Investissement : Le gouvernement face à la rigidité des obstacles
Dans son discours en marge de l’ouverture de la première session de la 2ème année législative de la XIe législature, le Roi Mohammed VI a réitéré « la nécessité de lever les obstacles qui continuent d’entraver une relance effective de l’investissement national, sur tous les plans». Cette déclaration du Souverain intervient quelques semaines après que le Chef de gouvernement a reconnu la problématique de la relance de l’investissement, qui malgré l’attractivité du Maroc, peine à tirer son épingle de la conjoncture. Est-ce les choix politiques ?
«Aujourd’hui, Nous misons sur l’investissement productif en tant que levier essentiel pour la relance de l’économie nationale et l’ancrage du Maroc dans les secteurs prometteurs », a rappelé, vendredi, S.M. le Roi Mohammed VI, à l›occasion de l›ouverture de la première session de la 2ème année législative de la XIe législature.
La question de l’investissement devient plus que jamais une préoccupation majeure pour le gouvernement dans un contexte de relance économique, mais aussi de post-pandémie. Conscient de cette situation, le Chef de gouvernement Aziz Akhannouch s’est engagé au début de son mandat à accélérer le rythme de la croissance par l’investissement. Plus d’un an après sa désignation et plusieurs réunions du comité d’investissement, « les résultats obtenus sont en deçà des ambitions », selon le chef du gouvernement.
Pourtant, le Maroc jouit d’une stabilité politique, d’une situation géographique stratégique et d’infrastructures robustes, qui ont contribué à son émergence en tant que base régionale de fabrication et d’exportation pour les entreprises internationales.
C’est fort de tous ces potentiels que le Roi Mohammed VI, dans son allocution au Parlement, a exprimé son souhait que la nouvelle Charte nationale de l’investissement donne une impulsion tangible à l’attractivité du Maroc pour les investissements privés, tant nationaux qu’étrangers.
Cette volonté d’accroître le secteur que le Maroc encourage et facilite activement l’investissement étranger, en particulier dans les secteurs d’exportation comme l’industrie manufacturière, par le biais de politiques macroéconomiques positives, de la libéralisation des échanges, d’incitations à l’investissement et de réformes structurelles. Le plan de développement économique global du Maroc vise à transformer le pays en un centre d’affaires régional en tirant parti de son statut unique de nation multilingue et cosmopolite située au point focal tri régional de l’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient et de l’Europe. Au-delà de ces facteurs positifs, le gouvernement met en œuvre des stratégies visant à stimuler l’emploi, attirer les investissements étrangers, et l’amélioration des performances et de la production dans les principaux secteurs générateurs de revenus, tels que les industries automobile et aérospatiale. Mieux le Royaume continue de faire d’importants investissements dans les énergies renouvelables, avec une capacité actuelle de 4 GW, 5 GW en construction et 6 GW supplémentaires en phase de planification.
Au cours des six mois, l’exécutif avait fait « des efforts extraordinaires » pour encourager l’investissement privé. En outre, plusieurs programmes avaient été lancés et des réformes initiées. Cependant, le dilemme du déséquilibre entre investissement public et investissement privé semble insurmontable. C’est du moins ce qu’a déclaré le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch dans son allocution devant la salle du Conseil lors de l’heure des questions orales du mardi 10 mai 2022.
En 2022, les investissements représenteront 245 milliards de dirhams. Lors du Conseil sur l’investissement en mai 2022, Akhannouch a reconnu que malgré l’effort exceptionnel d’investissement public visant à relancer la croissance et à créer des emplois et des opportunités d’affaires. Selon le chef du gouvernement, l’investissement public représente 30% du PIB, soit 5% au-dessus de la moyenne mondiale. Ils représentent 56% de l’investissement national total, dépassant la moyenne mondiale de 20% et contribuant à 16% du PIB. En comparaison, l’investissement privé reste à des « niveaux faibles, ne dépassant pas 100 milliards de dirhams par an », a-t-il ajouté.
Le Chef du gouvernement s’est engagé au début de son mandat à accélérer le rythme de la croissance par l’investissement, qui jusqu’ici peine à décoller. Il a regretté que l’investissement privé soit faible non seulement en termes de taux d’investissement mais aussi en termes d’impact, car ces investissements vont à des secteurs à faible impact social et économique.
Les faibles résultats sont d’autant plus inquiétants compte tenu du potentiel humain, économique et logistique que possède le royaume, a déclaré Akhannouch. « Les résultats obtenus dans le domaine de l’investissement sont faibles même si on les compare aux pays qui font le même effort, voire moins. », a-t-il souligné.
Pour le Souverain, « il convient de lever les obstacles qui continuent d’entraver une relance effective de l’investissement national, sur tous les plans. » Pour corriger toutes ces imperfections, le Roi indique que « les Centres régionaux d’investissement (CRI) sont donc appelés à superviser l’intégralité du processus d’investissement et à en accroître l’efficience; ils sont également chargés d’assurer de meilleurs services d’accompagnement et d’encadrement au profit des porteurs de projets, jusqu’à leur concrétisation finale. »
Sur les résultats, le Souverain précise que malgré les résultats obtenus, « il reste beaucoup à accomplir pour libérer les énergies, tirer le meilleur parti des potentialités nationales, encourager l’initiative privée, drainer davantage d’investissements étrangers. » Cependant, les choix politiques opérés dans ce sens doivent être en convergence avec des stratégies politiques claires qui doivent s’adosser sur le Nouveau Modèle de Développement ou sur une autre stratégiebien définie afin de permettre un vrai décollage économique.