Haribo en guerre contre les « ours bourrés » d’une start-up espagnole
Ander Méndez voyait un bel avenir à l’affaire qu’il a montée avec deux amis: vendre des ours en gélatine imbibés d’alcool. Jusqu’à ce que cette start-up espagnole s’attire les foudres du géant allemand Haribo.
Le conflit a éclaté à cause de la ressemblance présumée entre les oursons gélifiés fabriqués par cette entreprise basque, dans le nord-est de l’Espagne, et les friandises dont le confiseur mondialement connu a fait son logo.
« Comme d’habitude pour ce genre d’affaires, Haribo a lancé une procédure judiciaire pour protéger les marques déposées », a indiqué une porte-parole de la société à l’AFP.
« Le ciel m’est tombé sur la tête », raconte à l’AFP Ander Méndez, PDG de Ositos con alcohol (Oursons avec alcool), quand cet ingénieur de 24 ans a reçu chez lui il y a deux semaines une mise en demeure des avocats d’Haribo.
Ce document, consulté par l’AFP, soutient qu’il y a « une grande similitude » entre les deux confiseries et que les « oursons bourrés » violent les droits de propriété intellectuelle de Haribo.
Le groupe allemand fondé il y 100 ans à Bonn propose toutefois une solution « à l’amiable » aux trois jeunes entrepreneurs basques, mais exige des mesures drastiques.
La même lettre leur demande entre autres d’arrêter de produire et de vendre « tout produit sous le symbole en litige », d’abandonner leur marque déposée en Espagne et d’accepter de « transférer la gestion et la propriété du domaine ositosconalcohol.com » à Haribo.
« Nous ne faisons aucun mal à leur marque et (les ours) ne se ressemblent pas », plus grands que les quelques millimètres de ceux d’Haribo, s’est indigné Ander Méndez, qui accuse la société allemande de vouloir « s’approprier » leur création.
Lui et ses associés étudient actuellement la réponse avec un avocat, bien qu’ils n’aient « pas beaucoup de moyens pour mener un procès » avec une grande entreprise qui dit se réserver le droit d’intenter « toutes les actions en justice » nécessaires si les trois jeunes ne suivent pas leurs instructions.
Ander Méndez reconnaît qu’ils sont « terrorisés » devant une grande entreprise qui « peut (les) couler si elle veut », bien qu’il assure qu’il continuera la production et la commercialisation de ses « oursons bourrés », car « on voit que les gens aiment ça ».
Créée en janvier 2019, la start-up vend ses produits sur internet et dans des bars et des discothèques en Espagne. Aux côtés d’Ander Méndez, Julen Justa, 24 ans, a lui aussi un diplôme d’ingénieur tandis que Tamar Gigolashvili, 25 ans, a étudié le droit et le management.
Rapidement, les trois jeunes entrepreneurs ont reçu une aide à l’innovation de la mairie basque de Getxo, une ville côtière proche de Bilbao. Cette aide déclenche alors une première polémique, les élus d’opposition de la ville dénonçant une incitation à la consommation d’alcool chez les jeunes.
Vendues dans des boîtes cylindriques en métal, frappées du logo Ositos & Co, ces friandises contiennent 15 degrés d’alcool et se déclinent en cinq couleurs et parfums : rhum-ananas, gin-fraise, vodka-orange, whisky-cola et tequila-citron.
Un verre de vin équivaut à plus ou moins 8 ours, et un gin tonic entre 15 et 17, détaille Ander Méndez.
Haribo avait déjà en 2012 attaqué en justice le chocolatier suisse Lindt, considérant que ses ours en chocolat emballés dans un papier doré étaient une imitation de ses oursons.
Mais après trois ans de contentieux, la plus haute juridiction d’Allemagne a donné tort à Haribo.
Hauts de deux centimètres, les « Goldbären » (ours dorés) gélifiés d’Haribo, créés en 1922, sont produits et vendus sur tous les continents.
Avec AFP