Hausse des discriminations et des actes racistes en France, selon un rapport officiel
Le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), sur la situation en France de la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, publié jeudi, pointe la permanence des clichés et souligne la hausse du nombre d’actes et discours à caractère raciste.
Le rapport 2019, qui doit être remis aujourd’hui au Premier ministre, Edouard Philippe, intervient alors que les manifestations contre le racisme et les violences policières se multiplient un peu partout en France depuis plus de quinze jours, dans le sillage de la mobilisation mondiale suite au décès de George Floyd un Afro-américain asphyxié par un policier blanc lors de son arrestation le 25 mai à Minneapolis.
Ce rapport, qui s’appuie sur les réponses d’un échantillon de 1.323 personnes, révèle la persistance des stéréotypes, discriminations et actes racistes, même s’ils s’expriment parfois de manière plus indirecte. « Tel un virus, le racisme mute et chaque mutation le rend plus dangereux », alertent les auteurs.
Ainsi, 45 % des personnes interrogées sont convaincues que « l’islam est une menace pour l’identité de la France » (+ 1 point par rapport à 2018) ; 37 % jugent que « l’immigration est la principale cause de l’insécurité » (+ 3 points); 59 % sont persuadés que « de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale » (+ 2 points) ; 60 % pensent que « les Roms (qui restent la minorité la plus stigmatisée) exploitent très souvent les enfants » (– 3 points); et 34 % continuent de penser que « les juifs ont un rapport particulier à l’argent » (– 2 points).
Selon le rapport, c’est dans la sphère du travail que « l’origine » (au sens large nationalité, lieu de résidence, apparence physique, langue, patronyme) demeure une des principales sources de discriminations. Ce phénomène touche autant le secteur public que le privé.
Le rapport, qui consacre un chapitre au racisme anti-Noirs, souligne que les personnes noires sont particulièrement discriminées, qu’il s’agisse de l’accès au logement, de l’emploi ou encore du travail, où elles occupent « encore trop souvent une place subalterne dans la société française ». Quel que soit leur parcours ou leur milieu social, ces personnes considèrent également les forces de l’ordre comme un danger potentiel, en particulier pour les jeunes hommes. « C’est la culture professionnelle et les pratiques des forces de l’ordre qui doivent donc être remises en cause », estiment les auteurs du Rapport.
La CNCDH enregistre, par ailleurs, une hausse des actes et des discours à caractère raciste en 2019. Elle épingle aussi l’ampleur du « chiffre noir » (actes qui échappent au radar de la justice) qui « reste à évaluer ». « Largement sous-déclarés, le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie se manifestent souvent à travers des formes de rejet subtiles parfois difficiles à caractériser et à dénoncer pour les personnes qui en sont victimes », estime le Rapport.
La CNCDH, qui recommande depuis plusieurs années à l’Etat français de se doter d’une autorité indépendante de régulation, pointe en outre une hausse des discours de haine sur Internet.
Dimanche dernier, le Président français Emmanuel Macron avait évoqué, lors d’un discours, la mobilisation contre le racisme et les violences policières que connait la France à l’instar d’autres pays du monde, affirmant que la France se montrera « intraitable » face au racisme.