HCP: La situation socio-économique des ménages toujours bouleversée par la pandémie de Covid-19
Dans le cadre de son programme de suivi et d’évaluation des implications socio-économiques de la pandémie Covid-19, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) présente, dans ce qui suit, l’évolution des rapports sociaux Homme-Femme en termes d’emploi du temps dans toutes ses dimensions, notamment, le temps consacré à chaque type d’activités (rémunérées ou non rémunérées, loisirs, sociabilité, etc.), le partage des tâches domestiques (travaux ménagers, soins apportés aux enfants, etc.) et le mode de pratique, à distance, en présentiel, ou hybride, de travail, d’étude et de sociabilité.
Une thématique qui a été abordée, parmi d’autres, lors du troisième panel réalisé par le HCP du 11 octobre 2021 au 10 février 2022 avec l’appui du système des Nations Unies au Maroc. Ce panel, réalisé auprès d’un échantillon de 12 000 ménages, vise à appréhender les effets de la pandémie sur les inégalités socio-économiques, le comportement de résilience des ménages à en faire face et les perceptions des citoyens de l’évolution de leur vécu.
Retour au temps habituel affecté aux travaux domestiques d’avant-pandémie et désengagement des hommes après leur implication pendant le confinement
Travaux ménagers : les femmes y consacrent plus du 1/6 de leur journée et 6 fois plus que les hommes
Le temps journalier moyen alloué aux travaux ménagers à l’intérieur et à l’extérieur du domicile est de 2H 29 min pour les personnes âgées de 15 ans et plus, 2H 22 min pour les citadins et 2H 44min pour les ruraux. Les femmes y consacrent 4 H 17 min contre 38 min par les hommes, et les citadines 4H 04 min contre 4H 43 min par les rurales.
La durée moyenne réservée aux travaux ménagers à l’intérieur du domicile (cuisine, vaisselle, linge, etc.) est de 2H par jour (3H 51min pour les femmes et 05 min pour les hommes). Selon la catégorie sociale de la femme, ce temps est de 4H 36 min pour les femmes au foyer contre 3H 17 min pour celles actives occupées et de 4H 45 min pour les femmes mariées contre 2H 52 min pour les célibataires.
Le temps moyen affecté à ce genre de tâches a baissé de 37 min (36 min pour les femmes et 40 min pour les hommes) en comparaison avec la période de confinement où ce temps a enregistré une hausse moyenne de 33 min par jour par rapport à une journée normale d’avant le confinement. Il est à rappeler, selon les résultats du 2ème passage de ce panel, que cette hausse a concerné plus les hommes (40 min) que les femmes (28 min).
La part des femmes impliquées dans les travaux ménagers est de 92% contre 24% des hommes au niveau national, 26% en milieu urbain et 22% en milieu rural. La part des hommes impliqués dans ces travaux a reculé de près de la moitié en comparaison avec la période de confinement, soit 45% au niveau national, 49% en milieu urbain et 37% en milieu rural.
Dans ce contexte, parmi les hommes et les femmes qui exercent ou qui participent à ces travaux, 90% leur réservent la même durée qu‘avant la pandémie, 3,8% moins de temps et 1,4% plus de temps.
Les travaux ménagers à l’extérieur : plus grande implication des hommes et des femmes actives occupées
Le temps consacré aux travaux ménagers exercés à l’extérieur du domicile (courses, paiement de factures, affaires administratives, approvisionnement en eau et en bois, etc.) est en moyenne de 30 min par jour (33 min pour les hommes et 26 min pour les femmes). Ce temps est de 24 min pour les femmes citadines et de 34 min pour celles en emploi.
Les travaux ménagers à l’extérieur du domicile sont exercés par les hommes (75%) plus que les femmes (45,8%). Avec une proportion de 54,7%, les femmes citadines sont beaucoup plus impliquées, dans ces travaux, que celles résidant en milieu rural (28,1%) et les femmes actives occupées (65,4%) plus que les femmes au foyer (42,6%).
Le temps moyen habituellement consacré aux activités ménagères à l’extérieur du domicile n’a pas connu de changements en comparaison avec la période d’avant-pandémie pour plus de 90% des hommes et des femmes concernés par ces activités.
Accompagnement scolaire des enfants : les femmes s’en occupent plus que les hommes et y consacrent plus de temps
Le temps moyen alloué à l’accompagnement scolaire des enfants du ménage de moins de 15 ans est de 06 min par jour (8 min en milieu urbain et 2 min en milieu rural). Les femmes (27%) sont plus impliquées que les hommes (20%) dans ces tâches et les citadins (29%) plus que les ruraux (14%). Les personnes ayant un niveau d’études supérieur sont beaucoup plus nombreuses (54%) à exercer cette activité que celles ayant un niveau primaire ou collégial (24%), et y consacrent respectivement une durée moyenne de 15 min par jour (19 min pour les femmes contre 11 min pour les hommes) contre 06 min (09 min par les femmes contre 03 min par les hommes).
Ce temps a reculé de plus de 3 fois par rapport au temps journalier moyen accordé à cette activité pendant le confinement (25 min pour les femmes et 16 min pour les hommes).
Le temps habituellement réservé à l’accompagnement scolaire des enfants avant la pandémie n’a pas significativement changé pour près de 87% des personnes concernées par cette activité, 4,2% y consacrent plus de temps, 4,9% moins de temps et 4,4% ne l’exerçaient pas avant la pandémie.
Soins apportés aux enfants : les femmes y passent 5 fois plus de temps que les hommes
Le temps journalier moyen consacré aux soins des enfants est de 14 min. Il se répartit de manière inéquitable entre les hommes (04 min) et les femmes (24 min). L’engagement de la femme au marché de travail réduit ce temps en comparaison avec la femme au foyer, respectivement 19 min contre 31 min.
Prendre soin des enfants du ménage de moins de 15 ans (les besoins physiologiques, la garde, les jeux, etc.) est beaucoup plus l’affaire des femmes (72%) que des hommes (53%), des femmes au foyer (77%) plus que celles en emploi (69%).
Le temps moyen consacré aux soins des enfants est resté pratiquement le même comparé à la situation d’avant confinement pour 83% parmi ceux qui exercent ces activités, 4,5% y passent plus de temps et 7,6 % moins de temps.
Soins apportés aux personnes âgées et aux personnes dépendantes : les femmes s’y impliquent plus que les hommes et les célibataires plus que les mariés
Les soins apportés aux personnes âgées et/ou dépendantes du ménage, exercés par 10% des femmes et 6% des hommes, durent en moyenne 04 min par jour, 06 min pour les femmes et 02 min pour les hommes. Ce temps est de 09 min pour les femmes célibataires, contre 03 min pour les hommes célibataires, et de 09 min pour les femmes divorcées, contre 06 min pour les hommes divorcés.
Le temps moyen consacré aux soins fournis aux personnes âgées ou dépendantes est resté pratiquement identique à celui consacré habituellement à ces activités lors de la période d’avant pandémie pour 85% parmi les personnes qui exercent ces travaux. Ce temps a, toutefois, augmenté, pour 5,3% des personnes, et a diminué, pour 4,7%, alors que 5% n’exerçaient pas ces tâches avant la pandémie de la Covid-19.
Partage des travaux domestiques au sein du couple : l’égalité entre conjoints adoptée par 1 couple sur 10 des instruits
Au sein du couple, les travaux domestiques (travaux ménagers à l’intérieur et à l’extérieur du domicile et les soins apportés aux enfants et aux personnes âgées et/ou dépendantes) sont principalement à la charge de la conjointe selon 75% des hommes et 79% des femmes ou sont délégués aux femmes ou/et aux filles du ménage autres que la conjointe selon 13,7% des hommes et 11,3% des femmes. Ces tâches sont prises en charge pricipalement par le conjoint selon 5% des hommes et 2,6% des femmes.
Le partage équitable des tâches ménagères entre les conjoints au sein du couple est respecté par 5,6 % des hommes et 3,5% des femmes avec un niveau nettement plus élevé parmi les plus instruits (13,8% selon les hommes et 9,6% selon les femmes).
L’appropriation des tâches ménagères est un peu plus atténuée par les femmes actives occupées (73% contre 82% des femmes au foyer), les plus âgées (72%) et les femmes ayant un niveau scolaire supérieur (72,3%).
Satisfaction vis-à-vis du partage des travaux domestiques au sein du couple en dépit de leur inégale répartition entre les conjoints
Cette situation d’inégalité dans le partage des charges domestiques s’avère acceptée par les deux partenaires du couple et satisfait plus de 95% d’entre eux (87% des hommes et 85% des femmes sont satisfaits et respectivement 11% et 12% sont moyennement satisfaits). Ni l’âge ni le niveau scolaire ni l’activité ne semblent rendre mitigé ce constat.
Les nouvelles technologies de communication : mode de socialisation et de distraction adopté plus par les étudiants et les instruits
Le temps moyen d’utilisation des Smartphones, des tablettes ou ordinateurs pour la communication, la socialisation et les loisirs à travers les réseaux sociaux est de 48 min, 54 min pour les hommes et 42 min pour les femmes, 1H pour les citadins et 26 min pour les ruraux. Ce temps est plus long pour les personnes ayant le niveau des études supérieures (1H 35 min contre 17 min pour les sans niveau scolaire), pour les étudiants (1H 45 min contre 50 min pour les actifs occupés et 37 min pour les femmes au foyer), les jeunes de 15 à 24 ans (1H 31 min contre 36 min pour les personnes âgées de 45 à 59 ans).
En comparaison avec l’avant pandémie, 88% des utilisateurs de ces moyens à des fins de socialisation s’en servent autant qu’avant la pandémie, 5,5% les utilisent plus, 4,8% moins et 1,7% ne l’utilisaient pas auparavant.
Sociabilité avec la famille et les amis : Recul de la sociabilité physique par rapport à l’avant pandémie
La fréquence d’échange des visites et des rencontres avec les membres de la famille et les amis est en moyenne d’une seule fois par mois pour 38% des marocains, de 2 à 3 fois par mois pour 43%. Ces échanges sont plus fréquents (plus de 2 fois par mois) pour 18%, 17% pour les citadins et 21% pour les ruraux.
Près de la moitié des marocains (47%) rencontrent leurs familles et amis autant de fois qu’avant la pandémie, 28% le font moins régulièrement, 2% plus de fois et 7% ne le font plus. 14% ne le faisaient pas avant la pandémie et continuent de ne pas le faire.