Inflation et sécheresse : Des fléaux sociaux creusant l’inégalité
L’inflation persistante et la sécheresse, selon le douzième rapport annuel du Conseil économique, social et environnemental (CESE), contribuent à accroître les inégalités sociales au Maroc. Le rapport met en évidence quatre obstacles majeurs : l’augmentation des prix alimentaires, la faible participation des femmes sur le marché du travail, la rentabilité limitée des investissements, ainsi que la pénurie de personnel médical. De plus, une attention particulière est portée à la situation préoccupante de la pénurie d’eau, qui représente une menace majeure pour l’agriculture et la sécurité alimentaire. Ces problèmes exposés dans le rapport du CESE contredisent le slogan de la campagne électorale législative, où le candidat Aziz Akhannouch avait déclaré à l’endroit des Marocains, « Vous méritez mieux ».
Il est indéniable que les promesses et les déclarations d’amour entre les politiciens et les électeurs appartiennent désormais au passé. L’idylle a été de courte durée, car la réalité a rapidement rattrapé cette romance politique. En effet, l’inflation, le chômage, la sécheresse, le séisme et le rejet des réformes mettent en évidence le gouvernement et sa majorité dépassés par les évènements. Conséquence, les inégalités sociales se creusent.
Dans ce contexte, le rapport du CESE dresse un sombre tableau des perspectives économiques de 2023, caractérisées par un degré élevé d’incertitude en raison de l’inflation persistante et des préoccupations climatiques. La croissance économique devrait passer de 8% en 2021 à seulement 1,3% en 2022, confirmant ainsi le caractère cyclique de la reprise en 2021.
L’inflation continue des prix alimentaires, causée par divers facteurs, a un impact négatif sur le pouvoir d’achat de la population, en particulier sur les classes moyennes et à faible revenu. Les Marocains méritent mieux, mais selon le CESE, cette situation conduit à une augmentation des inégalités sociales. Le Conseil recommande donc de lutter contre les pratiques anticoncurrentielles, de réformer les marchés de gros et de soutenir les intrants agricoles.
Le slogan « Vous méritez mieux » s’est littéralement évaporé depuis l’élection du candidat Akhannouch au poste de chef de gouvernement. L’inflation a atteint des niveaux explosifs, aggravant la pauvreté et la vulnérabilité des groupes les plus défavorisés. Le taux de chômage a dépassé les 4,5%, un niveau jamais enregistré depuis l’an 2000, selon le HCP. Aujourd’hui, plus de 8 millions de personnes sont exclues de la couverture santé après avoir été transférées du programme « Ramed » au régime « Amo Solidarité ». De plus, de nombreux diplômés marocains se voient priver de leur droit constitutionnel au travail en raison du plafonnement de l’accès à l’emploi public à 30 ans. La dette nationale a également atteint 70% du produit intérieur brut.
Le Conseil est également préoccupé par la faible participation des femmes dans l’économie, qui connaît une diminution structurelle depuis des années. Cela limite la contribution des femmes au développement économique du pays et accroît leur vulnérabilité économique. Le Conseil propose ainsi de valoriser le travail des femmes au foyer, de garantir un revenu minimum pour celles-ci, d’adapter les sources de financement à leur situation et de réviser le Code de la famille (Moudawana) afin de protéger les droits économiques des femmes.
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En ce qui concerne l’efficacité des investissements, le Conseil reconnaît les efforts déployés par le Maroc pour améliorer l’environnement des investissements, mais souligne la nécessité d’augmenter la rentabilité des investissements. Cela passe notamment par l’amélioration de la qualité des investissements publics, l’investissement dans la recherche et le développement, ainsi que le soutien aux investissements dans le secteur social et solidaire. Bien que le Maroc affiche l’un des taux d’investissement les plus élevés au monde (représentant plus de 30% du PIB), son impact sur la croissance économique et l’emploi demeure faible.
Une autre préoccupation est la pénurie de personnel médical, aggravée par l’exode des professionnels de la santé. Cette situation risque de compromettre la qualité des soins de santé et l’accès des citoyens à ces services. Le Conseil recommande donc d’accroître la rotation et la mobilité des professionnels de la santé, de mettre en place un système de rémunération incitative et de renforcer les capacités et les compétences des professionnels.
Cependant, le CESE accorde une attention particulière à la pénurie d’eau, l’un des plus grands défis auxquels le Maroc fait face. Il appelle à une mobilisation nationale afin d’assurer la sécurité de l’eau et de garantir la durabilité de ses ressources. Plusieurs mesures sont ainsi préconisées, comme l’élaboration d’un plan national de lutte contre la sécheresse, reposant sur un système d’alerte précoce, l’établissement d’un mécanisme institutionnel d’arbitrage et de coordination en période de sécheresse, ainsi que l’amélioration des économies et de l’efficacité de l’utilisation de l’eau.