GRÈCE : TSIPRAS SUR LE CHAMP DE MINES DES CREANCIERS
Sa marge est très étroite. Trop peut-être pour concilier les promesses faites au peuple grec et les exigences de ses créanciers. Le Premier ministre grec doit se servir de sa victoire au référendum pour réformer en profondeur une économie en panne de croissance. Le bras de fer autour de la dette n’est qu’un leurre. Le gouvernement Tsipras doit proposer des réformes « sérieuses et crédibles », selon François Hollande, et en échange, il n’obtiendra pas grand chose de plus des Européens.
Pas grand-chose, sauf éventuellement une déclaration sur une renégociation des dettes, dont curieusement Syriza a fait sa mesure phare alors qu’il s’agit, à l’heure actuelle, d’un problème mineur. La Grèce, en vérité, a déjà obtenu de repousser les paiements de dettes à 2025.
Tous les paiements dont on parle, aujourd’hui, concernent des remboursements de crédits revolving: Athènes paie le FMI avec l’argent de l’Europe mais il n’y a pas de remboursement stricto sensu, la Grèce en déficit en serait d’ailleurs incapable. Place aujourd’hui à la renégociation de la dette: cette revendication est justifiée, elle s’appuie sur la faiblesse de la construction européenne accusée de n’être pas assez fédérale.
Mais d’une part, le peuple grec est pris à revers par les technocrates de Bruxelles: la solution ne serait pas dans moins d’Europe mais dans plus d’Europe, politique, fiscale et économique. D’autre part, la solution, si elle existe ne peut s’envisager qu’en grand: on regarde toutes les dettes de tous en Europe et on en mutualise éventuellement une partie dans un mécanisme commun. Il faudrait le faire, selon la majorité des spécialistes, de façon juste et organisée, dans le cadre d’une construction fédérale.
Cependant, le débat sur ce sujet est fermé, pour l’instant, par l’Allemagne qui ne voit-là, pas complètement à tort, qu’une nouvelle manière de la faire payer. Plus d’Europe ou beaucoup moins? L’autre solution est toujours le Grexit.
Tsipras assumerait les conséquences très austères d’une sortie de la protection européenne. La Grèce dévaluerait de 50%, elle retrouverait une compétitivité mais il resterait à lui donner une économie productive qui exporte. Aucun pays n’échappe pas à mettre son économie en ordre, sauf à s’enfoncer dans un déclin argentin ou vénézuélien. La victoire, dimanche 5 juillet, de Syriza a été fêtée par les extrêmes, gauche et droite comme la revanche du peuple, comme la défaite de «l’Europe austéritaire». Elle n’est peut-être, après le référendum, que la victoire de l’illusion. Suite devant le Parlement grec ce vendredi ou lors du prochain sommet européen de dimanche.