Genève : Mohamed Aujjar présente le 3e rapport de la Mission d’établissement des faits sur la Libye
Le président de la Mission indépendante d’établissement des faits sur la Libye, Mohamed Aujjar, a présenté, lundi à Genève, le 3è rapport de cette mission mandatée par le Conseil des droits de l’homme.
Dans ce rapport, présenté en conférence de presse, la mission a déploré »la poursuite des violations des droits de l’homme dans le pays », relevant que la culture d’impunité, qui prévaut toujours dans ce pays déchiré par la guerre, représente « un grand obstacle » à la réconciliation nationale, à l’établissement de la vérité et de la justice, et à la réparation des victimes et de leurs familles.
La mission a indiqué, par ailleurs, avoir recueilli des témoignages et des preuves sur des crimes commis de manière généralisés et systématique par les milices Al Kani dans la ville de Tarhuna, citant notamment des disparitions forcées, des meurtres, des actes de torture et des détentions arbitraires qui sont susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité.
M. Aujjar a expliqué, dans ce sens, que les enquêtes menées par la Mission ont permis d’identifié « des fosses communes jusque-là inconnues dans la ville » de Tarhuna, à environ 65 kilomètres de la capitale Tripoli, grâce à l’utilisation de technologies de pointe.
Le président de la mission a fait savoir, à cet égard, que plus de 200 personnes sont toujours portées disparues à Tarhuna et dans les environs, provoquant »des souffrances indicibles à leurs familles, qui ont le droit de connaître la vérité sur le sort de leurs proches ».
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De même, a fait observer la mission, »les femmes et les filles n’ont pas été épargnées par les répercussions de la spirale dévastatrice » en Libye depuis la chute de l’ancien président Mouammar Kadhafi en 2011.
»Aujourd’hui, malgré des progrès significatifs récents pour tenter de résoudre des différends de longue date, certains désaccords subsistent entre le gouvernement de Tripoli, d’une part, et l’administration et l’autorité parlementaires rivales à l’est, d’autre part », précise la mission.
La mission relève, en outre, que »lorsque des femmes se sont présentées pour participer aux élections nationales, qui n’ont pas encore eu lieu, elles sont devenues la cible de discrimination ou de violence ».
»La discrimination et la violence font partie de la vie quotidienne de la plupart des femmes et des filles en Libye », a poursuivi M. Aujjar.
‘‘La mission est particulièrement préoccupée par l’incapacité de la législation locale à offrir une protection contre la violence sexuelle et la violence basée sur le genre et à lutter contre l’impunité des auteurs de tels crimes« , a-t-il poursuivi.
Tout en se félicitant de la création de deux tribunaux ad hoc pour statuer sur les cas de violence à l’égard des femmes et des enfants, M. Aujjar a averti que les enfants, comme les adultes, ont été victimes d’abus, notamment »des exécutions sommaires, des détentions arbitraires, des violences sexuelles et des tortures ».
Il s’agit notamment des personnes accompagnant des migrants adultes, des réfugiés et des demandeurs d’asile, qui ont été détenus dans de sinistres centres en Libye, selon la mission d’établissement des faits, qui présentera mercredi son troisième rapport au Conseil des droits de l’homme.
Avec MAP