Gouvernement : El Othmani à la manœuvre
L’échiquier politique national est-il vraiment sorti de son ornière ? Après 15 jours d’existence officielle, le gouvernement continue d’être l’objet de critiques de ceux qui ne se sont jamais accommodé de sa constitution et de sa nomination par le Roi ! Au sein du PJD bien entendu, encore, la bataille fait rage : calme et insidieuse au départ, elle est déclarée ouverte entre Benkirane et El Othmani, d’abord pour la formation du gouvernement et le choix des ministres ! Ensuite pour le leadership du parti !
Le chef de gouvernement, tout en réitérant son attachement aux principes du parti, n’en laisse pas moins entendre que c’est lui , et lui seul le chef du gouvernement et que c’est à lui que revient la charge de conduire la politique gouvernementale ! Cette proclamation vise davantage les cacochymes du PJD , on l’aura compris, que ses partenaires dans la coalition
Recevant vendredi 14 avril dernier les responsables des groupes parlementaires du PJD de la Chambre des représentants et de la Chambre des Conseillers, il a levé le voile sur ce que fut le processus des négociations entre son parti et les autres, notamment le PAM, l’USFP! Et d’indiquer que des consultations ont bel et bien eu lieu, sous l’égide du secrétariat général du PJD, avec ces partis pour être abandonnées par la suite ! Ces consultations avaient l’aval de tous et toutes au sein du parti islamiste et notamment de Abdelilah Benkirane !
Celui-ci n’a-t-il pas suggéré le maintien de Mustapha Ramid qui avait pourtant récusé sa participation au sein du nouveau gouvernement ? N’a-t-il pas aussi conseillé à El Othmani de le nommer ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme avec cette phrase : » Garde le près de toi, il jouera le même rôle que jouait auprès de moi feu Baha « !
Ramid est désormais à la Présidence du Conseil, logé dans l’aile gauche du Cabinet Royal ! À proximité du chef de gouvernement et dans un protocole particulier ! Il sera contrôlé aussi par son chef de gouvernement.
Lors de sa rencontre avec les groupes parlementaires du PJD, El Othmani les a assurés de « sa bonne foi et de sa volonté à accomplir les réformes de la Caisse de compensation », engagée par son prédécesseur et sur laquelle il ne reviendra pas. Indiquant qu’il ira jusqu’au bout de ce que lui confère la Constitution et nous prévenant que la procédure de travail engagée par le précédent gouvernement appellera forcément un changement et un autre rythme !
Il exposera tout cela lors de la Déclaration gouvernementale prévue en principe cette semaine ! A ses interlocuteurs, il a lancé péremptoire : » je ne crains pas le dialogue, tout est clair, j’accorde plus d’importance au travail qu’aux parlottes » ! Un clin d’œil à l’endroit de son prédécesseur dont le bavardage était devenu légendaire et surtout paranoïaque
En attendant, autant il est assuré d’obtenir au parlement un soutien explicite des cinq partis de la coalition ( RNI, MP, UC ,USFP et PPS) , autant il est placé entre le marteau et l’enclume au sein des dirigeants du PJD, sa propre formation dont un tiers exige toujours la réunion extraordinaire du Conseil national pour le juger !
Ni plus ni moins !
Le chef de gouvernement est pour ainsi dire balloté mais ne renonce pas ! La foi chevillée au corps, il va de l’avant ! Cependant, la Déclaration gouvernementale qu’il fera bientôt, et qui exige la confiance spontanée et la plus large du parlement, tiendrait-elle compte de la nouvelle réalité et des événements qui pointent à l’horizon comme des soupçons d’orages : à savoir la situation dangereuse qui prévaut à Al Hoceima avec en sous main les manipulations extérieures, des originaires d’Al Hoceima, installés en Hollande et en Belgique, chevillards et autres encouragés et téléguidés par nos voisins de l’est ! À savoir encore les agissements contre notre intégrité territoriale qui couvent toujours !
L’héritage que le précédent gouvernement a laissé est socialement un héritage en ruine ! Et l’on s’interroge déjà si El Othmani saura relever les défis du chômage qui touche, à en croire un rapport de la Banque mondiale 5 millions de personnes, dont 20% constitués par des jeunes, de la croissance qui est réduite à une peau de chagrin en dépit des proclamations vertueuses,, du développement inégal des secteurs mis en berne depuis de longs mois ! Cette semaine sera décisive et donnera le ton : El Othmani présidera ce mardi 17 avril son premier conseil de gouvernement et fera adopter son projet de Déclaration avant de le soumettre aux deux chambres du Parlement ! Il semblerait, en effet, que l’accent soit mis sur « le social, l’économique et le stratégique, ».
Les rumeurs ne sont plus des rumeurs, elles bruissent déjà d’échos sur la volonté d’El Othmani de poursuivre la réforme de la Caisse de compensation, devenue le cheval de bataille, et de s’attaquer aux subventions du sucre, de la farine et du butane….