Gouvernement Akhannouch : Entre espoir dissipé et défis cruciaux de 2030

Le gouvernement Akhannouch, autrefois perçu comme le porteur d’un souffle nouveau, se retrouve aujourd’hui enlisé dans une torpeur qui inquiète surtout pour certains secteurs. Ce même gouvernement, qui avait suscité tant d’espérances, semble s’être détaché de la réalité quotidienne des Marocains.

Jadis, un remaniement ministériel était un événement politique de premier plan et aurait déclenché un débat passionné, une analyse pointue des enjeux et des personnalités en lice. Mais aujourd’hui, il ne provoque plus que des haussements d’épaules, révélateurs d’une désillusion profonde qui s’est installée au sein de la population. Cette indifférence, loin d’être un simple désintérêt passager, reflète un désenchantement amer qui a pris racine au sein de la population. Les Marocains, confrontés à une inflation galopante et un chômage endémique, ont cessé de croire en la capacité de leurs dirigeants à apporter les changements tant attendus. Le gouvernement Akhannouch fait donc face à une amertume palpable au sein des citoyens, un sentiment qui s’est intensifié au fil des mois, à mesure que les espoirs s’évanouissaient.

De fait, la rentrée 2024 s’annonce sous des auspices sombres. Les indicateurs économiques sont inquiétants en dépit du satisfecit gouvernemental. Le tableau social actuel est le moins que l’on puisse dire, alarmant : un taux de chômage de 13,7%, qui explose à 17,1% dans les zones urbaines et frappe encore plus durement les jeunes diplômés (25%) et les femmes (20%). Le pouvoir d’achat, déjà érodé, se trouve réduit à une peau de chagrin par une inflation qui, loin de se stabiliser, continue de grignoter les revenus des ménages. Les promesses de réformes et de création d’emplois se heurtent à la dure réalité d’une économie en souffrance, où les denrées de première nécessité deviennent des luxes inaccessibles pour de nombreux Marocains. Si les prévisions gouvernementales tablent sur une inflation de 2,1% en 2024, le vécu des Marocains est bien plus douloureux : le prix des denrées de base flambe, rendant inaccessibles des produits autrefois courants.

Mais au-delà des chiffres et des statistiques, ce sont deux secteurs névralgiques, la Santé et l’Éducation, qui crient leur malaise. Des secteurs qui devraient être les fondements solides sur lesquels repose toute société, mais qui, au Maroc, sont au bord du gouffre. Dans les hôpitaux, l’accès aux soins est devenu un parcours du combattant, marqué par des infrastructures délabrées, un personnel médical sous pression et des délais d’attente interminables. Les grèves, bien que légitimes, viennent accentuer ce sentiment d’abandon, laissant les citoyens les plus vulnérables dans une détresse profonde menaçant même la vie de certains patients dont les traitements ne respectent plus la fréquence.

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De l’autre côté, l’Éducation, qui devrait être le vecteur de l’égalité des chances, est minée par des inégalités criantes entre les régions, des programmes scolaires obsolètes, et un corps enseignant à bout de souffle, désabusé par l’absence de réformes concrètes et les grèves répétitives des enseignants frustrés. Ces deux piliers de la société marocaine, pourtant essentiels à son développement, semblent s’effondrer sous le poids des promesses non tenues, creusant un fossé toujours plus large entre les discours politiques et la réalité vécue par le peuple.

Dans ce contexte, un éventuel remaniement ministériel, autrefois scruté avec espoir et suscitant un vif intérêt, ne provoque plus qu’une indifférence glaciale et un haussement d’épaules. Les Marocains ne croient plus en ces manœuvres politiques, perçues comme de simples gesticulations sans impact réel sur leur quotidien. Cette apathie est le symptôme d’une rupture profonde entre le gouvernement et le peuple, une rupture qui s’est creusée à mesure que les promesses non tenues s’accumulaient.

Sur un autre volet, le projet de loi de finances pour 2025, récemment dévoilé, est censé apporter des réponses aux défis actuels. Mais finalement, il ne semble être qu’une redite des priorités passées : consolidation de l’État social, dynamique de l’investissement, réformes structurelles, et soutenabilité des finances publiques. Des priorités qui, bien qu’essentielles, manquent cruellement de vision et de profondeur. L’ironie réside dans le fait que ce même gouvernement, qui se targue de sa légitimité électorale et de sa majorité parlementaire, semble ignorer les réformes les plus urgentes : la lutte contre la corruption, la réforme fiscale, la régulation du secteur informel, et la préparation du pays à la concurrence internationale. Face à ces défis, la jeunesse marocaine, autrefois pleine d’espoir, se sent désormais délaissée, rêvant d’un avenir loin de ce pays qui semble ne plus lui offrir d’opportunités.

Aussi est-il urgent, plus que jamais, que ce gouvernement prenne la pleine mesure de la gravité de la situation. La stabilisation des prix des denrées alimentaires doit devenir une priorité nationale absolue, avec une surveillance renforcée des filières et des mécanismes de contrôle rigoureux pour prévenir les abus et protéger les plus vulnérables. La hausse des prix, notamment des produits de première nécessité a atteint des niveaux insoutenables, forçant même les ménages de la classe moyenne à revoir drastiquement leurs habitudes de consommation.

Face à ce tableau sombre, des mesures urgentes s’imposent pour redonner de l’espoir aux Marocains. La révision des programmes d’aide sociale, l’allègement de la pression fiscale sur les classes moyennes, et la protection des terres agricoles menacées par l’urbanisation sauvage sont autant de pistes qui doivent être explorées avec détermination. Il est également impératif de réorienter la politique agricole pour garantir une offre suffisante de produits à des prix abordables, en protégeant les ressources locales et en repensant les exportations pour privilégier le marché national.

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Dès lors, le gouvernement Akhannouch, s’il veut vraiment renouer avec les attentes des citoyens, doit prendre conscience de la gravité de la situation et agir en conséquence. L’heure n’est plus à la complaisance, mais à l’action concrète pour éviter que le désespoir ne se transforme en colère. Le gouvernement doit avoir le courage de s’attaquer aux monopoles qui étranglent le marché et imposent leur loi aux consommateurs. Il est temps de rétablir une véritable concurrence, seule capable de freiner l’inflation et de redonner espoir aux Marocains. Les défis sont immenses, mais les solutions existent, à coup sûr. Encore faut-il que le gouvernement les mette en œuvre avec détermination et clairvoyance, afin de restaurer la confiance des citoyens et de préserver la paix sociale. Car au-delà des chiffres et des discours, c’est le quotidien des Marocains qui est en jeu, et avec lui, l’avenir même du pays.

Faut-il, dans ce sens, rappeler, avec insistance et même une certaine quiétude, que le Maroc se trouve confronté à des défis d’une envergure sans précédent ? Parmi ceux-ci, l’organisation de la Coupe du Monde 2030 se distingue comme un événement phare, une véritable épreuve de grandeur pour le Royaume. Ce tournoi mondial, co-organisé avec d’autres pays, sera le moment de vérité où le Royaume devra démontrer sa capacité à se hisser au niveau des plus grandes puissances sportives et organisationnelles. La réussite de cet événement est cruciale pour le rayonnement international du pays, mais aussi pour sa cohésion sociale et économique. Le Maroc doit, impérieusement, se préparer en relevant les enjeux liés à l’inflation, à la modernisation des infrastructures, à l’amélioration de l’accès aux services de base comme l’Éducation et la Santé, et à la mobilisation de tout le capital humain et logistique nécessaire. La Coupe du Monde 2030 n’est pas seulement un événement sportif, c’est une opportunité unique pour notre pays de prouver encore plus sa résilience, son dynamisme et sa capacité à se transformer en une véritable plateforme d’excellence sur la scène mondiale.

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