Journée mondiale de l’Habitat : le Maroc s’active face aux enjeux pressants du secteur
La forte demande en matière de logement, provoquée par une démographie exponentielle et une urbanisation fulgurante, exige des pouvoirs publics marocains de préparer davantage les territoires aux nouveaux flux urbains et d’intensifier les efforts de résorption du déficit en habitat.
« Combler le fossé. Ne laisser personne ni aucun lieu de côté » est le thème choisi cette année par les Nations Unies pour célébrer la Journée mondiale de l’habitat. Plus précisément, elle sera l’occasion de braquer les projecteurs sur l’inégalité croissante des conditions de vie dans le monde. A l’instar de la communauté internationale, le Maroc s’active face aux enjeux pressants du secteur, en engageant des politiques qui placent l’être humain au cœur des décisions. « Une avalanche de difficultés, du chaos climatique aux conflits en passant par la Covid-19, s’abat sur les populations, en particulier les plus vulnérables. Ces difficultés sont bien souvent exacerbées par une urbanisation rapide et non planifiée », a souligné le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, dans un message adressé à la communauté internationale à l’occasion de cette journée, célébrée le 1er lundi de chaque mois d’octobre.
« A l’heure actuelle, plus d’un milliard de personnes vivent dans des zones surpeuplées et dans des conditions de mal-logement », a relevé le chef de l’ONU, insistant sur la nécessité d’agir plus rapidement et d’investir davantage afin de fournir à tous et à toutes un logement abordable.
« Il est essentiel de créer des villes et des établissements humains ouverts à tous, sûrs, résilients et durables – et l’action locale est la clef », a-t-il suggéré, ajoutant que les villes et les collectivités peuvent ouvrir la voie à des solutions innovantes permettant de lutter contre les inégalités et de garantir un logement décent pour tous.
Au Maroc, en près d’un siècle le taux d’urbanisation est passé de moins de 10% à près de 64% en 2021 et dépassera probablement les 70% d’ici 2030, selon des données officielles. Progressivement, les espaces métropolitains sont devenus le cadre de vie de la majorité des Marocains et le lieu de concentration des richesses, mais également là où les inégalités socio-spatiales et les questions liées à l’inclusion sociale sont les plus visibles.
L’habitat contribue aussi au développement de l’économie dans sa globalité. Le secteur de la construction emploie près d’un million de personnes en moyenne annuellement. Par ailleurs, des réformes majeures visant la réduction du déficit en logement ont été mises en place, passant ainsi de 1.240.000 unités en 2002 à près de 368.300 unités en 2021, et améliorant les conditions de vie de plus de 1,5 million d’habitants.
Malgré ces résultats et face à une demande croissante en termes d’habitat estimée à plus de 2 millions d’unités, un changement de paradigmes et d’approches nécessitant l’engagement d’une réflexion partagée et consensuelle est attendu. Rien que le 16 septembre, le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville a lancé le Dialogue national de l’urbanisme et de l’habitat, « dans le but d’engager une réflexion en profondeur avec tous les acteurs institutionnels qui contribuent à produire l’espace urbain et rural, pour explorer les voies et moyens permettant d’opérer une transition significative vers un nouveau modèle de fabriquer la ville, de faire les territoires et de produire des espaces de vie décents et accessibles ».
Ce dialogue national, articulé autour de quatre grands axes (Planification urbaine et Gouvernance, Offre en logement, Appui au monde rural et réduction des disparités territoriales, Cadre bâti), a donné le ton à une série de concertations régionales qui ont démarré le 21 septembre. Toujours dans le cadre d’une approche participative, une plateforme a été mise en place pour permettre aux citoyens d’exprimer leurs suggestions et avis. La Journée mondiale de l’habitat est justement l’occasion de rappeler à la communauté internationale sa responsabilité collective dans l’avenir de l’habitat humain. C’est, d’ailleurs, par cette idée que le chef de l’ONU a conclu son message : « Engageons-nous à être à la hauteur de la responsabilité que nous avons les uns envers les autres ».
Avec MAP