Invasion du sensationnalisme morbide dans notre quotidien
On s’amuse à inventer des rumeurs, sous diverses formes notamment des tweets, vidéos, photos… Des scoop qui se répandent comme une traînée de poudre sur les sites et réseaux sociaux à une vitesse vertigineuse, et les internautes eux-mêmes sont pris au piège du sensationnalisme même par ceux qui en font un moyen de publicité.
Un désir démesuré de buzz s’est saisi du webjournalisme et de certains sites d’informations qui, pris par la phobie d’être devancés, n’ont plus le temps de faire la part entre le mensonge et la vérité et lancent des informations peu fiables à privilégier les spéculations, la controverse, la fausse information et la désinformation. Il est regrettable que des fois, les internautes s’arrachent une publication quelconque pour son effet, le plus souvent, scandaleux et choquant pour se rendre compte à la fin que le suivisme a eu raison d’eux. Il suffit qu’une personne publie une publication qu’elle trouve sensationnelle et hop ! les partages et les clics vont bon train. Contre toute attente, on se rend compte, à la fin, que c’est une affaire qui date de plusieurs années et qu’on ressort sans se donner la peine de vérifier la date. Et là le ridicule l’emporte !
De combien de rumeurs et d’informations non fondées, non vérifiées et non canalisées par le sens des valeurs a-t-on inondé le monde par le biais des médias et des réseaux sociaux ? Pour un intérêt ou un enjeu insaisissable, on lance une information tissée de toutes pièces et le mécanisme est lancé. Et juste quelque temps après, on est comme frappé d’amnésie et on est à l’affût d’un autre scoop. Ce qui est tout de même hallucinant, c’est quand un démenti est fait et qu’au lieu de tuer la rumeur, il la démultiplie. La suspicion prend le dessus et se travestit en vérité implicite. « On ne nous dit pas la vérité ! On nous cache des choses ! » et surtout le fameux « il n’y a pas de fumée sans feu »…. Et que d’interprétations et de spéculations ! Toutefois, ce qui est désolant c’est que certains grands sites et grands titres se laissent appâter par l’effet du « scoop » et des informations abracadabrantes et se laissent entraîner par le flot.
Aujourd’hui, « l’information » est massive et abondante mais sans crédibilité, et c’est ce trop d’information qui tue l’information à travers ces moyens de communication de masse. Elle n’est plus contrôlée par les professionnels de l’information, qui sont en concurrence avec n’importe quel internaute. Ils ne peuvent plus jouer leur rôle de garde-frontière avant que l’information entre dans l’espace public. Coriaces, les rumeurs sont révélatrices des transformations profondes que subit la société. On n’a plus le temps d’écouter et d’analyser, le prêt-à-penser nous submerge. Caché derrière le pronom indéfini « on », le franc-tireur qui lance la rumeur n’est jamais connu. Si on peut la présenter en référence à une autorité sociale, cela donnera encore plus de crédibilité et de poids. Et plus la rumeur est véhiculée et partagée, plus elle impacte et devient potentiellement crédible. Elle court et s’infiltre partout.
En tout cas, engloutis par les rumeurs médiatiques qui envahissent le monde, on ne peut que se poser la question : la Vérité intéresse-t-elle vraiment les médias surtout orientés par d’autres enjeux ? A qui profite ce jeu médiatique guidé et animé par des lobbies et des intérêts qui font qu’on ne livre plus l’information brute ?