Les institutions de l’Union européenne solennellement saisies du détournement de l’aide humanitaire par le polisario
A plus d’un an de la révélation par un rapport de l’Office européen antifraude (OLAF) de détournements massifs par le polisario de l’aide humanitaire européenne destinée aux séquestrés de Tindouf, dans le sud ouest algérien, l’agence internationale pour le développement (AIDE-Fédération) a solennellement saisi les institutions européennes, les interpellant sur les suites qu’elles ont réservées au rapport de l’OLAF.
Dans des lettres adressées à toutes les instances européennes (Parlement, Conseil, Commission), l’agence internationale pour le développement, qui est une organisation non-gouvernementale d’action humanitaire et d’aide au développement, dotée du statut consultatif général par le Conseil économique et social des Nations-Unies, appelle l’Union européenne à agir pour mettre un terme à ces détournements et prendre toutes les mesures qui s’imposent à l’encontre de leurs auteurs.
L’agence, qui rappelle avoir été à l’origine de la demande visant à rendre public le rapport de l’OLAF, exige dans ces lettres adressées par la voie de ses avocats à Bruxelles, que toute la lumière soit faite sur ces détournements.
Elle rappelle également que le parlement européen avait, dans sa résolution relative à la décharge budgétaire pour l’exercice 2013, demandé à la Commission européenne de fournir des éclaircissements sur les mesures prises en réponse aux conclusions du rapport de l’OLAF, de veiller à ce que les individus algériens ou sahraouis incriminés n’aient plus accès à l’aide financée par les contribuables européens, ainsi que de réévaluer l’aide de l’UE et l’adapter aux besoins réels des populations.
Le Parlement européen a également relevé que, selon un rapport d’enquête du HCR des Nations-Unies, l’absence d’enregistrement de la population pendant une période aussi prolongée constitue une situation anormale et unique dans les annales des Nations-Unies.
L’agence relève qu’à ce stade aucune déclaration n’a fait état d’une position claire de l’UE à ce sujet, afin de donner suite aux conclusions du Parlement européen et ce, malgré les contacts qu’elle a établis, l’année dernière, avec différentes autorités compétentes notamment au niveau de la Commission européenne et du bureau de Bruxelles de l’UN-HCR et du PAM.
Elle demande aux instances européennes de veiller à clarifier l’impact de l’inaction de l’UE pour contrecarrer la poursuite des détournements de l’aide européenne et de plancher sur cette situation devenue endémique dans cette zone sensible pour l’UE elle-même.
L’agence souligne qu’une telle situation met en péril les conditions de vie des populations séquestrées à Tindouf qui ne bénéficient pas de l’aide européenne et internationale malgré son volume surestimé par rapport aux nombres des familles.
Elle relève que le phénomène de détournement «est devenu tellement organisé et important que ses acteurs semblent avoir étendu leur aire de vente aux autres pays limitrophes, notamment le Mali, en plus de l’Algérie et la Mauritanie ».
Ce commerce, ajoute l’agence internationale, grâce au profit réalisé dans les détournements de l’aide humanitaire, «s’est converti dans des domaines illicites (drogue, armes, traite des êtres humains) menaçant la région de crises sécuritaires et d’élévation des flux migratoires ».
«L’absence de toute remise en cause du silence du front polisario, de plus en plus motivé par les profits illégaux que génèrent cette pratique inhumaine, et de la propagande politique algérienne sur la question des sahraouis présents sur son sol, devraient faire l’objet d’une condamnation internationale, à l’initiative de l’Union européenne», note l’agence.
Elle fait également remarquer que «l’absence d’une position ferme de l’UE vis-à-vis des résolutions du Parlement européen, vis-à-vis des recommandations du HCR et vis-à-vis du traitement occulté à la population sahraouie en Algérie, encourage d’une certaine façon les algériens ou sahraouis incriminés par le rapport de l’OLAF à poursuivre leurs activités illégales».
AIDE–Fédération appelle en définitive l’ensemble de l’Union européenne à oeuvrer à mieux quantifier l’aide humanitaire à travers l’enregistrement et le recensement des personnes vivant dans les camps, à appuyer les efforts du HCR dans cette entreprise, à s’assurer de manière continue de l’arrivée effective de cette assistance à ses véritables destinataires par des structures de réception, de supervision et de distribution autres que celles du pays d’accueil ou du front polisario.
Elle appelle également à effectuer un audit des organismes assurant la distribution de l’aide et qui ont été incriminés dans les rapports d’inspection, à écarter toutes les personnes et les institutions incriminées dans ces rapports et à procéder ou faire procéder au jugement des responsables de ces détournements et à la saisie des biens, surtout sur le territoire européen, illicitement acquis grâce à ces aides.