Hassan Saoudi : Afrique, terre d’opportunités et de menaces

Dans le cadre du Forum annuel MD Sahara, le thème du panel est intitulé « Une Vision atlantique : Le Maroc au cœur de la Renaissance africaine – Croissance, paix et prospérité partagées ».

L’attractivité de l’Afrique est aujourd’hui une réalité incontestable. On observe une ruée des grandes puissances, telles que la Russie, la Turquie, la Chine, l’Inde et l’Iran, vers l’Afrique, continent convoité pour ses matières premières. Bien que la coopération intra-africaine soit la plus faible au monde et que le continent soit le moins intégré économiquement, les grandes puissances se lancent dans l’acquisition de terres arables en Afrique. En effet, d’ici 2050, l’Afrique comptera 2,5 milliards d’habitants, et le Maroc a déjà commencé à installer des usines de production d’engrais alimentaires sur le continent. Une superficie équivalente à celle du Kenya a déjà été vendue à des pays étrangers en Afrique. Les dirigeants africains doivent s’inspirer de la vision des dirigeants arabes qui diversifient leurs sources de revenus en prévision de l’après-pétrole et gaz, afin de transformer leur stratégie économique.

Hassane Saoudi, colonel retraité de la Gendarmerie Royale et consultant géopolitique, a souligné, en marge de la troisième édition du Forum MD Sahara, que le Maroc fait partie d’un espace multilinguistique et multiculturel, avec des influences et des articulations spécifiques à prendre en compte. Il est essentiel de tirer profit de ces différences. La question cruciale est de savoir comment construire un continent basé sur l’homogénéité, l’harmonie et le partage des connaissances, des expertises et des travaux structurels ou stratégiques à accomplir.

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Le continent africain présente des enjeux majeurs en termes de sécurité globale, de sécurité environnementale et de gestion des menaces. Aujourd’hui, l’Afrique est considérée comme l’épicentre mondial du terrorisme, toutes obédiences confondues, ce qui constitue un paramètre important à prendre en compte.

Dans son discours de 2014 à Bruxelles, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a évoqué les menaces pesant sur l’espace maritime atlantique, notamment la piraterie maritime : « Dans un processus de sécurité et de stabilité, c’est cela qui constitue une priorité centrale. Ce noble objectif ne pourrait être pleinement atteint que si les menaces transnationales qui pèsent sur la paix et la sécurité des continents sont combattues avec force et vigueur, partout et ensemble. Le terrorisme, les actes de piraterie, le crime organisé, le trafic d’êtres humains, de drogues et d’armes requièrent, en effet, des réponses concertées, inclusives et solidaires. »

Saoudi a relaté que cette feuille de route s’articule autour d’une harmonisation globale, d’une connectivité, d’une mise à niveau des infrastructures et du numérique. Cet espace représente près de 14 000 kilomètres carrés avec des ports importants, et les enjeux sont considérables, notamment ceux liés à la littoralisation. Il est impératif de considérer la mer comme un continuum du territoire, une vision clé pour le désenclavement des zones isolées. Les prospectivistes redoutent le jour où la jonction entre terrorisme et piraterie se réalisera, d’où l’importance d’un travail d’anticipation par les États individuels et les organisations régionales. Cet espace maritime de la façade atlantique, situé entre deux communautés économiques régionales, la CEDEAO et la communauté des États d’Afrique de l’Est, nécessite un travail de sécurisation important en raison des richesses telles que le pétrole et le gaz qu’il renferme.

Saoudi a observé que dans cet espace maritime, 1 000 bateaux transitent quotidiennement. Cependant, l’Afrique est l’épicentre de la piraterie mondiale. L’objectif est de combattre la piraterie en amont. Le discours royal insiste sur un autre problème : le circuit criminel qui mène au blanchiment d’argent. Le Maroc, conforme aux standards internationaux grâce aux réformes entreprises dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, inspire désormais de nombreux pays.

Le Maroc possède un atout majeur : sa position géographique. Le Royaume est un point nodal de la façade atlantique, lui conférant une position stratégique significative, notamment par son ouverture sur le monde et le monde arabe.

Hassane Saoudi a rapporté la déclaration d’un think tank brésilien à propos du Maroc, disant que : « Le pays représente un intérêt pour le Brésil. Le Royaume se positionne comme une locomotive de la construction d’un vaste pôle géopolitique, nous reliant par la géographie et des intérêts communs. Le Brésil, porté par sa vocation maritime, reconnaît dans l’Atlantique une partie de ses intérêts stratégiques vitaux. Il serait judicieux de considérer le Maroc comme un interlocuteur important, représentant la confluence entre la Méditerranée, le Maroc et l’Afrique, ainsi que sur des zones d’intersection entre l’Atlantique Nord et Sud. Une analyse plus attentive sur le Maroc, espace de dialogue et de coopération autour du triptyque : sécurité, défense et développement, est nécessaire ».

Saoudi indique que c’est une initiative royale altruiste dans le partage et la générosité. En effet, le Maroc est un pilier de la construction d’une nouvelle identité atlantique, une force de co-construction, de générosité et de partage, s’inscrivant dans ce processus de développement humain.

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