Inflation sous la loupe: Quelles perspectives pour 2025 ?
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L’année 2024 aura été celle des défis économiques, avec une inflation persistante qui a façonné le quotidien des Marocains et mis à l’épreuve la stabilité macroéconomique du pays. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), les données révèlent une augmentation annuelle de 0,8 % en novembre 2024, comparée à l’année précédente, malgré une légère accalmie mensuelle de 0,2 %. Ces variations illustrent les défis persistants d’une économie en quête de stabilité face à des conjonctures incertaines et traduisent une évolution contrastée : tandis que les produits alimentaires et non alimentaires ont connu une hausse générale sur un an, des fluctuations ponctuelles à la baisse apparaissent.
Un environnement économique sous pression en 2024
Les prévisions optimistes de début d’année de Bank Al-Maghrib et du gouvernement qui tablaient sur un reflux de l’inflation à 1,3 %, ont été balayées par une réalité plus rude et plus complexe alimentée par des tensions sur les marchés internationaux, une sécheresse prolongée et la volatilité des prix de l’énergie. La conjoncture a été marquée par une flambée des prix des produits énergétiques, en particulier de l’électricité et du gaz, qui ont impacté l’ensemble de l’économie en renchérissant les coûts de production et de transport. Parallèlement, le secteur agricole, moteur essentiel de l’économie marocaine, a subi de plein fouet une sécheresse persistante qui a accru la dépendance du pays aux importations alimentaires. Ces difficultés ont été exacerbées par un contexte mondial incertain, où les fluctuations des cours des matières premières ont pesé sur les importations du Royaume.
Les ménages marocains, notamment ceux des classes moyennes et modestes, ont dû composer avec un pouvoir d’achat érodé, les denrées alimentaires de première nécessité enregistrant des hausses notables. Face à cette pression économique croissante, les manifestations sporadiques et les revendications sociales se sont multipliées, révélant l’urgence d’actions gouvernementales efficaces pour contenir l’inflation et protéger les citoyens les plus vulnérables. Mais bien que des subventions ciblées et des mesures de contrôle aient été annoncées par les autorités, leur impact reste limité face à l’ampleur des besoins.
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2025 : L’année de la décision
À l’aube de 2025, le Maroc doit impérativement revoir sa stratégie économique pour contenir l’inflation et renforcer sa résilience face aux chocs extérieurs. Car si l’été 2024 a été marqué par une recrudescence de l’inflation, les mois suivants ont enregistré une stagnation relative, laissant prévaloir une hausse globale des prix par rapport à 2023. Un facteur décisif expliquant cette situation reste la persistance de la sécheresse, contraignant le Maroc à importer davantage de produits agricoles. Cette dépendance a accéléré la transmission des fluctuations des prix internationaux aux consommateurs marocains
Par ailleurs, la campagne agricole 2024-2025, qui avait commencé sous de bons auspices, a été compromise par une baisse significative des précipitations en novembre et décembre. Cette tendance inquiète les experts, car une mauvaise récolte agricole exerce une pression directe sur les prix des denrées alimentaires de base. Déjà, les prévisions pour 2025 oscillent entre prudence et incertitude et l’année s’annonce déterminante. Le gouvernement ambitionne de ramener l’inflation à 2 %, tandis que Bank Al-Maghrib anticipe un taux légèrement plus élevé de 2,5 %, sous réserve des évolutions climatiques et des dynamiques des marchés internationaux. Pour y parvenir, plusieurs leviers stratégiques devront être actionnés notamment la stabilisation des prix de l’énergie. De fait, la hausse continue des coûts énergétiques doit être freinée par une politique plus ambitieuse en matière d’énergies renouvelables et une rationalisation des subventions. En plus, il faut renforcer l’autosuffisance alimentaire. En effet, l’essor de l’agriculture marocaine devra passer par une meilleure gestion des ressources hydriques et une modernisation accrue du secteur. D’autant plus qu’il faudrait protéger le pouvoir d’achat. Des mécanismes de soutien aux ménages, conjugués à une réforme fiscale ciblée, seront indispensables pour éviter une détérioration sociale accrue..
Vers une résilience économique accrue
L’inflation en 2024 a mis en évidence les fragilités d’un modèle économique encore trop exposé aux facteurs exogènes. Mais elle offre aussi l’opportunité de repenser les fondements du modèle économique du pays. L’année 2025 devra être celle d’une adaptation stratégique, où des décisions structurelles permettront d’assurer une croissance inclusive et durable. Il ne s’agit plus uniquement de contenir l’inflation, mais bien d’anticiper les défis futurs en renforçant les fondations économiques du Maroc. L’efficacité de ces réformes dépendra de la capacité du gouvernement à instaurer des mécanismes d’adaptation durable, combinant vision stratégique et pragmatisme économique. Seule une telle approche permettra au pays de sortir renforcé de cette période d’incertitude et de construire un avenir économique plus résilient.