Hausse des droits universitaires : un traitement préférentiel pour les pays francophones?
Face au tollé suscité par la mesure du gouvernement d’augmenter les droits universitaires pour les étudiants non-communautaires, une mesure qui va à l’encontre des « valeurs universalistes » de la France, un député français propose de réserver « un traitement particulier » aux étudiants de pays francophones avec lesquels « la France entretient un lien historique fort ».
Dans le cadre de sa stratégie d’attractivité des étudiants internationaux, baptisée « Bienvenue en France », annoncée en novembre dernier, le gouvernement français a décidé d’augmenter les droits d’inscription pour les étudiants extra-communautaires. Des frais qui vont passer, pour la licence, à 2 770 euros (contre 170 euros actuellement) et à 3.770 euros pour le master contre 243 euros. Une mesure surprise qui avait suscité la polémique dans l’hexagone mais également dans les pays concernés.
Pour M’jid El Guerrab, député de la 9e circonscription des Français de l’étranger, cette mesure, en plus de porter un coup à la promotion de la francophonie, aujourd’hui «primordiale pour gagner la bataille de l’influence économique et culturelle », elle crée « un sentiment d’injustice » voire de «francophobie » dans des pays traditionnellement amis de la France.
Il a également tiré la sonnette d’alarme, dans un communiqué parvenu à la MAP, sur « la gravité des risques encourus avec une telle mesure qui pénalise grandement les étudiants africains, qui représentent à peu près 60 % des étudiants étrangers et qui sont tendanciellement issus de milieux socio-économiques beaucoup moins favorisés que les autres ».
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« Non seulement le nombre d’étudiants étrangers en France est susceptible de chuter, en raison d’un « effet d’éviction » dénoncé par la Cour des comptes, mais cela risque également d’accroître l’exclusion des étudiants internationaux pour des raisons économiques », affirme-t-il, en dénonçant « une sélection par l’argent qui va à l’encontre de la tradition républicaine et universaliste », de la France.
Pourtant, affirme ce député représentant les Français résidant au Maghreb et en Afrique de l’Ouest, « des solutions existent. J’en vois au moins trois faciles d’application que je porte avec l’ensemble du groupe Libertés et Territoires à l’Assemblée nationale ».
L’une de ces solutions consiste à « établir un traitement particulier en matière de frais d’inscription dans les universités françaises pour les ressortissants des pays francophones, avec lesquels la France entretient un lien historique fort, notamment en termes d’aide publique au développement ».
Deux autres solutions peuvent être trouvées à ce problème, affirme M’Jid El Guerrab. L’une porte sur l’établissement de frais d’inscription progressifs en fonction des revenus des parents de l’étudiant. Uant à l’autre, il s’agit d’accorder un prêt d’honneur s’appuyant sur des financements publics, comme ceux de l’Agence Française de Développement et permettant aux étudiants sélectionnés par Campus France de financer leurs études. « Ce prêt serait remboursable à la fin des études, dès lors que l’étudiant concerné aurait trouvé un emploi », explique-t-il.
Et de conclure qu’il « est temps que la France retrouve ses valeurs universalistes qui font la fierté de la nation française et lui permettent de rayonner dans le monde ».