Gigafactory au Maroc : un pôle d’investissement majeur dans les batteries électriques
Le Royaume se positionne en tant que leader africain dans le domaine des batteries pour les véhicules électriques (VE). À cet effet, le conglomérat Gotion High Tech a pour projet de construire une gigafactory au Maroc. Ce projet s’inscrit dans la feuille de route du Royaume qui vise à créer trois pôles industriels à Tanger Tech, Jorf Lasfar, et Bouknadel, où sera implantée la future grande usine marocaine. L’écosystème des batteries électriques devient un pilier du tissu économique marocain.
Dans le secteur de la mobilité électrique, un projet situé dans la région Rabat-Salé-Kénitra, représentant un investissement de 12,8 milliards de dirhams, permettra la création de 17 600 emplois directs et indirects. Cette initiative constitue la première étape de la mise en œuvre du mémorandum d’entente signé entre le Maroc et le groupe chinois Gotion High Tech.
Par ailleurs, le Royaume s’appuie sur un écosystème automobile solide, attirant des industriels asiatiques, chinois, coréens (LG), et japonais (Panasonic), ce qui place le Maroc en position de leader dans cette industrie innovante.
Le fabricant chinois CNRG Advanced Material a trouvé des synergies avec les compétences marocaines en établissant une joint-venture avec Al Mada pour la première unité de composants de batteries. De plus, une autre zone d’accélération industrielle a été mise en place à Jorf Lasfar avec le soutien de l’OCP pour accueillir cette activité. En outre, BTR New Material Group a choisi de créer une filiale au Maroc pour lancer une première usine, suivie d’un projet pour une deuxième.
D’autres acteurs, tels que le sud-coréen LG Energy System (LGES), deuxième plus grand fabricant mondial de batteries pour véhicules électriques, montrent également un intérêt pour le Maroc en tant que destination.
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Gotion High Tech, classé parmi les dix meilleurs mondiaux, a annoncé un projet de construction d’une gigafactory à Bouknadel, avec une capacité de production pouvant atteindre 100 GWh. Cette gigafactory de 100 GWh permettra d’équiper 1 million de voitures par an, montrant ainsi l’envergure de ce projet.
Cet investissement de l’ordre de 65 milliards de dirhams de la part de Gotion est soutenu par d’importants constructeurs automobiles mondiaux. Au Maroc, le groupe Volkswagen, leader technologique mondial, et le groupe suédois-suisse ABB soutiendront la construction et le développement de cette usine de batteries.
Le Maroc bénéficie d’une ascension rapide de la batterie à base de LFP (lithium fer phosphate), surpassant les records. Récemment testée, cette batterie permet de parcourir 1 000 km, soit un aller-retour Casablanca-Agadir avec une seule recharge. L’autonomie moyenne est actuellement de 400 km, avec des temps de recharge relativement courts.
En termes de ressources naturelles, le Maroc possède les plus grandes réserves mondiales de phosphate et produit également de la fluorine. Le pays produit en quantité suffisante des terres rares telles que le cobalt, le cuivre, le manganèse, et la fluorine pour soutenir cette industrie. Ces ressources constituent des avantages considérables, mais la principale force du Maroc réside dans sa géopolitique et sa diplomatie ouverte.
L’un des principaux atouts du Maroc réside dans les accords commerciaux qu’il a signés, tels que l’Accord de libre-échange avec les États-Unis, l’Accord d’association avec l’Union européenne, et de nombreux accords de coopération avec des pays africains riches en minerais essentiels pour cette industrie.
De plus, le Maroc possède un énorme potentiel dans le domaine des énergies propres. Pour stocker l’électricité renouvelable, des batteries sont nécessaires. Une industrie décarbonée représente un avantage, notamment au moment où l’Union européenne impose une taxe carbone. LG Energy System de Corée a identifié le potentiel du Maroc dans cette industrie décarbonée et prévoit de faire de l’usine marocaine une base mondiale de son activité LFP (lithium fer phosphate).
Récemment, les États-Unis ont augmenté les taxes sur les importations chinoises de batteries au lithium-ion et de composants de batterie. L’Union européenne envisage également d’augmenter les taxes sur les voitures électriques chinoises importées.
Les gigafactories installées au Maroc sont principalement destinées à alimenter la production de l’industrie automobile locale, soit environ 1 million de véhicules électriques d’ici 2030, et éventuellement le marché africain.
Le Maroc vise à capter 25% du marché mondial des batteries pour véhicules électriques d’ici 2030, excluant la Chine. Contrairement à l’industrie automobile où il a réussi à se tailler une place mondiale en peu de temps, le Maroc ambitionne de devenir un acteur majeur dans la construction de cet écosystème industriel mondial des batteries pour véhicules électriques.