Hausse du prix du gaz butane : la dure explication du gouvernement
Face à l’inflation de plus en plus tendue, le gouvernement envisage une nouvelle augmentation du prix du gaz butane, source de vives inquiétudes parmi la population. Après une première hausse de 10 dirhams en mai 2023, le prix des bouteilles de gaz de 12 kg est désormais de 50 dirhams, une mesure qui a déjà suscité des grincements de dents, et qui pourrait bien se répéter cette année, portant le coût à 60 dirhams. Une perspective qui inquiète particulièrement les ménages aux revenus modestes.
Le gouvernement, confronté à un déficit du fonds de compensation, est contraint de réexaminer sa politique de subventions. En effet, la consommation annuelle de gaz butane au Maroc est estimée à 2,8 milliards de tonnes, ce qui implique une prise en charge par l’État de plus de 15 milliards de dirhams pour maintenir les prix à un niveau abordable. Pourtant, la décision de réduire progressivement ces subventions est déjà prise, avec l’objectif de renforcer la viabilité financière du fonds tout en allégeant le fardeau de l’État.
Le ministère de l’Économie et des Finances devrait officialiser très prochainement l’augmentation de 10 dirhams supplémentaires sur le prix de la bouteille de gaz de 12 kg, une décision qui devrait intervenir dans le courant de l’année 2025. Toutefois, le gouvernement a tenu à rassurer la population en précisant que cette nouvelle hausse ne coïncidera pas avec le mois du Ramadan, période de forte hausse de consommation de produits de première nécessité, notamment le gaz butane.
La hausse des prix des produits de première nécessité, dont le gaz butane, s’inscrit dans un cycle inflationniste qui pèse lourdement sur le budget des ménages. En 2023, l’inflation a continué d’augmenter, exacerbée par la guerre en Ukraine et les tensions mondiales, entraînant des hausses dans de nombreux secteurs, des produits alimentaires aux carburants. La récente réforme fiscale, visant à alléger la pression sur les classes moyennes, n’a pas totalement répondu aux attentes de la population.
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Le gouvernement a mis en place une réduction de l’impôt sur le revenu pour les travailleurs et les retraités, mais cette mesure, bien que bienvenue pour certains, ne compense pas l’augmentation continue du coût de la vie. La réforme, bien que progressive, fait grincer des dents. Les Marocains, déjà frappés par une inflation galopante, peinent à voir les effets de ces ajustements fiscaux, surtout ceux dont les revenus n’ont pas suivi la hausse des prix.
La réforme fiscale vise à redistribuer la richesse, mais l’inquiétude grandit quant à son efficacité réelle face à la situation économique actuelle. La question des subventions, en particulier pour les produits énergétiques, fait partie du débat public, et une partie de la population se demande si la suppression de ces aides ne risque pas d’aggraver la précarité pour les plus vulnérables.
L’impact social face à la ligne de défense du gouvernement
La hausse du prix du gaz butane est un nouveau coup dur pour les foyers marocains. Avec le coût réel d’une bouteille de gaz de 12 kg estimé à 96 dirhams, l’État subventionne encore près de 46,39 dirhams par bouteille. Cependant, avec l’augmentation envisagée, le gouvernement semble prêt à assumer une part de moins en moins importante de cette subvention, ce qui pourrait faire grimper le prix à 70 dirhams l’année prochaine. Cette perspective inquiète particulièrement les familles à faible revenu, déjà soumises à la pression d’une inflation qui touche tous les secteurs.
Le mois sacré du Ramadan, prévu pour mars, est souvent synonyme de hausse de la consommation de produits de première nécessité, et donc de hausse des dépenses pour les ménages. De plus, la réforme fiscale, bien qu’ayant pour but de soutenir les classes moyennes, ne suffit pas à alléger le fardeau des citoyens qui voient leurs ressources alimentaires et énergétiques fondre sous l’effet de l’inflation. Le Maroc se trouve à un carrefour, où l’équilibre entre soutien social et ajustements fiscaux reste fragile.
Dans ce contexte de plus en plus difficile, le gouvernement se défend en soulignant que ces augmentations font partie des « mesures et efforts visant à renforcer la protection sociale » à long terme. Le porte-parole du gouvernement, Mustafa Baitas, a en effet justifié ces hausses comme étant nécessaires pour financer l’aide directe aux citoyens les plus démunis, notamment à travers les aides ciblées du fonds de compensation.
Cependant, cette ligne de défense peine à convaincre certains observateurs et citoyens, qui estiment que ces mesures risquent de pénaliser davantage une population déjà fragilisée par des hausses continues des prix.
L’augmentation de 10 dirhams par an pour le gaz butane semble ainsi s’inscrire dans un cycle inflationniste difficile à maîtriser, mettant à l’épreuve la capacité de l’État à soutenir les ménages tout en gérant la transition énergétique et la réforme fiscale.