Investissements MRE : Un potentiel encore mal exploité

Malgré leur importance stratégique dans le développement économique du Maroc, l’implication des Marocains Résidant à l’Étranger dans la dynamique reste relativement faible et progresse à un rythme modéré. Ce phénomène est principalement attribué à une série d’obstacles structurels et institutionnels qui limitent leur capacité à investir efficacement dans l’économie du pays.

Dans son rapport intitulé « Un pilier national pour renforcer le développement durable et un lien civilisationnel entre le Maroc et le monde », l’Observatoire du Travail Gouvernemental (OTRAO) identifie plusieurs facteurs qui freinent l’engagement des Marocains Résidant à l’Étranger (MRE).

L’un des principaux obstacles réside dans l’absence d’une vision claire et structurée pour orienter les investissements des MRE. Le rapport met en lumière un phénomène préoccupant : moins de 10 % des transferts financiers envoyés par la diaspora sont consacrés à des projets productifs ou d’investissements à long terme. En revanche, environ 70 % des fonds sont utilisés pour l’achat de biens immobiliers et 60 % pour soutenir financièrement les familles restées au Maroc.

L’absence de structures dédiées limite l’engagement des MRE

Cette situation est en grande partie due à un manque de planification stratégique et d’outils adaptés pour diriger les flux financiers des MRE vers des secteurs jugés stratégiques tels que les technologies de pointe, l’industrie ou encore l’agriculture durable. En effet, le Maroc ne dispose pas encore d’une banque de projets centralisée, qui permettrait de regrouper et de présenter de manière claire et actualisée les opportunités d’investissements à travers le pays. L’absence de cette ressource clé empêche de nombreux MRE de se tourner vers des projets générateurs d’emplois et de valeur ajoutée, et les pousse à investir dans des secteurs traditionnels tels que l’immobilier, qui n’ont pas toujours un impact direct sur la croissance économique du pays à long terme.

La bureaucratie est un autre frein majeur qui limite l’engagement des MRE. Le rapport de l’OTRAGO souligne que les démarches administratives au Maroc sont souvent complexes, lentes et peu accessibles pour ceux qui vivent à l’étranger. Bien que des initiatives aient été lancées pour dématérialiser certaines démarches administratives, les infrastructures numériques restent encore insuffisantes pour répondre aux besoins spécifiques des MRE. La mise en place d’un guichet unique entièrement digitalisé, qui faciliterait l’accès à toutes les informations relatives aux investissements et aux démarches administratives, pourrait considérablement simplifier et accélérer les processus pour les MRE, les incitant ainsi à s’engager davantage dans le développement du pays.

Lire aussi : Mpox: l’OMS maintient son plus haut niveau d’alerte

En outre, l’absence de structures dédiées spécifiquement aux MRE dans les pays d’accueil constitue également un obstacle important. L’Observatoire déplore le manque de bureaux de représentation économique marocains à l’étranger, ce qui limite la communication sur les opportunités d’investissements disponibles au Maroc. Ces bureaux pourraient jouer un rôle fondamental dans la mise en relation des MRE avec les acteurs économiques et les projets innovants du pays.

De plus, les services consulaires marocains, bien que présents, souffrent d’un manque de ressources humaines et financières, rendant leur accès difficile et peu efficace pour de nombreux MRE. Cette situation génère un sentiment de frustration et de méfiance parmi la diaspora marocaine, qui peut percevoir l’administration marocaine comme un frein à ses projets d’investissement.

Réduire les obstacles à l’investissement des MRE

L’environnement économique du Maroc, jugé parfois peu incitatif, décourage de nombreux MRE. L’OTRAGO met en évidence l’absence d’incitations fiscales spécifiques pour encourager les MRE à investir dans des secteurs stratégiques, comme les énergies renouvelables ou les nouvelles technologies. L’absence de transparence dans certaines procédures administratives et les préoccupations concernant la corruption aggravent également ce sentiment de méfiance. Les MRE, déjà confrontés à des défis liés à la distance et à la bureaucratie, sont moins enclins à investir dans un environnement perçu comme opaque et peu favorable.

Pour remédier à cette situation et encourager une plus grande participation des MRE dans le développement économique du royaume, l’Observatoire propose plusieurs recommandations stratégiques. Premièrement, la création d’une banque de projets dédiée aux MRE serait un moyen efficace de centraliser les opportunités d’investissement et de faciliter leur accès. Un tel outil pourrait, selon l’OTRAGO, être accompagné d’un fonds de financement innovant, offrant des prêts à taux préférentiels et des garanties adaptées pour les investisseurs.

Le rapport préconise également de renforcer la numérisation des services administratifs afin que les MRE puissent gérer leurs investissements à distance, sans avoir à se déplacer. Cela inclurait la digitalisation des démarches liées aux projets d’investissement, mais aussi la création de plateformes dédiées à la consultation des opportunités économiques disponibles au Maroc. Ce type d’initiative serait un véritable levier pour faciliter l’engagement des MRE.

La mise en place de bureaux de représentation économique dans les pays d’accueil des MRE s’avère indispensable. Ces bureaux pourraient jouer un rôle d’intermédiaire entre les MRE et les opportunités d’investissements au Maroc, offrant ainsi une assistance directe et un accompagnement personnalisé aux investisseurs potentiels. Par ailleurs, la création de ces structures renforcerait la communication et la visibilité des projets et des politiques de développement économique marocaines à l’échelle internationale.

L’Observatoire recommande la mise en place de mesures fiscales incitatives, notamment pour les secteurs innovants comme les énergies renouvelables et la technologie, afin de rendre l’investissement plus attractif. En parallèle, une réforme en profondeur des services consulaires et des infrastructures d’accueil des MRE est nécessaire pour améliorer leur expérience et les encourager à participer activement à la prospérité économique du royaume.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page