unis ne sont tout simplement plus le choix idéal.
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Emily Dobson, conseillère universitaire au Brésil citée par NPR, fait état d’une plus grande diversité au niveau des destinations où ses étudiants décident de postuler au cours des dernières années. Non seulement trouvent-ils des options dans les destinations traditionnelles comme l’Australie et le Royaume-Uni, a-t-elle dit, mais aussi dans des pays comme le Qatar, le Japon ou encore la République Tchèque. « L’idée du rêve américain est de plus en plus remise en question « , a confié Mme Dobson, évoquant le coût des études aux Etats-Unis ainsi que la violence armée parmi les facteurs qui préoccupent de plus en plus de familles. L’incertitude autour des arrivées des étudiants étrangers coûte très cher aux universités et à l’économie américaines.
Avec environ 70 % des étudiants internationaux sur les campus américains venant d’Asie, la récente augmentation des crimes haineux anti-asiatiques n’arrange pas les choses et mène plusieurs d’entre eux à reconsidérer leur avenir dans le pays. Les universités américaines espèrent qu’un nouvel engagement de l’administration Biden à accueillir davantage d’étudiants internationaux pourra raviver leur attractivité auprès des étudiants étrangers.
( Avec MAP )