Gaz: L’alliance UE, Israël et l’Egypte refroidit les ambitions algériennes
Le marché du gaz naturel relie de plus en plus les différentes régions du monde. Ainsi, le marché européen et, en fonction de la tension en Ukraine, devient un enjeu de taille économique et géopolitique pour les pays producteurs de pétrole comme l’Algérie. Cette dernière, malgré une volonté de conquérir un nouveau marché, voit ses ambitions s’effondrer grâce à la nouvelle la nouvelle alliance stratégique composée de l’Union Européenne, Israël et l’Egypte.
Après avoir refusé l’approvisionnement du gaz au Maroc, l’Algérie avait de nouvelles ambitions outre méditerranéennes, car voulant profiter des conséquences de la guerre en Ukraine. D’ailleurs, le pays avait poussé les ambitions plus loin en menaçant directement de couper l’approvisionnement du gaz de Madrid via le gazoduc qui relie les deux pays, si Madrid tentait de servir le Maroc.
Le toile de fond de toutes ces manigances et comportements, loin d’une diplomatie normale, sont liés à la nouvelle position de l’Espagne, suite à son alignement sur la vague de reconnaissance des pays sur la souveraineté marocaine du Sahara.
Mais, l’Algérie n’avait pas vu venir la nouvelle concurrence très puissante constituée de l’Union Européenne, Israël et l’Egypte.
L’offre israélienne
Depuis mercredi, Israël s’est engagé à fournir du gaz à l’UE. Cela a été convenu pour la première fois par l’Union européenne, Israël et l’Égypte dans une déclaration d’intention. En conséquence, le gaz naturel israélien doit être expédié en « quantités significatives » via un gazoduc d’Israël vers l’Égypte et de là via des usines de liquéfaction vers l’Europe. Cela a été annoncé par le ministère israélien de l’Énergie.
Cette nouvelle alliance stratégique contrecarre les ambitions de l’Algérie qui aurait pu bénéficier de la guerre de la Russie contre l’Ukraine pour maximiser son potentiel de revenus provenant de l’exportation de gaz vers un marché européen tendu. Mais troublés par une crise politique sans précédent et une transition présidentielle difficile et ses calculs pour bloquer le Maroc et maintenant une crise politique avec l’Espagne, les dirigeants algériens n’ont pas réussi à anticiper les événements géopolitiques mondiaux qui remodèlent le secteur de l’énergie.
Israël cherche depuis des années des moyens d’exporter son gaz naturel extrait de la Méditerranée. Seul, sans coopération avec les voisins arabes, cela ne fonctionne pas – et tous n’ont pas été disposés à coopérer jusqu’à présent.
Israël possède jusqu’à un billion de mètres cubes de gaz naturel, mais n’a besoin que d’environ 35 milliards de mètres cubes par an pour son propre usage. Des plans d’exportation du gaz excédentaire vers l’Europe sont en place depuis plusieurs années, mais n’ont pas pu avancer pour plusieurs raisons. Le début de la guerre entre la Russie contre l’Ukraine a tout d’un coup accélérer les choses, cependant, l’UE s’intéresse de plus en plus à l’énergie du Moyen-Orient. Début juin, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est rendue dans la région. Von der Leyen a participé à la signature du contrat au Caire et a déclaré que l’objectif actuel de l’UE était d’obtenir des combustibles fossiles auprès de « fournisseurs de confiance ».
Réduction de gaz : Berlin et Moscou à couteaux-tirés
La société énergétique russe Gazprom réduit une fois de plus les volumes maximaux d’approvisionnement en gaz via le gazoduc Nord Stream 1 de la mer Baltique vers l’Allemagne. À partir de jeudi matin, seuls 67 millions de mètres cubes maximum seront pompés chaque jour à travers la ligne, a annoncé Gazprom mercredi. Selon Berlin, Moscou a justifié cette étape par des retards dans les travaux de réparation de Siemens. Par conséquent, une autre usine de compression de gaz doit être fermée, a déclaré l’Allemagne.
Auparavant, Gazprom avait annoncé mardi la réduction du volume d’approvisionnement maximal à 100 millions de mètres cubes de gaz par jour. Cela correspond à environ 60% du volume quotidien précédemment prévu de 167 millions de mètres cubes de gaz. D’ailleurs Berlin a par la suite rejeté les affirmations de Gazprom selon lesquelles les retards dans les réparations d’un compresseur de gaz étaient la raison de la réduction des volumes d’approvisionnement en gaz.
C’est dans ce contexte de guerre et d’embargo que « l’Europe est en train de payer le prix fort de l’embargo pétrolier contre la Russie », selon le vice-Premier ministre russe Alexander Novak. En raison des prix plus élevés, la facture énergétique des Européens augmente de 400 milliards de dollars, dit Nowak. De plus, il faut s’attendre à une pénurie de produits pétroliers. Il n’a pas donné de calendrier.