Entretien exclusif- José Luis Rodriguez Zapatero : « La Méditerranée doit devenir un pont de paix et de développement »
À l’occasion de la 25ème édition du Festival Gnaoua Musique du Monde, l’ancien président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a accordé une interview exclusive à la rédaction de Maroc Diplomatique, lors de laquelle il a partagé ses réflexions sur divers sujets d’importance stratégique et culturelle. L’homme d’État espagnol a partagé sa vision sur des sujets allant de la candidature conjointe Maroc-Espagne-Portugal pour la Coupe du Monde 2030 aux défis méditerranéens, en passant par les implications futures du règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
À la question de l’importance de la candidature conjointe pour l’organisation de la Coupe du Monde 2030, José Luis Rodriguez Zapatero a loué cette initiative comme étant un symbole puissant de coopération entre trois nations aux riches cultures. « C’est une grande initiative que trois pays, trois pays de cultures aussi fortes que le Portugal, l’Espagne et le Maroc, se réunissent pour organiser une Coupe du Monde de football, un événement d’importance internationale, » a affirmé Zapatero. Il voit en cette candidature une démonstration de paix et de coexistence, valeurs essentielles que ces pays partagent et célèbrent. « Nous sommes des nations qui coexistent harmonieusement et qui ont des liens d’affection les unes avec les autres, » a-t-il ajouté.
Pour Zapatero, ce projet de Coupe du Monde doit aussi contribuer à une réflexion plus large sur la Méditerranée, actuellement marquée par les défis de l’immigration. « Nous avons besoin d’un grand débat historique sur la Méditerranée, qui est actuellement une frontière douloureuse. Je crois que ce projet serait très intéressant et positif, » a-t-il déclaré. Il appelle à transformer cette frontière de souffrance en un axe de coopération et de développement, en surmontant les préjugés et en régulant les flux migratoires.
Abordant le rôle du secteur culturel dans les relations entre le Maroc et l’Espagne, José Luis Rodriguez Zapatero a souligné l’importance primordiale de la culture comme ciment des relations humaines et diplomatiques. « Je pense que ce qui unit le plus les peuples, c’est la culture, la connaissance et le dialogue. À partir de cette base, se développent les relations commerciales, économiques, d’investissement et universitaires, » a-t-il expliqué. Pour lui, la culture est la base essentielle sur laquelle toutes les autres formes de coopération doivent se construire.
La position de l’Espagne sur le Sahara marocain
L’ancien président n’a pas manqué d’aborder la question du Sahara marocain et la position de l’Espagne. Il a rappelé le soutien constant de son pays au projet d’autonomie politique pour le Sahara, présenté par le Maroc. « La position de l’Espagne est rassurante, elle invite à voir un point final, un accord qui soit bon pour le peuple sahraoui, pour le Maroc et pour la région. L’accord est toujours la solution, » a-t-il réaffirmé.
Sur la montée de l’extrême droite en Europe et le rôle que l’Espagne pourrait jouer, notamment en soutien à l’Afrique, Zapatero a exprimé une vision optimiste. « Il est très important qu’un gouvernement comme celui-ci ait reconnu l’État de Palestine. C’est un plaidoyer pour la paix et la dignité du peuple palestinien, et cela aura des conséquences, » a-t-il souligné. En analysant les dynamiques politiques européennes, il a jeté une lumière sur la stabilité basée sur l’alliance entre le centre-droit et les socialistes. « L’Europe n’est pas aussi à droite qu’on le pense, » a-t-il insisté.
José Luis Rodriguez Zapatero a partagé son regard sur les 25 ans de règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en soulignant les perspectives de dialogue et de coopération entre l’Europe et le Maroc. Pour lui, ce règne a ouvert la voie à une coopération exemplaire entre les deux rives de la Méditerranée. « À long terme, l’Espagne et le Maroc devraient être un grand pont entre l’Europe et l’Afrique, surtout pour le développement de l’Afrique, pour surmonter la pauvreté et alléger le désespoir de tant de jeunes en Afrique, » a-t-il déclaré avec conviction.
