GB: deux hospitalisations à Salisbury quatre mois après l’affaire Skripal
Le mystère entoure mercredi l’hospitalisation de deux personnes exposées à une « substance inconnue » et retrouvées inconscientes à Amesbury, ville voisine de celle où l’ex-espion russe Sergueï Skripal a été victime d’une tentative d’empoisonnement en mars.
Les deux patients « sont dans un état critique » et « reçoivent un traitement pour une exposition présumée à une substance inconnue à l’hôpital de Salisbury », a précisé dans un communiqué la police du comté de Wiltshire qui dit considérer l’événement comme un « incident majeur ».
Les deux personnes, un homme et une femme, toutes deux quadragénaires, ont été retrouvées inconscientes samedi 30 juin dans une habitation dans la ville d’Amesbury (sud de l’Angleterre), située à une dizaine de kilomètres de Salisbury.
C’est à Salisbury que Sergueï Skripal, alors âgé de 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, ont été victimes d’une tentative d’empoisonnement à l’agent innervant le 4 mars, un incident attribué par le Royaume-Uni à la Russie et qui a entraîné une crise diplomatique.
A Amesbury, la police avait initialement émis l’hypothèse d’une contamination liée à l’absorption d’héroïne ou de crack, mais elle a précisé que des tests complémentaires avaient désormais lieu « pour établir la nature de la substance qui a conduit ces patients à tomber malades ».
« Nous gardons un esprit ouvert quand aux circonstances de l’incident », a-t-elle ajouté. « Il n’y a pas de raison de penser que cela soit lié » à l’affaire Skripal, a déclaré le commissaire Angus Macpherson, selon des propos rapportés par la BBC.
Plusieurs cordons de sécurité ont été mis en place dans des endroits où auraient pu se rendre les deux quadragénaires avant leur contamination et la présence policière a été renforcée dans les villes d’Amesbury et Salisbury.
Le jardin public Queen Elizabeth Gardens, à Salisbury, a été fermé au public, selon la radio locale Spire. La police s’est également positionnée devant l’église baptiste d’Amesbury, a rapporté le quotidien The Guardian.
L’agence de santé publique Public Health England (PHE) a estimé que cet événement ne posait « pas de risque sanitaire significatif pour le grand public ».
Cet avis sera « continuellement réévalué, en fonction des informations connues », a prévenu un porte-parole de PHE cité par l’agence Press Association.
L’hôpital de Salisbury restait ouvert au public mercredi, « comme d’habitude », et les patients étaient appelés à se présenter à leurs rendez-vous médicaux.
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Le 4 mars, Sergueï et Ioulia Skripal avaient été retrouvés inconscients sur un banc au milieu d’un centre commercial et hospitalisés dans un état critique à l’hôpital de Salisbury. Ils avaient tous deux été victimes d’une tentative d’empoisonnement avec un agent innervant de la famille des Novitchok, selon le gouvernement britannique.
Le premier policier à leur avoir porté secours, Nick Bailey, avait lui aussi été contaminé et hospitalisé dans un état grave. Tous trois avaient été soignés plusieurs semaines avant de pouvoir quitter l’hôpital.
Les forces de l’ordre avaient alors quadrillé la ville de Salisbury avec l’aide de l’armée. Plusieurs cordons policiers avaient été installés, notamment autour de la maison de l’ex-espion, ainsi qu’au cimetière de Salisbury.
D’après Scotland Yard, « la plus haute concentration de l’agent neurotoxique se trouvait sur la porte d’entrée » du domicile de Sergueï Skripal. Des traces du poison avaient été retrouvées dans « d’autres lieux », dont un restaurant et un pub de Salisbury fréquentés par l’ex-espion russe et sa fille le 4 mars. Un travail de nettoyage chimique, pouvant durer « un certain nombre de mois », avait été entrepris sur neuf sites par des spécialistes.
Les autorités avaient appelé les personnes s’étant rendues dans les lieux contaminés identifiés à « laver leur vêtements » et à nettoyer leurs objets personnels, notamment les téléphones portables, avec des lingettes.
Londres a pointé la responsabilité de Moscou, qui a nié toute implication, dans cette tentative d’empoisonnement.
Cet événement avait abouti à une crise diplomatique entre les deux pays avec la plus importante vague d’expulsions croisées de diplomates de l’Histoire entre le Royaume-Uni et ses alliés d’une part, et la Russie d’autre part.