Importation de gaz, l’Espagne un bon substitut
Les importations de gaz naturel depuis l’Espagne vers le Maroc ont connu une forte augmentation en janvier 2024, enregistrant une hausse de 61,9 % par rapport à la même période de l’année précédente. Un volume de 868 gigawattheures (GWh) transite par le gazoduc Maghreb-Europe (GME), dépassant 90 % de la capacité du pipeline. Le Maroc est désormais le deuxième client en gaz naturel espagnol, s’accaparant 12,5 % des exportations espagnoles de gaz naturel liquéfié (GNL).
Le gazoduc entre le Maroc et l’Espagne fonctionne à plein régime, avec une capacité de 960 GWh par mois. En 2022, le Royaume a fait son entrée sur le marché international du GNL, sécurisant l’approvisionnement des centrales de Tahaddart et de Ain Beni Mathar. Le gaz importé à l’état liquide, en provenance des États-Unis, passe ensuite par une unité de regazéification dans le sud de l’Espagne avant d’atteindre le Maroc via le gazoduc Maghreb-Europe (GME) en flux inversé.
La ministre de la transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, a déclaré que le Maroc diversifiera ses sources d’approvisionnement en gaz naturel et s’apprête à signer un deuxième contrat à moyen terme sur le marché international du GNL. Le marché du GNL est un vecteur d’accélération pour les énergies renouvelables, l’abandon des énergies fossiles, la décarbonation de l’électricité et de l’industrie, ainsi qu’une réduction de la facture énergétique.
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Sur le contexte géopolitique, après l’arrêt des livraisons algériennes, le Maroc s’est tourné vers l’Espagne pour assurer son approvisionnement en gaz. Grâce à l’inversement du gazoduc Maghreb-Europe, le Royaume a pu importer du GNL du marché international via les ports méthaniers espagnols. Le Maroc a multiplié par quatre ses importations de GNL en 2023, accaparant 12,5 % des exportations espagnoles. Cette hausse exponentielle est due à la baisse des prix sur le marché mondial, rendant le gaz plus abordable.
Quid de la baisse ?
La récente baisse du prix du gaz s’explique par plusieurs facteurs concordants. Tout d’abord, l’arrêt de l’approvisionnement en gaz russe suite aux sanctions occidentales a joué un rôle majeur. En réponse, le gaz naturel liquéfié (GNL) est devenu une alternative évidente. Les États-Unis, en tant que producteurs importants de gaz de schiste, ont contribué à cette dynamique. Le prix du gaz américain a continué de baisser, principalement grâce à des quantités importantes de GNL inondant le marché mondial. Cette situation découle de deux facteurs clés : une production domestique excédentaire et un niveau de stockage très élevé.
Pour étayer cette affirmation, examinons les données du deuxième trimestre 2023. L’offre américaine de GNL était si abondante que le prix du GNL américain a chuté de 19 % par rapport au trimestre précédent. Globalement, les prix du GNL restent modérés grâce à la convergence de plusieurs facteurs, notamment l’abondance de la production mondiale et la baisse relative de la demande internationale.
Les prévisions pour 2024 sont optimistes. Les experts internationaux estiment que la courbe des prix continuera de baisser, car la production mondiale de gaz devrait augmenter d’environ 30 % au cours des trois prochaines années, avec une quantité supplémentaire de 140 millions de tonnes métriques. Deux grands producteurs mondiaux, le Qatar et l’Amérique du Nord, augmenteront leur volume de production, renforçant ainsi l’offre globale.
Cette prédiction positive est une bonne nouvelle pour le Maroc. Au cours des onze premiers mois de 2023, le Maroc a réussi à réduire sa facture énergétique. Selon les chiffres de l’Office des Changes, le Maroc pourra confortablement garantir son approvisionnement en gaz. De plus, le passage du gaz par les installations portuaires espagnoles se fera à des tarifs raisonnables.
Par ailleurs, le Royaume a signé un contrat avec le géant britannique Shell le 14 juillet 2023. Ce contrat prévoit la livraison annuelle de 500 millions de mètres cubes de gaz sur les 12 prochaines années. Cette initiative permettra de répondre aux besoins du Maroc en matière de production électrique, car une grande quantité de gaz sera acheminée vers les centrales électriques.