Huelva: une délégation marocaine s’informe des conditions de recrutement des saisonnières
Une délégation marocaine du ministère du Travail et de l’Insertion professionnelle et de l’Agence nationale de la Promotion de l’Emploi et des Compétences (ANAPEC) a effectué, lundi, une visite de deux jours à Huelva (sud-Espagne), dans le cadre des préparatifs de la prochaine campagne de recrutement des saisonnières marocaines dans les exploitations agricoles de fruits rouges.
A cette occasion, les responsables marocains et espagnols se sont accordés sur le besoin de réunir les conditions de succès de cette opération afin que la prochaine campagne se déroule dans les meilleures conditions au profit des ouvrières marocaines.
Le secrétaire général du ministère du Travail et de l’Insertion professionnelle, Noureddine Benkhalil, a expliqué à la MAP que cette visite s’inscrit dans le cadre du programme de partenariat entre l’Espagne et le Maroc concernant la migration saisonnière.
“Il faut souligner que le modèle de partenariat objet de la visite d’aujourd’hui est une expérience exemplaire. C’est une bonne pratique de l’avis de toutes les institutions européennes où l’expérience a toujours été citée comme un modèle. Certes, elle a besoin d’être améliorée, enrichie mais aussi sauvegardée ”, a affirmé le responsable marocain.
L’objet de la réunion maroco-espagnole est d’identifier les moyens d’améliorer, de part et d’autre, cette expérience exemplaire, ont souligné les deux partenaires.
“Les relations politiques entre les deux pays sont excellentes. En ce qui concerne ce modèle, nous pouvons y apporter des améliorations”, a précisé Benkhalil.
Au cours de cette réunion, le Maroc et l’Espagne se sont engagés à rehausser la qualité de ce programme, que ce soit au niveau de la sélection et de l’accompagnement ou au niveau de l’anticipation des besoins des journalières marocaines.
La délégation marocaine a insisté sur le besoin de garantir aux journalières marocaines le minimum garanti en termes de jours de travail pour qu’elles puissent avoir un revenu respectable. De même, il était question de revoir certains aspects de ce contrat de travail, précisément au niveau des conditions d’accueil et d’hébergement, ainsi qu’en terme d’assistance médicale et sociale.
A cet effet, les autorités marocaines en charge de ce dossier ont revendiqué, durant cette rencontre, l’importance de renforcer le rôle des médiateurs ainsi que leur effectif. De même, il est question de faire appel à des agents sociaux marocains afin qu’ils puissent communiquer avec les saisonnières et transmettre leurs requêtes ou doléances. De surcroît, la délégation marocaine a attiré l’attention des autorités espagnoles sur l’importance d’encadrer les saisonnières et les encadrer à travers un programme culturel et social, afin que leur séjour soit ponctué de moments de détente et d’apprentissage.
“Nous sommes confiants. C’est une expérience exemplaire qu’il faut rehausser et ce, dans l’intérêt des deux pays qui sont liés par un partenariat stratégique”, affirme Benkhalil.
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Présent à cette réunion, Abdelmounaim Madani, directeur général de l’ANAPEC, a déclaré à la MAP qu’il est important de relever que les saisonnières marocaines sont un facteur de production fondamental reconnu par les producteurs espagnols eux-mêmes.
“C’est un modèle de migration sur lequel nous veillons et cette année nous voulons nous investir davantage pour le consolider et démontrer que notre pays est en mesure de développer un modèle de migration légale et humanisée”, a-t-il soutenu.
A cette occasion, l’ANAPEC a annoncé une réorientation de cette campagne préparatoire afin de l’axer davantage sur le volet social et humain. Parmi les actions phares prévues, une prise en charge individuelle des femmes candidates pour une meilleure sensibilisation sur leurs droits. “Cette année, nous allons remonter en puissance par rapport au contenu social et humain de cette opération. C’est la garantie que cette opération puisse se dérouler à la satisfaction des deux parties”, a étayé Madani.
De son côté, José Alarcon Hernandez, directeur général des migrations au ministère espagnol du travail, de la migration et de la sécurité sociale a souligné dans une déclaration à la MAP que cette réunion de travail est “une rencontre importante, vu que l’ensemble des acteurs impliqués dans ce processus sont présents. La réunion s’est déroulée dans un climat de confiance et de complicité car nous avons un objectif commun, celui de voir cette opération couronnée de succès”.
Le responsable espagnol a ajouté que cette campagne de recrutement est à l’avantage des deux pays, et pour cela « nous voulons prendre soin du processus, être attentifs à chaque étape et phase de la campagne« , a-t-il précisé.
Selon lui, les mesures de suivi et les différents aspects de la campagne, à commencer par la préparation, seront accentuées.
« Nous avons déjà eu l’occasion de mener des réunions au Maroc et nous allons poursuivre ce processus avec attention à partir de l’administration centrale à Madrid”, poursuit-il, “pour nous c’est un exemple de migration légale, ordonnée et sûre. Nous voulons que tout se passe dans les meilleures conditions”.
“Avec l’aide du gouvernement andalou, nous allons insister pour que ces travailleuses non seulement viennent pour remplir une mission professionnelle mais qu’elles puissent avoir accès à d’autres expériences et à des formations”, s’est-il engagé.
Pour sa part, le gouvernement andalou a fait part de sa détermination à veiller au respect des droits des travailleuses marocaines et l’accomplissement des engagements souscrits par les patrons des exploitations agricoles. A cet effet, Francisco José Romero Rico délégué du gouvernement de la Junta d’Andalousie, tout en reconnaissant les failles dans les précédentes campagnes, s’est engagé au nom de son gouvernement, à mettre en place un réseau de médiateurs. Ceux-ci seront à l’écoute des journalières, avec l’appui du département de la santé, de l’emploi et de l’Institut andalou de la femme.
“Les saisonnières seront encadrées pour être au fait de leurs droits et obligations”. De même, il a souligné que des subventions sont accordées aux patrons des exploitations afin que ces derniers mettent en place un programme social au profit des journalières durant leur séjour.
La visite de travail de la délégation marocaine se poursuit mardi avec une inspection des exploitations agricoles afin de s’arrêter sur les conditions d’accueil des saisonnières marocaines.