Genève : Aujjar présente devant le CDH le rapport de la mission d’établissement des faits sur la Libye
Le président de la mission indépendante d’établissement des faits sur la Libye, Mohamed Aujjar, a présenté jeudi le premier rapport de la mission devant le Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU, dont les membres ont unanimement salué la qualité du travail accompli par les enquêteurs indépendants onusiens en dépit du contexte difficile lié à la pandémie.
M. Aujjar a indiqué dans ce sens que la mission, qui est mandatée par le CDH, a pu recueillir des centaines de documents, interrogé 150 personnes et mené des investigations en Libye, en Tunisie et en Italie, précisant que les preuves et les arguments obtenus par la mission «confirment une situation désastreuse et grave des droits de l’homme en Libye».
«La violence et la crise en Libye depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, et particulièrement depuis 2016, a conduit à de graves violations des droits de l’homme contre toutes les catégories vulnérables, notamment les civils, les femmes, les enfants, les déplacés et les migrants », a poursuivi le chef de la mission onusienne, composée également de Chaloka Beyani et Tracy Robinson.
« Il existe des motifs raisonnables de croire que des crimes de guerre ont été commis en Libye, tandis que les violences perpétrées dans les prisons et à l’encontre des migrants qui s’y trouvent pourraient s’apparenter à des crimes contre l’humanité », selon le rapport des enquêteurs indépendants onusiens.
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Le rapport indique, en outre, que les investigations menées par la Mission « ont établi que toutes les parties à ce conflit, y compris les pays tiers, les combattants étrangers et les mercenaires ont violé le droit international humanitaire, en particulier les principes de proportionnalité et de distinction. Et certaines ont également commis des crimes de guerre ».
M. Aujjar a relevé à ce propos que les civils ont payé un lourd tribut au cours des agressions contre Tripoli en 2019, notant que « les attaques aériennes ont tué des dizaines de familles. De même, la destruction des hôpitaux a compromis l’accès à la santé, tandis que les mines anti-personnels laissées par des mercenaires dans des zones résidentielles ont tué et blessé des civils« .
« Au moment où les Libyens entreprennent des efforts intenses pour garantir la paix, la question de reddition des comptes en matière des violations graves des droits de l’homme et des crimes internationaux est devenue plus que jamais une nécessité pour prévenir davantage de violations et consolider la paix et la réconciliation à long terme”, a-t-il poursuivi, exhortant la Libye à ” intensifier ses efforts pour poursuivre les responsables de ces crimes”. Il a appelé également la communauté internationale à continuer à fournir l’appui aux autorités judiciaires libyennes.
La Mission d’établissement des faits a dit avoir identifié des individus et des groupes qui pourraient porter la responsabilité des violations, abus et crimes commis en Libye depuis 2016. « Cette liste confidentielle le restera, jusqu’à ce que le besoin se fasse sentir de la publier ou de la partager avec d’autres mécanismes de reddition des comptes », ont précisé les enquêteurs indépendants onusiens.
Le rapport a recommandé, par ailleurs, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU de prolonger d’un an le mandat de la Mission d’établissement des faits.
Lors de ce débat interactif, les délégations de différents pays se sont félicitées du travail de qualité réalisé par les enquêteurs de l’ONU malgré les circonstances difficiles dans lesquelles ils ont accompli leur mission en raison notamment du contexte lié à la pandémie. Les intervenants ont plaidé, en outre, en faveur du prolongement du mandat de la mission.
( Avec MAP )