Gestion hydrique : Le gouvernement aux trousses des « réseaux mafieux »
Le Maroc fait partie des pays méditerranéens de plus en plus sévèrement touchés par la sécheresse et les pénuries d’eau. La rareté de l’eau affecte particulièrement l’agriculture et la tentation d’utiliser pour son propre compte une eau à laquelle on n’a pas droit ou dont l’extraction dans les rivières ou dans les nappes phréatiques est interdite est d’autant plus grande. L’utilisation ou le prélèvement illégal d’eau à partir de sources publiques ou d’eaux souterraines a un impact direct sur les réserves d’eau globales.
Face à une situation hydrique de plus en plus inquiétante, les autorités du pays ont lancé la semaine dernière une nouvelle enquête approfondie sur les propriétaires de grandes exploitations qui seraient responsables de l’assèchement de plusieurs oueds (rivières).
Cette enquête entre dans le cadre d’un vaste programme pour une gouvernance de l’eau, compte tenu des enjeux du liquide précieux. Dans ce sens, le gouvernement mène une « lutte acharnée » contre la « mafia de l’eau » qui surexploite les fleuves et leurs affluents au point d’assécher complètement certains oueds. Alors que le royaume connaît une sécheresse sans précédent et que certaines régions risquent de disparaître de ce fait, les auteurs de cette exploitation illégale ou irrationnelle de l’eau restent impunis, d’où la nécessité pour les autorités d’apporter de nouveaux outils pour la répression des fraudeurs.
Selon les médias, mardi et mercredi derniers, les autorités locales et les bureaux de gestion de l’eau ont mené une opération dans l’oued Oum Er Rbia, dont l’eau aurait été utilisée par les propriétaires de grandes exploitations agricoles le long de son cours sans avoir payé ou détenir un permis.
Un raid a détruit plusieurs sites dans lesquelles des pompes et des canons à eau auraient été cachés. Dans un communiqué repris par les médias, les autorités ont été chargées de démanteler ces « réseaux mafieux ». Plusieurs associations ont signalé les noms de certains contrevenants et alerté sur les conséquences de cette utilisation illégale. Les habitants des oueds ont également écrit aux autorités et signalé la pénurie d’eau et la sécheresse imminente, précise la source.
En raison des manœuvres des propriétaires, dont certains auraient construit des barrages à flanc de montagne et installé d’énormes canons à eau, l’oued Chbouka, le plus grand affluent de l’oued Oum Er Rabia, s’est quasiment asséché depuis que le pays fait face une sécheresse sans précèdent. Même en plein jour et sous les yeux de tous, l’eau a été « volée » sans cacher leur matériel ni même être dérangée.
Selon les statistiques officielles montrent que 30 à 40% des ressources en eau sont perdues à cause du vol, tant en eau potable qu’en eau pour l’agriculture. De plus, 40% de l’eau du robinet est volée et les eaux souterraines sont pillées par le forage illégal de puits, dont 80% sont effectués sans permis.