Fusillade d’Orlando : le défaut de la cuirasse des Etats-Unis
Omar Mateen ne cesse de faire couler l’encre des commentateurs après avoir fait couler le sang de quelque 103 personnes innocentes, dont 50 sont mortes le soir du samedi à dimanche dans le « Pulse », boîte de nuit branchée d’Orlando. On n’a pas tari d’informations, de commentaires, de rappels et de notices biographiques sur cet américain de 29 ans, d’origine afghane qui n’avait pas de casier judiciaire ni d’antécédent. A la limite, pouvait-il offrir l’image de citoyen sans problème, au parcours anodin et plat…Le FBI (Bureau fédéral d’investigation), alerté par son comportement marginal, l’avait contrôlé sans rien découvrir de suspect.
Voilà cependant que Omar Mateen se découvre une mission de jihadiste et sort du lot, frappe très fort, au point que la fusillade qu’il a provoquée est présentée comme la plus grave jamais connue par un seul individu dans l’histoire américaine. Au-delà, elle a suscité l’émoi et la peur : les Etats-Unis ne sont plus le sanctuaire à l’abri du terrorisme. Si le 11 septembre 2001 avait constitué à New York une agression extérieure, lancée par al-Qaïda, celle d’Orlando place l’Amérique devant un terrorisme intérieur, planifié par des groupes ou citoyens américains. C’est le défaut de la cuirasse, il met en péril cette certitude que les Etats-Unis sont invincibles et leurs forces de sécurité les plus efficaces dans le monde.
Comme d’habitude, les explications abondent et d’une analyse l’autre, les spécialistes du terrorisme sont convoqués à un débat qui ne fait que commencer sérieusement aux yeux des Américains. C’est d’autant plus impératif que Omar Mateen échappait à toute classification. Il n’était ni un islamiste radicalisé, ni même un sympathisant de Daech ou d’al-Qaïda. Pis : il habitait à 300 kilomètres d’Orlando. Il était simplement un homophobe notoire, radicalement opposé aux homosexuels, plus que choqué quand ces derniers – comme il l’a dit lui-même – s’adonnaient à des ébats publiques…On ne pouvait soupçonner celui qui passait pour un citoyen tranquille – sans pour autant dire « modèle »-, intégré dans la tradition d’hospitalité américaine, bénéficiant de l’Américan way of life, troquer son costume contre celui du terroriste potentiel qui, quelques heures avant de commettre son forfait, a prêté le « serment d’allégeance au groupe Etat islamique ».
On peut ainsi s’interroger à juste titre pour savoir si l’homophobie constitue un prétexte suffisant pour justifier la haine et l’exaltation islamiste ? Et donc le meurtre de 50 citoyens américains, enfin le terrorisme ?
Les services américains, toutes branches et spécialités confondues, s’échineront longtemps encore avant de nous expliquer cette psychologie à mutations subites de ce qu’on appelle, selon la formule consacrée, « le loup solitaire » ou encore « la cellule dormante » ! C’est une césure grave qui s’opère désormais aux Etats-Unis, victimes à leur tour d’un terrorisme aveugle, qui pose avec acuité le problème de sécurité d’abord, de cohésion ethnico-culturelle et de tolérance…
Peut-être devrait-on également s’interroger sur l’impact que l’attentat d’Orlando pourrait avoir sur le déroulement de la campagne présidentielle américaine qui constitue du pain bénit pour un Donald Trump tout à sa hargne de tout ce qui est musulman ?